Côte d’Azur : le spatial, cette filière éparse qui pèse 957 millions d’euros, en demande d’innovation

Avec Thales Alenia Space comme donneur d’ordre majeur et une myriade de TPE PME, le spatial constitue l’une des spécificités économiques des Alpes-Maritimes, davantage reconnu pourtant pour le tourisme ou les parfums. Une filière éparpillée qui pèse près de 960 millions d’euros et 5.806 salariés. Et qui, si elle est solidement ancrée, fait face à deux défis majeurs, ceux de l’accompagnement financier et de l’innovation.
(Crédits : SES)

Le spatial n'est pas, sur la Côte d'Azur, une « vieille » filière. Notamment comparée à celles qui portent son économie, le tourisme, l'industrie ou encore les parfums. C'est en 1960, à Cannes, que tout commence véritablement avec la structuration de celle que l'on appelle alors l'Aérospatiale. La création de l'Agence spatiale européenne en 1975 (ESA), donne au site une première commande d'envergure pour Meteosat. Un positionnement qui ne s'est jamais démenti depuis, l'Aerospatiale d'hier étant devenue, entre temps, Thales Alenia Space.

L'industrie manufacturière avant les services

TAS qui a forcément été la locomotive pour tout un secteur qui s'est forgé autour de cet acteur international. Aujourd'hui, le spatial génère, selon la CCI Nice Côte d'Azur qui lui consacré une étude, un chiffre d'affaires de 957 millions d'euros, emploie 5.806 salariés et concerne 70 entreprises, principalement petites et moyennes.

Une filière qui est encore assez éparse, même si elle s'est structurée autour de l'industrie manufacturière, des activités scientifiques et techniques, de la programmation et conseils scientifiques prioritairement. C'est d'ailleurs l'industrie manufacturière qui est la principe activité, puisqu'elle concentre 92% du chiffre d'affaires total et occupe la moitié des effectifs. Une industrie qui est composée de spécialistes de l'intégration des systèmes, de concepteurs de systèmes et de composants embarqués, de concepteurs d'instruments scientifiques ou encore fabricants de machines et équipement et qui réalise, à elle seule, 98% du chiffre d'affaires global.

Les services, l'autre pendant du secteur, concernent le conseil et l'assistance, la conception de logiciels, la télédétection, la cybersécurité, la surveillance, la télécommunication BtoB...

Une filière azuréenne présente sur 4 grands marchés, dont, à quasi égalité, les télécommunications et l'observation de la Terre, respectivement à 30% et 28%, suivi de la défense et de la sécurité, à 25% et de l'exploration et de la recherche spatiale à 17%.

Une filière internationale... qui interagit en local

Si elle est éclatée, la filière du spatial et sa myriade de PME sont, assez logiquement, exportatrices. Le spatial est un marché mondial et ce sont bien de grandes agences, les organismes de Défense, les gouvernements ou les grands groupes qui sont à l'initiative des projets et lancent les appels d'offres. Le tout alimenté aussi par le tissu industriel, très fortement investi, présent en Île-de-France ou en Occitanie, dans la zone de Toulouse. Mais la filière est également un écosystème qui interagit ensemble et les grands donneurs d'ordre disposent d'un tissu de sous-traitants en proximité, à 31% originaire de la région Sud, une autre large partie étant, encore une fois assez logiquement, installée en Europe ou ailleurs dans le monde.

Des freins et l'innovation en fait partie

Bien que performante, la filière spatiale connaît néanmoins des freins. Dont le premier est l'approvisionnement, le manque de sous-traitants de rang 2 et au-delà étant pointé notamment par l'étude menée auprès des acteurs du secteur par la CCI Nice Côte d'Azur. Pourtant, le manque ressenti de fournisseurs de composants et de machines et équipements n'est pas tant fidèle à la réalité du tissu, qui possède bel et bien ces compétences sur le territoire, compétences qui demeurent sans doute pas suffisamment connues des acteurs du spatial. Mais pour autant, ces mêmes industriels - eux aussi en recherche de leviers de croissance - semblent exprimer un intérêt pour le monde des étoiles et des satellites... Reste donc à créer les connexions intelligentes...

Autre point de freinage et non des moindres, c'est l'accompagnement au financement qui constitue un point de crispation. Le conseil en marketing aussi. Deux exemples qui tentent à prouver que le spatial se tourne vers l'extérieur, s'ouvre, veut mieux se faire connaître - et cela concerne aussi le sujet de l'attractivité des talents...

Mais c'est l'innovation qui demeure encore trop peu développée. Non pas qu'elle n'existe pas dans le secteur - on a assisté à une accélération sur le sujet au cours des dernières années, entre le new space et les projets vers la Lune notamment - mais il suffit de regarder comment se déroulent les stratégies d'innovation pour se rendre compte qu'elles se fixent majoritairement autour d'une R&D effectuée en interne, quand l'acquisition de brevets ne constitue un axe que pour 12%, ce qui est toujours plus que la croissance externe, une solution pour croître qui n'est regardée qu'à 9%.

Un état des lieux qui ne signifie pas pour autant que les entreprises ne sont pas conscientes de la nécessité d'innover, c'est même, dit encore l'étude menée par la CCI Nice Côte d'Azur, une « obligation » pour 25% d'entre elles. Restent ce qui empêche d'aller plus ou moins facilement vers l'innovation et c'est globalement le manque d'accompagnement financier, de ressources humaines, de partenariats justes et ciblés. Pourtant, innover c'est renforcer l'attractivité, la pérennité et la compétitivité. Dans le spatial comme ailleurs, de vraies valeurs cardinales...

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