Transformons la France : Nice Côte d’Azur, modèle européen ?

Laboratoire d’innovation mais surtout métropole qui revendique être verte et d’envergure méditerranéenne, Nice Côte d’Azur est déjà engagée dans la relance, les 2,5 milliards d’euros du contrat signé il y a quelques semaines, apportant le carburant nécessaire pour accélérer les projets déjà dessinés. Mais pour Christian Estrosi, il faut aller plus loin dans le soutien à l’innovation, startups et PME comprises, et retrouver une industrie conquérante. Un point de vue et des souhaits évoqués lors de l’émission Transformons la France » que La Tribune a organisé le 4 juin, en direct de l’aéroport Nice Côte d’Azur.
(Crédits : DR)

« Transformer la France, c'est un terme approprié et ici, on se l'approprie », affirme Christian Estrosi. Le président de la métropole Nice Côte d'Azur le dit, « la relance économique est un enjeu essentiel et l'emploi un enjeu majeur. Ces 15 derniers mois nous avons mesuré de profonds changements, dans les raisonnements, dans l'administration des collectivités comme des grandes entreprises, qui nous font penser que là où il y a encore un an on estimait qu'à 10 ans, il y aurait à peu près 10% de métiers qui disparaîtraient et 10% de métiers nouveaux qui émergeraient, en réalité, il faut saisir aussi l'opportunité et l'expérience qui vient de se passer pour accélérer le mouvement et requalifier ceux qui doivent l'être pour rentrer dans ces nouveaux métiers ».

La reprise, réalité concrète

Alors que le pays - et les entreprises - retrouvent, peu à peu, une vie déconfinée, les signaux faibles et forts envoyés par l'économie sont-ils rassurants ? Indéniablement, affirme Christian Estrosi. « Ce n'est pas parce que l'aéroport a été vide que nous avons été inquiets pour l'avenir. Il y avait 8 millions de passagers par an lorsque j'ai été élu à la tête de la Ville de Nice en 2008, au 31 décembre 2019, il y en avait 15 millions, on avait quasiment doublé et que nous avions un objectif à 2025-2026 d'être à 18-19 millions de passagers par an. Je reste convaincu que même si nous avons perdu 70% des fréquentations de l'aéroport pour cause de Covid fermeture des lignes internationales, nous pouvons continuer à croire à cet objectif à 2025 car je crois que nous ressortons de cette crise sanitaire renforcés sur l'attractivité de notre territoire et nous le voyons bien dans les contacts qui sont pris ». Et le meilleur indicateur, ce sont les grues et chantiers qui fleurissent le ciel niçois. Principal bénéficiaire, le secteur de l'hôtellerie n'a pas ralenti et encore moins annulé les projets engagés, dont ceux qui vont fortifier le parc des chambres, passant à horizon fin 2022 - début 2023, de 5 500 chambres à 8 500 chambres, principalement 4 étoiles luxe ou de 5 étoiles Palace. « Si ces investisseurs-là n'ont pas baissé la voilure et ont continué à tenir bon c'est parce qu'ils ont compris, qu'avec tout ce qu'il s'est passé, cela ne pouvait que renforcer l'attractivité de notre ville », analyse Christian Estrosi.

Le contrat de relance, plutôt contrat d'accélération

Doté de 2,5 milliards d'euros, le contrat de relance permet à Nice Côte d'Azur d'aller plus vite sur certains dossiers, notamment en termes de transport et de transition énergétique.

On le sait, la métropole s'est immédiatement penchée sur le contrat de relance, dès l'annonce de l'Etat. Un travail dès premiers jours pour être parmi les territoires les plus vite accompagnés. Mais Christian Estrosi pointe aussi que d'autres territoires n'ont pas saisi l'opportunité. « Je suis triste pour mon pays de voir qu'il y a des territoires qui, à l'issue des Municipales, ont fait le choix de la décroissance - on peut parler de Bordeaux, de Montpellier, de Marseille, de Lyon, de Strasbourg, de Grenoble. Il se trouve que le Plan de relance que le gouvernement avec l'Union européenne a arrêté - de 100 milliards d'euros, 60 milliards d'euros pour le gouvernement français, 40 milliards d'euros pour Bruxelles - naturellement n'est pas un plan de relance qui s'adresse à des projets qui découlent de la décroissance puisqu'il repose sur la cohésion sociale, sur la compétitivité, sur la transition écologique. Comme tous ces territoires ne sont pas candidats, cela a laissé plus de disponibilités au dossier niçois et de notre métropole qui était déjà prêt ce qui nous a permis de signer avec Jean Castex un plan de relance de 2,5 milliards euros qui doivent être ou consommés, ou engagés dans un délai de moins de trois ans. C'est-à-dire que les projets que nous avions programmés à six ans ou à sept ans vont pouvoir être réalisés tout de suite ». Clairement donc, la relance peut aussi être synonyme d'accélérateur de croissance.

Nice, un modèle à suivre ?

Être une métropole verte, concilier écologie et économie, est-ce une stratégie bien perçue autant par le concitoyen que par les investisseurs ?

« Lorsque, en 2008, je me suis présenté devant les Niçois, mon programme c'était Nice ville verte de la Méditerranée. Ce n'était alors pas à la mode du tout. En 2014, pareil. Entre temps nous avions rasé une gare routière sur 12 hectares pour faire une Coulée verte. Et lancé l'OIN dans la Plaine du Var là où des industries liées à tout cela, se sont installées et où s'installe des écoles de renom, Centrale à la rentrée, l'école Isart, tournée vers la création numérique, Simplon, l'Ecole Lumière, l'Edhec, première école de finances au monde. Ce pari de devenir, au-delà du tourisme, une ville industrielle, nous l'avons réussi sur les éco-industries. Nous développons cette industrie sur notre territoire. Oui, l'écologie se positionne au service de l'économie et c'est la création de milliers d'emplois aujourd'hui, qui vont remplacer des emplois qui vont disparaître ».

Quel territoire à 5 ans ?

Si on sait qu'il est compliqué, délicat de se projeter désormais, loin dans le temps, pour autant, quelle vision avoir du territoire ? Qu'est-ce que le terrain envoie comme signaux ? Quelle analyse doit être faite pour en tirer un plan de conquête ? Pour le président de la métropole, « la France doit investir sur l'innovation. Le seul facteur de croissance pour attirer du PIB dans un pays qui en manque, c'est l'innovation. Nous avons perdu dans notre pays, ces dernières années, beaucoup trop d'industries de pointe. On s'est fait dépasser dans le nucléaire civil alors que l'on était la première puissance au monde, que l'on arrosait tous les marchés. Maintenant on se tourne vers le Japon, les Etats-Unis, vers d'auters... c'est un échec. Concernant l'industrie automobile, si on reste de par nos marques, l'un des plus grands constructeurs au monde, quand j'apprends que la DS9 va être produite en Chine pour être vendue en France, ça ne m'enthousiasme pas. Je veux bien que l'on produise des automobiles en Chine mais pour le marché chinois. Dans l'industrie pharmaceutique, nous étions l'une des trois industries au monde, on voit bien qu'aujourd'hui avec la crise sanitaire, que nous n'avons pas été à la hauteur ». Certes, d'autres secteurs permettent à la France de demeurer compétitive, tels le BTP ou l'environnement. Mais Christian Estrosi insiste encore, des efforts doivent être absolument consentis sur deux sujets en particulier : les jeunes entreprises innovantes et ces PME qui ont tous les atouts pour devenir ces Entreprises de taille intermédiaire, tant désirées.

« Je voudrais maintenant que l'on s'attelle à un sujet majeur de passer d'un échelon à un autre : les startups, où il faut absolument que la France dispose de plus de licornes, et les ETI, dont nous manquons. Il faut que nous mettions en place des mécanismes d'incitation pour que les PME passent au stade d'ETI pour rejoindre le modèle allemand, qui, il faut le dire, au niveau industriel, est en Europe le modèle de référence. Je veux croire qu'il y aura une aubaine importante qui permettra à notre pays de rebondir au plan économique ».

Replay complet de l'émission : https://www.youtube.com/watch?v=aEwLoHh9g1c&t=3949s

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