Stress environnemental : quand l’étude du monde marin sert à l’homme

Changement climatique, transition écologique, santé… ce triptyque, mis en évidence par la pandémie, rebat les cartes de l’attention donnée à l’environnement dans toutes ses composantes. C’est aussi un sujet de recherche pour le LIA Ropse, le laboratoire international associé qui unit l’Université Côte d’Azur et le Centre scientifique de Monaco. Où l’étude des organismes marins rappelle qu’il est riche d’enseignements de ce qui est transposable en termes de comportements et de solutions à l’homme. Où l’économie est une donnée de base et la volonté politique, le levier indispensable, ainsi que l’explique sa co-directrice, Paola Furla.
(Crédits : DR)

La pandémie a mis en lumière, plus que ce qu'il était nécessaire, le lien entre le monde animal et l'homme, notamment lorsque le contexte environnemental est perturbé. Le sujet pourtant n'est pas nouveau chez les scientifiques. Peut-être, simplement, la crise doit leur permettre d'acquérir une écoute plus grande. Le sujet de l'observation du monde marin comme un écosystème capable de nourrir la réflexion sur l'homme, c'est le sujet de Paola Furla, enseignante chercheuse au sein du LIA Ropse, lequel étudie les réponses des organismes et populations face au stress environnemental en regardant le marin, le médical et l'humain et le social. Et les enseignements sont multiples.

Perturber n'est pas stresser

D'abord, comment définir le stress environnemental ? Difficile de jauger tant ce qui stresse l'un peut ne pas stresser l'autre. « Il faut faire la distinction entre perturbation et stress », prévient Paola Furla. « On peut vivre dans un milieu perturbé mais ne pas être stressé. Le stress, c'est quand le changement dépasse les capacités d'accoutumance au contexte. Le stress n'est pas universel, il dépend des individus, des espèces. Du moment où on arrive à ne pas subir de dommages, ce n'est pas un stress. Dès que l'impact est physique, neurologique ou psychique, il y a stress ».

Les intempéries, le changement climatique... stressent-ils au point de véritablement prendre en compte les modifications induites ou est-ce que finalement, sommes-nous encore dans le « après nous le déluge » ? « On sait qu'il faut être face au changement climatique pour le réaliser et l'accepter », fait remarquer Paola Furla. Un climat qui se réchauffe, perd ses repères... voit l'émergence de bactéries infectieuses, de prédateurs qui arrivent sur nos côtes et bouleversent les écosystèmes.

D'où l'intérêt de la recherche, de son regard qui permet non pas d'être dans le réactif mais dans le préventif voire le prédictif. Paola Furla l'encourage, « il faut mettre en avant la recherche. Nous travaillons sur ces sujets pour éviter, comprendre et appréhender ». Un travail de fourmi, un travail de l'ombre qui tend à faire le lien entre le déclin de la biodiversité, le changement du climat et l'émergence de pathologies. « Nous allons d'un questionnement très naturaliste à un questionnement de santé humaine ».

L'animal, meilleur ami de l'homme

Au sein du laboratoire, sa co-directrice travaille notamment sur les coraux. « J'étudie un modèle qui vit bien, qui sait vivre dans des conditions stressantes et qui produit beaucoup d'oxygène donc des radicaux libres (qui engendrent le vieillissement NDLR) ». Un modèle « parfait » pour le transposer à l'homme. Et Paola Furla le dit bien, à l'avenir il faudra sortir des sentiers battus, les animaux pouvant aider à résoudre certaines maladies humaines. « Je travaille sur des modèles qui vivent en symbiose, d'un côté le végétal et de l'autre l'animal, l'objectif étant de comprendre comment l'animal arrive à coopérer avec le végétal, qu'est ce qui provoque la rupture de la symbiose, à cause d'un événement climatique. Si nous arrivons à comprendre comment ces animaux collaborent, si nous arrivons à mettre en évidence des mécanismes de résistance, le but est alors de considérer si nous pouvons les transposer à l'humain ».

Dans le contexte de meilleure prise en compte de l'environnement, la défense du milieu marin - on focalise par exemple beaucoup sur le plastique - est-elle un moyen d'aller plus vite sur les changements de comportement ? « Cette prise de conscience est beaucoup liée à l'économie. La société prend conscience des problèmes environnementaux et pousse l'industrie, l'économie à trouver des solutions les moins impactantes possibles ».

L'enjeu sociétal, levier pour aller vite

Une expérimentation est par exemple menée avec Sofia Cosmétiques, qui fabrique des crèmes solaires green, pour que la marque produise, précisément, des produits toujours moins impactants, lesquels sont testés sur les modèles du laboratoire. Ici, la demande du consommateur d'une crème ayant le minimum d'impact possible pousse à créer la réponse au besoin. « La prise de conscience sociétale aide », reconnaît Paola Furla.

Et pour aller vite - car on a bien compris que le temps est compté - la volonté politique est primordiale. Ce qui signifie prendre des décisions plus radicales. Qu'il faut rendre acceptables. « Il faut expliquer les prises de décisions et il ne faut pas que ça coûte. Il faut parfois une aide pour accompagner le changement ».

La technologie doit aider à cette accélération, « elle permet de vraies avancéesMais, il faut aussi lui laisser le temps de nous aider ».

Et quand certains chercheurs appellent à la désinnovation, Paola Furla, elle, appelle à prendre l'exact contre-pied et « à ne surtout pas désinnover ». De quelque façon que ce soit.

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