« L’effort des industriels doit porter sur l’investissement » (Jean-Luc Chauvin, président CCI AMP)

L’industrie, pilier de l’économie d’Aix-Marseille, souvent critiquée pour ses activités considérées comme peu durables est pourtant engagée dans un mouvement de verdissement, bien antérieur à l’émergence des préoccupations environnementales. Sauf qu’il faut le faire savoir, plus fort et mieux, dit le président de la chambre de commerce et d’industrie d’Aix-Marseille Provence, invité du Forum Provence Zéro Carbone. Question d’attractivité en termes de compétences et d’implantations exogènes.
(Crédits : DR)

« L'industrie est dans l'ADN du monde économique provençal. J'aime bien le dire, 32 % des emplois du territoire sont liés à l'industrie, de façon directe ou indirecte » pointe Jean-Luc Chauvin. Aix-Marseille, son industrie voire ses industries, son image d'Epinal et ses projets très innovants mais encore très méconnus aussi. Un paradoxe. D'où la nécessité pour le secteur de mieux faire savoir.

« L'industrie durable c'est l'industrie qui a compris qu'il fallait prendre les préoccupations environnementales comme un facteur de développement du business. Nous avons une obligation impérieuse qui est de maintenir la qualité de vie pour maintenir l'attractivité. Pour autant, il faut transformer notre industrie, qui est dans l'histoire économique du territoire d'hier, qui est dans l'histoire économique du territoire aujourd'hui et j'en suis certain, qui sera dans l'histoire économique du territoire de demain ».

Pilier majeur de l'économie du territoire, ancrée et développée au fil du temps, l'industrie « n'est pas posée là par hasard. Elle est posée là parce que l'on est dans un territoire avec un emplacement géostratégique qui donne accès au monde. C'est le fait d'avoir un Port, d'être au bord de la mer, d'avoir la possibilité d'aller en Afrique, en Asie ou d'aller aux Etats-Unis. C'est la possibilité de remonter ici, en Europe, qui nous permet d'accueillir des matières brutes, de les transformer et de les faire repartir dans le monde entier ». Où on en revient donc aux atouts naturels, qu'il faut ex-ploi-ter.

Au cœur de l'innovation mondiale

Le président de l'institution consulaire qui tient à rappeler que l'industrie est dans tout, partout. Dans les objets du quotidien, même les plus simples. Une façon de remettre l'église au centre du village, de rappeler aussi que « l'industrie c'est la vie, car si pas d'industrie on n'a pas de table, pas de t-shirt, pas d'emballages, pas de téléphones... l'industrie c'est partout, tout le temps ».

Et de ré-appuyer sur ce temps d'avance acquis par l'industrie provençale qui a sa place à prendre dans ce que l'on appelle l'économie verte et l'économie bleue.

« Notre territoire est leader et pionnier, notamment sur l'énergie décarbonée, qui sont indispensables dans le process de production des entreprises. Ici, nous avons un mix énergétique, on développe des expérimentations, encore plus avec le solaire, nous fabriquons des énergies vertes. On a la capacité à travailler sur le nucléaire mais on est aussi, au cœur de l'innovation mondiale, de production de l'énergie avec de l'air, qui s'appelle Iter. 35 pays ont décidé ici, à Saint-Paul lez Durance, de créer l'expérimentation  d'une énergie inépuisable, renouvelable, verte. C'est Iter et c'est ici ».

On n'oubliera pas, sur le même sujet, le projet Masshylia, porté par TotalEnergies et Engie qui a fait de la raffinerie de La Mède, devenue entre-temps, bioraffinerie, un laboratoire d'expérimentation sur l'hydrogène vert.

Et tout cela entraîne des externalités positives. Notamment sur les compétences, qu'il faut attirer. « Quand on attire l'humain, on intéresse les entreprises » insiste Jean-Luc Chauvin.

Créer les conditions de l'industrie du futur

Prendre un « coup d'avance », c'est aussi tenter, faire la preuve.

C'est ce que fait Provence Grand Large qui porte une expérimentation - laquelle vient d'être signée par le Prefet - pour 3 éoliennes au large, avec en ligne de mire, en cas de succès, d'un potentiel de 40 éoliennes.

« On ne peut pas demander à l'industrie qui est la vie, de se transformer et d'être vertueuse si on ne lui donne pas les moyens d'énergie propre. Et là on ne peut pas dire que l'on ne veut plus d'industrie. Les industriels sont prêts à faire encore plus d'efforts. Le fait de transformer nos process industriels c'est affirmer que l'on est ici sur une place où il y aura de l'industrie du futur. L'effort doit se porter sur le coup d'après, c'est-à-dire l'investissement. Je le redis aux industriels tous les investissements qu'ils réalisent sont là pour créer de l'économie, de la richesse, de l'emploi ».

Jean-Luc Chauvin qui exhorte également au dialogue, à la concertation, à l'esprit d'équipe entre les industriels et les citoyens. Des industriels qui doivent sortir de leurs usines pour communiquer bien plus largement. Histoire d'éviter les dossiers bloqués ou retoqués, et on glisse le regard du côté de Satys. « Il faut, le plus vite possible, expliquer ce qu'est cette industrie de demain. En résumé, soit vous voulez être Kodak et vous allez disparaître, soit vous entrez dans l'innovation et vous avez un coup d'avance ».

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