Chômage des jeunes : quelles politiques publiques en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?

Garantie jeune, contrat aidé, parrainage, formation… Pour lutter contre le chômage des jeunes, Pôle Emploi et les missions locales portent, dans le cadre du plan national 1 jeune 1 solution, un arsenal de dispositifs. Et cela en apprenant de plus en plus à travailler ensemble, de même qu’avec le reste de l’écosystème : Région, structures de l’insertion et entreprises.
(Crédits : DR)

Troubles psychosociaux. Isolement. Pauvreté. Santé fragilisée. Le chômage des plus jeunes peut être lourd de conséquences. Et les confinements liés à l'épidémie de covid-19 l'ont amplifié, les suppressions d'emploi concernant en premier lieu jeunes et précaires.

Pour le résorber, le gouvernement décide de lancer au cours de l'été 2020 le plan 1 jeune 1 solution. Doté d'une enveloppe de 9 milliards d'euros, ce dispositif mobilise divers leviers afin de proposer, comme son nom l'indique, une solution à chaque jeune qui en aurait besoin.

Accompagnement à 360°

Parmi ces leviers, plusieurs dispositifs d'accompagnement dont le principal est la Garantie Jeune, lancée dès 2017 pour proposer à des jeunes de 16 à 25 ans sans emploi, sans formation et qui ne sont pas étudiants, un accompagnement vers l'emploi combinant suivi individuel, ateliers collectifs et immersions en entreprises. Avec le plan « 1 jeune 1 solution », l'ambition est de doubler le recours à cet outil. Ainsi, en Région Sud, ce sont 13.640 jeunes qui ont intégré ce dispositif en 2021.

S'ajoute à cet outil, le PACEA, Parcours d'Accompagnement contractualisé vers l'emploi et l'autonomie porté par les Missions locales, dont ont bénéficié 41.567 jeunes de la région en 2021, ou encore l'accompagnement intensif jeunes, porté par 124 conseillers Pôle Emploi, à destination de 18.525 jeunes.

Au travers de ces dispositifs, il est question d'aborder l'accompagnement de manière globale. « A la Mission locale, nous travaillons à lever tous les freins périphériques que sont la santé, les fractures familiales, ou encore la mobilité qui est un vrai sujet en Région Sud faute de transports en commun suffisants », explique Claude Fournet, président de l'association régionale des missions locales.

Et au-delà de l'acquisition de compétences professionnelles, l'accent est mis sur les savoir-être. « Les chefs d'entreprise peuvent s'occuper eux-mêmes de la formation à leur métier. Ce dont ils ont vraiment besoin, c'est d'avoir des jeunes qui respectent les règles élémentaires de la vie en entreprise », observe Claude Fournet

Incitations à l'embauche et alternance

Au-delà de l'accompagnement vers l'emploi que proposent ces outils, la lutte contre le chômage des jeunes passe aussi par l'incitation à l'embauche de ce public grâce à des outils comme les emplois francs (670 contrats acceptés en région en 2021) ou encore les primes à l'embauche de jeunes.

En outre, 4.000 places de formation ont été créées à destination des jeunes pour accroître leur employabilité, en particulier dans les métiers de tension que sont le transport, l'hôtellerie-restauration, l'animation socio-culturelle ou le bâtiment.

Autre levier majeur : l'alternance qui a connu une hausse considérable grâce à une série d'aides visant à l'encourager. Or, assure Pascal Blain, directeur régional de Pôle Emploi dans le Sud, « l'alternance est une voie royale pour l'accès à l'emploi puisqu'elle mène à l'emploi dans 70 à 80 % des cas ».

Un an après la mise en œuvre du plan 1 jeune 1 solution, le bilan s'avère, pour Pascal Blain et Claude Fournet, satisfaisant. En 2021, on comptait ainsi 55.022 chômeurs (catégories A et B) de moins de 25 ans, soit une baisse de 15,5 % sur un an. Si l'on inclut la catégorie C, le chiffre s'élève à 60.750, soit une baisse un peu moindre : -8,4%. Dans le même temps, 58.570 jeunes ont retrouvé un emploi, contre 56.000 en 2019.

Si la réduction du nombre d'inscrits à Pôle Emploi repose pour partie sur la conjoncture favorable du second semestre de 2021, « le plan 1 jeune 1 solution explique aussi une grande partie des résultats » pense Pascal Blain. De par la série de dispositifs utilisés, mais aussi par la manière dont ce plan a conduit divers acteurs à travailler en coopération.

Coopération entre acteurs de l'insertion et entreprises

« Le plan 1 jeune 1 solution a amené Pôle Emploi et les Missions locales à travailler sur des objectifs communs », analyse Pascal Blain. « Et si nous devons évidemment rendre des comptes à l'État, nous le devons aussi vis-à-vis des collectivités locales. Les élus sont d'ailleurs très soucieux des résultats concernant le chômage des jeunes ».

Avec parfois des politiques locales destinées à le combattre. Ce qui se traduit en Région Sud, par le dispositif « 1 jeune 1 parrain », initié par la Région et porté par Pôle Emploi. « C'est une autre façon très efficace de faire de l'accompagnement. Le parrainage fait naître une relation de confiance, porteuse d'espoir. Le jeune peut plus facilement faire des confidences qui peuvent permettre de mieux l'aider ». Depuis le début de l'opération, 2.000 parrains ont été impliqués. « Avec 70 % de retour à l'emploi » pointe Pascal Blain qui se félicite de voir que « les entreprises sont de plus en plus nombreuses à soutenir l'insertion des jeunes ».

Des entreprises qui sont d'ailleurs au cœur des stratégies de Pôle Emploi et de la Mission locale, qui cherchent de plus en plus à s'insérer dans le tissu économique local et à gagner la confiance des entreprises. Des partenaires qu'il faut, comme les jeunes, accompagner. D'autant qu'une majorité n'a pas les ressources (personnel RH par exemple) lui permettant de connaître et de se saisir des dispositifs facilitant l'embauche de jeunes.

Pourtant, une fois la connexion établie entre ces entreprises et les jeunes demandeurs d'emploi, les retombées sont souvent positives. « En 2021, les 15.000 entreprises partenaires de la Mission locale ont employé 34.000 jeunes », assure ainsi Claude Fournet.

Et cette stratégie de travail collectif implique aussi bon nombre de structures liées à l'insertion comme les Écoles de la Deuxième chance ou les Epide.

Cap sur le Contrat d'engagement jeune

Désormais, Pôle Emploi et les missions locales se préparent au lancement prévu pour le 1er mars du Contrat d'engagement jeune, nouvelle version de la Garantie jeune. « L'état d'esprit est le même, compare Claude Fournet, mais nous passerons plus d'heures avec le jeune qui aura un référent unique. Il s'agit d'un programme plus intensif avec plus de droits et de devoirs ».

400.000 jeunes devraient être concernés au niveau national. Dans le Sud, ce chiffre devrait avoisiner 35.000. La répartition exacte devrait être définie prochainement.

Autre défi : la détection des invisibles dont le nombre, par définition difficile à évaluer, semble, de l'avis de bon nombre d'acteurs associatifs et institutionnels, croître depuis l'épidémie de covid-19. « Il s'agit de jeunes qui ne sont inscrits ni à Pôle Emploi, ni dans les missions locales, ni nulle part », décrit Pascal Blain. « L'enjeu pour nous est de les capter. Si on y parvient, nous avons toute une gamme de services à leur proposer pour les amener vers l'emploi ». Et là aussi, la coopération pluri-acteurs s'avère essentielle.

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