Accompagnement de l’innovation : “Le pas franchi en dix ans sur le territoire azuréen est exceptionnel” (G. Dao)

Pionnière dans l’accompagnement des entreprises innovantes, l’association BA06, basée sur la Côte d’Azur, tire sa révérence après dix ans de bons et loyaux services qui ont contribué à combler des trous dans la raquette, de l’accompagnement des jeunes pousses au financement de l’amorçage, et laisse un territoire changé où l’entrepreneuriat innovant, désormais bien ancré, doit relever un nouveau challenge, celui du développement.
(Crédits : DR)

Il fut un temps, pas si lointain, une décennie à peine, où l'accompagnement des entreprises innovantes sur la Côte d'Azur n'étaient pas. Ou si peu. Où les fonds d'investissement ne venaient pas. Ou si peu. Trop de palmiers, trop de soleil, le cliché tenace d'un département oisif, exclusivement tourné vers le tourisme et le service, alors même qu'il abritait la première technopole d'Europe. Paradoxal ? Pas tant que cela, si l'on en croit Georges Dao. "A cette époque, le territoire pâtissait d'un véritable manque de culture entrepreneuriale. Pour beaucoup, il était ancré que ceux qui innovaient étaient les chercheurs, pas les entrepreneurs", se souvient le fondateur et figure de proue de Business Accelerator (BA) 06 Association, spécialisée dans l'accompagnement de l'innovation, qui vient de tirer sa révérence après dix ans de bons et loyaux services.

Il faut dire qu'en une décennie, un pas de géant a été franchi. A la poignée d'entités qui accompagnaient les jeunes pousses azuréennes à la fin des années 2000, parmi lesquels le Réseau Entreprendre, l'Incubateur Paca Est et les Sophia Business Angels, s'est depuis ajoutée une trentaine de structures - publiques, associatives ou privées - et des milliers de m² d'hébergement répartis à l'Est comme à l'Ouest du territoire azuréen. Lequel recense aujourd'hui, selon l'observatoire Sirius de la CCI Nice Côte d'Azur dans une publication datée de mai 2021, 492 entreprises dites innovantes, représentant 28 991 emplois pour 11 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Plus de la moitié d'entre elles (55%) font partie d'un pôle de compétitivité, une sur cinq (21%) ont déposé un brevet dans les cinq dernières années et on chiffre à 42 le nombre de start-ups qui ont réalisé une levée de fonds depuis 2015.

La bascule

"La bascule a eu lieu entre 2011 et 2013, et je pense qu'on y a fortement contribué", reprend Georges Dao. En 2011, l'ex-dirigeant de l'entreprise de BTP Cari (aujourd'hui Fayat) lance, en tant que président de la commission Développement économique durable de l'UPE 06, ère Yvon Grosso, le premier BA Event, événement qui visait et vise toujours - puisqu'il est désormais organisé par le groupe sophipolitain Datacorp - à réunir en un même lieu, en un même jour, start-ups, investisseurs et donneurs d'ordres. En 9 ans, ce ne sont pas moins de 408 entreprises innovantes qui ont ainsi eu accès à 250 donneurs d'ordres, 200 investisseurs et une centaine d'experts. En 2012, c'est BA Accompagnement qui voit le jour, histoire d'apprendre aux porteurs de projet à se présenter de manière synthétique - le fameux pitch - et à adapter leur discours à leur interlocuteur. "On partait de loin, certains se retrouvaient à demander à de potentiels clients d'investir dans leur boite", se remémore-t-il.

En 2013, c'est au financement qu'il s'attaque, avec la création du FCPR FE 06, premier fonds d'amorçage azuréen. L'organisation patronale, deux banques et 40 entrepreneurs locaux y souscrivent pour un montant de 1,9 M€ investi dans dix start-ups. Avec plus ou moins de réussite. "Le bilan n'est pas forcément positif pour les investisseurs, c'est le risque de l'amorçage, mais il l'est assurément du point de vue entrepreneurial", avance-t-il, arguant des 174 emplois créés, et surtout de "la venue de dix co-investisseurs qui ont découvert là le territoire". Autrement dit, les Alpes-Maritimes entrent enfin dans le radar des financiers. Ainsi le terreau azuréen prend-il forme, consolidé dès 2014 par le lancement du mouvement French Tech pour lequel "BA 06, alors seul accélérateur du territoire, a été un facteur fort de labellisation".

Vendre plutôt que lever

"Il ne faut pas confondre le moyen avec la finalité. L'association n'était qu'un moyen, l'objectif était de créer des mouvements qui persistent et à cet égard, c'est gagné. L'écosystème s'est rassemblé", souligne Georges Dao. Toutefois, "si la nécessité n'est plus criante", il reste tout de même quelques trous dans la raquette. "Nous sommes un territoire tourné vers la communication au point d'en oublier le but principal de toute entreprise, celui de vendre, observe-t-il. Or si la France est un pays d'ingénieurs, il lui manque de vrais commerciaux. Les études de marchés, c'est bien mais ce n'est pas une finalité en soi. Même remarque concernant les pitches. L'idée n'est pas de paraître beau mais de faire passer des messages parmi lesquels la valeur ajoutée client doit primer. Or c'est un langage qui ne passe pas. Les start-ups préfèrent souvent à ce travail commercial celui de la création, de la techno". Pour Georges Dao, il s'agit donc désormais, en termes d'accompagnement, de passer à l'étage supérieur, celui du développement, "et cela passe obligatoirement par du management, de la mise en place de process..." Quant à l'innovation en elle-même, elle aussi doit évoluer et se renouveler. A cet égard, "il faut regarder du côté des créatrices. On y voit de nouvelles choses. C'est assez récent et déjà prometteur".

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