« Le micro-crédit participe aussi à la relance » (Sébastien Chaze, ADIE)

Avec plus de 6 millions d’euros prêtés, l’association pour le droit à l’initiative économique a connu une année 2021 qui rejoint le niveau de 2019, porté par un rythme de créations d’entreprises soutenu. Tournée vers les populations éloignées des aides bancaires traditionnelles, elle prend toute sa place dans l’aide aux jeunes, notamment. Un levier de croissance pour les territoires, bien plus impactant qu’il n’y paraît.
(Crédits : DR)

Le micro-crédit est une vieille dame. Ou plutôt un vieux principe, né il y a plus de 30 ans, avec comme philosophie celle d'aider les porteurs de projets n'ayant pas accès au crédit bancaire traditionnel. Et le micro-crédit est au cœur de l'accompagnement que délivre l'ADIE. Et parce que justement il s'intéresse à des porteurs de projets regardant beaucoup la proximité, il prend toute sa place dans l'économie. Et dans la relance.

Le bilan 2021 de l'ADIE dans le Sud le montre particulièrement : 1.338 projets ont ainsi été financés, 1.025 exactement concernant un projet de création ou de développement de micro-entreprise. 2021 qui fait presque aussi bien que 2019, indique son directeur régional, Sébastien Chaze, avec un deuxième semestre qui a connu une accélération notable. Soit un dynamisme dans la création d'entreprise qui correspond bien à la tendance observée. Et Sébastien Chaze acquiesce : « il y a eu un effet soutien aux entreprises, en mode relance ».

Le micro-crédit, vrai choix

Relance, le maître-mot du monde économique depuis un peu plus de 12 mois et qui vaut, toutes façons d'accompagner confondues.

L'ADIE qui a aussi mis les moyens humains, renforçant ses équipes au niveau national, quand, dans le Sud, nouvelles antennes, mobile ou fixe, et bureaux supplémentaires (notamment un au sein de l'Epopée à Marseille) ont complété l'équipe déjà en place. Avec en ligne de mire, certes l'accompagnement des porteurs de projets, mais aussi et surtout la pérennité de ces entreprises micro-financées. On sait le cap réputé difficile des 3 ans d'existence... inscrire les entreprises dans la durée demeure, quoi qu'il en soit, l'objectif ultime.

Et l'un des buts de l'ADIE c'est de montrer que devenir entrepreneur en étant micro-financé n'a pas moins de valeur qu'un parcours considéré comme plus « classique ». « Nous devons combattre l'idée préconçue selon laquelle, on viendrait au micro-financement par défaut ou dépit », souligne Sébastien Chaze. « Alors que l'idée est, comme pour tout projet, de se réaliser, de prendre son destin en main ».

Dans le Sud, 41% des entrepreneurs aidés sont des femmes, 60% sont des travailleurs indépendants, 34% perçoivent un minima social et la moyenne d'âge est de 40 ans, preuve que l'entreprenariat en solo est souvent un choix de vie qui n'est pas le tout premier et vient après expérience.

Financer (aussi) la mobilité

Mais l'ADIE ne fait pas que financer la création ou reprise d'entreprise, elle aide aussi pour tout ce qui concerne le besoin de mobilité. Que cela soit pour contribuer à créer un emploi ou pour se maintenir en emploi salarié. Un volet moins connu mais qui participe tout autant au maintien de l'activité économique dans les territoires, souvent enclavés ou mal desservis. « Nous aidons à créer de l'emploi, ou à défaut, à ne pas perdre celui que l'on possède », précise Sébastien Chaze. Une aide mobilité qui contribue également à financer la transition entre un véhicule polluant et un véhicule non polluant. Un point plus important qu'il n'y paraît dans l'encouragement à la transition énergétique. Qui vient même combler un trou dans la raquette. Car comme le rappelle Sébastien Chaze, « les aides de l'Etat concernant généralement une population qui paye des impôts. Mais pour ceux qui ne sont pas dans cette situation, ce coup de pouce leur échappe ».

OM, CMA CGM... faire équipe avec les entreprises

Dans l'idée de mieux faire connaître le micro-crédit, l'ADIE s'est rapproché de marques capables de jouer un rôle d'influence. C'est avec l'équipe de foot emblématique de Marseille que l'association a constitué un duo pour un concept baptisé « Je monte ma boîte » qui permet aux porteurs de projets d'échanger avec des personnalités inspirantes.

Une sorte d'exemple vivant, assorti d'ateliers pratiques. Avec CMA CGM, c'est du mécénat de compétences qui est proposé, sur des thématiques digitales.

Des actions de sensibilisation qui donnent une autre ampleur au discours. Sébastien Chaze ne le cache pas, « nous réfléchissons pour 2022 à davantage d'actions de sensibilisation ». Et si possible en s'appuyant sur l'aura de grands groupes et d'entreprises locales, « cela permet d'avoir des liens directs ».

Autre dispositif sur lequel l'ADIE fonde beaucoup d'espoir est le dispositif capital jeunesse qui promet une aide financière de 3.000 euros dès la création du Kbis, pour les moins de 30 ans, accompagnés dans leurs projets. « S'il y a bien une année pour créer son entreprise, c'est en 2022 », plaide Sébastien Chaze. « Favoriser l'entreprenariat, cela a du sens à Marseille. Le fait que l'Etat accompagne par une aide directe et pas via une aide globale est assez nouveau », fait remarquer le directeur régional de l'ADIE PACA. Qui le redit, à l'ADIE on ne remplit pas de formulaire type. Mais le micro-financement doit encore combler son manque de notoriété, prioritairement auprès de ceux qu'il vise. « Depuis 30 ans, nous creusons le même sillon. Et ça a de l'impact », redit Sébastien Chaze, rappelant les 6,12 millions d'euros injectés en 2021 dans l'économie. Participant donc, bel et bien, en proximité, à la relance de la France.

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