Rachat de La Provence : Niel retrouve le droit d’agrément, et maintenant ?

En rétablissant le droit d’agrément au patron de Free, la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence rétablit le contexte initial, où Xavier Niel dispose d’un avantage sous forme de droit de véto qui redéfinit les contours du processus de vente des 89% de parts détenus par GBT. Et la suite des événements ne devrait pas manquer de sel, avec un conseil d’administration à venir où l’offre de CMA CGM sera examinée. Ce qui ouvre un large champ des possibles…
(Crédits : DR)

Dans l'entourage du patron de Free, on est content mais pas surpris. Car le rétablissement du droit d'agrément par la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence ce 7 avril était précisément ce qui était attendu par ce même entourage, lequel soulignait déjà au lendemain de la décision du tribunal de commerce de Marseille en janvier dernier, que celui-ci n'avait pas forcément su tenir compte du droit et plus précisément de la loi du 1 août 1986 dont l'article 4 stipule bien que « toute cession est soumise à l'agrément du conseil d'administration ou du conseil de surveillance ».

Retour à la case départ (ou presque)

Un tort en quelque sorte réparé qui surtout replace totalement le sujet du rachat des parts détenues par le Groupe Bernard Tapie dans un autre contexte, bien différent de celui qui depuis deux mois ne se concentrait que sur l'offre de l'autre candidat à la reprise, CMA CGM.

Certes le choix du tribunal de Bobigny de tenir uniquement compte de l'offre portée par le PDG de l'armateur basé à Marseille, Rodolphe Saadé a quelque peu eu tendance à faire en sorte que de nombreux acteurs du sujet en aient tiré (trop vite) conclusion. Finalement, près de deux mois après la décision du tribunal de commerce de Marseille, on en revient (presque) au point de départ. Avec donc, un avantage certain à Xavier Niel.

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La prochaine étape, c'est la tenue d'un conseil d'administration et l'étude de l'offre imaginée par CMA CGM. Une offre qui va être étudiée dans ses intérêts d'ordre social, éditorial et financier. Sur ce dernier point, on rappelle que le rapport Sécafi avait pointé la prise en compte dans la somme annoncée comme dédiée aux investissements, celle du prix de vente du siège social. A voir donc, exactement, ce qui relève de l'investissement pur et de ce qui relève d'un fléchage global.

Un champ... ouvert

Deux scénarios alors sont possibles. Soit l'offre est considérée comme tenant la route et est approuvée unanimement par les administrateurs. Dans l'entourage de Xavier Niel on laisse entendre que le patron de Free pourrait très bien conserver les 11% de parts déjà détenus et conserver par là-même ses droits importants d'actionnaire minoritaire. Xavier Niel qui pourrait tout autant décider de vendre ces mêmes 11%.

Soit l'offre de CMA CGM ne fait pas l'unanimité. Auquel cas, Xavier Niel présenterait alors une offre, soumise pour avis consultatif aux salariés. Qui devrait être approuvée de la même façon unanime par le conseil d'administration. Au passage, une nouvelle expertise pourrait bien être à nouveau demandée par le liquidateur. Car on n'imagine pas forcément celui qui est également propriétaire de Nice-Matin, proposer plus que les 20 millions d'euros déjà annoncés, étant donné que c'est aussi la somme définie par les précédentes expertises. Loin des 81 millions d'euros promis par Rodolphe Saadé.

Autre hypothèse, qui semble compliquée à l'heure actuelle étant donné le contexte, mais pas impossible pour autant, celle d'une association entre Xavier Niel et Rodolphe Saadé, qui réuniraient les moyens financiers et les visions.

Tout cela à replacer dans un contexte où le conseil d'administration, constitué de 5 administrateurs, est plutôt favorable à Xavier Niel. Outre Stéphane Tapie, siègent également les deux représentants d'Avenir Développement (qui représente les 11% détenus déjà par Xavier Niel) Anthony Maarek et Anne-Sophie Jahan, favorables donc au patron de Free. Siègent aussi Jean-Christophe Sarfati, l'actuel PDG et Virginie Layani, secrétaire générale du groupe qui remplace Franz-Olivier Giesbert, plutôt acquis à la cause Saadé.

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Nice-Matin et la question de la taille critique

La décision de la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence est aussi un camouflet pour CMA CGM, que d'aucuns voyaient déjà aux manettes. Rodolphe Saadé qui s'est beaucoup rendu au siège du journal pour continuer à convaincre les salariés, surcommuniquant en même temps, sur l'engouement de ces mêmes salariés pour l'offre qu'il porte...

Et puis, parce qu'on aurait aussi tendance à l'oublier, le rachat des 89% des parts détenus par GBT ne concerne pas uniquement La Provence et Corse Matin mais aussi Nice-Matin dont Xavier Niel est le propriétaire depuis 2020. Nice-Matin avec lequel un projet de rapprochement est prévu, incluant notamment celui d'une imprimerie commune. Nice-Matin qui subit aussi l'attente d'une finalisation du rachat pour participer à créer un groupe d'envergure régional, une taille critique comme on aime bien à le dire en économie. Reste que de dénouement rapide il n'est point certain, pour le moment.

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