Comment Pepite parvient à pérenniser les entreprises étudiantes

DOSSIER - EPISODE 2 – Mycophyto et sa technologie de pointe au service de la fertilité des sols, Clever Beauty et ses vernis à ongle écoresponsables, l’agence Nocta qui rayonne à l’international… Ces trois entreprises installées dans le Sud ont un point commun : avoir été accompagnées par Pepite. Un accompagnement décisif pour la plupart, qui leur a permis de grandir plus vite, générant de l’emploi et des revenus sur le territoire.
(Crédits : DR)

Bien implantée au sein du Technopôle de l'Arbois à Aix-en-Provence, Clever Beauty s'est fait une place sur le marché des vernis à ongles grâce à son positionnement mêlant innovation et éco-responsabilité. Sur le fond comme sur la forme, puisque son vernis, composé de solvants naturels, est contenu dans un flacon en verre muni d'un bouchon anti-gaspillage.

Après le vernis, l'entreprise aixoise entend se lancer dans le maquillage. Une levée de fonds de 700 000 euros est en cours. Son équipe se compose de six personnes dont deux stagiaires et deux alternants. Un développement que Maëva Bentitallah, la fondatrice, aurait difficilement pu envisager si elle n'était pas passée par le dispositif Pepite qui a joué le rôle de révélateur.

« L'idée de ce vernis me trottait dans la tête depuis un bout de temps. J'ai connu le dispositif Pepite quand j'étais à Orléans ». C'est dans ce cadre qu'elle participe à un concours organisé par Pepite Centre Val de Loire : Créa campus. « Je me suis dit que si je gagnais, c'est qu'il y avait quelque chose à faire et que je pouvais me lancer. Sinon, j'acceptais le CDI qui m'était proposé ».

Elle gagne, puis rejoint le Sud où elle s'inscrit au programme d'accompagnement de Pepite Provence, bénéficiant pendant un an de cours qui lui permettent d'aborder l'entrepreneuriat sous tous les angles.

Des concours pour s'initier à l'entrepreneuriat et se découvrir

Les concours sont très présents au sein de Pepite. Certains sont portés au niveau national, d'autres par les pôles locaux. Et ils sont pour beaucoup un premier pas dans le dispositif. Une sorte de vitrine pour s'initier à la démarche entrepreneuriale et pour se tester.

Laurianne Courbet, qui est actuellement étudiante-entrepreneure au sein d'Aix-Marseille Université, a connu le dispositif grâce au concours « 36 heures chrono ». Proposé par Pepite Provence, ce challenge permet aux étudiants d'aborder en un temps limité tous les aspects de la création d'entreprise, du business-plan aux études de marché en passant par le calcul de rentabilité ou encore l'identité de l'entreprise.

C'est un autre concours, organisé quant à lui par le MIT, qui la pousse à réfléchir à une première solution contre les punaises de lit. « A ce moment-là, la problématique n'était pas vraiment résolue. Alors j'ai repris l'idée avec une autre méthode mais j'avais besoin d'être aidée ». C'est alors qu'elle se tourne vers Pepite Provence.

Un cocon protecteur et constructif

Une fois le statut d'étudiant entrepreneur obtenu, les étudiants disposent de plusieurs avantages et services.

« Un des gros apports, c'est d'être dispensé de stage en entreprise et de pouvoir à la place se consacrer à son projet », observe Tanguy Hugues qui a été étudiant entrepreneur en amont de la création de Pepite Sud-Est.  Son entreprise à lui, c'est une agence de communication généraliste baptisée Nocta, présente à l'international.

« J'avais 18 ans quand je l'ai créée. J'ai rejoint Pepite un an après mon bac ». Son accompagnement dure jusqu'à la fin de son master. Il est épaulé notamment par l'incubateur Paca Est avec « un programme de travail régulier » et dispose d'un hébergement sur un campus niçois.

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« Il faut imaginer. Vous avez 19-20 ans. Vous avez un bureau où vous pouvez recevoir vos clients. Et dans chaque bureau autour de vous, il y a quelqu'un qui est expert dans son domaine, qui peut vous rassurer, vous aider à vous renforcer sur vos points faibles, et avec qui vous créez des liens. Il y a aussi d'autres entreprises avec des innovations différentes, qui peuvent être de potentiels clients, avec qui on peut échanger, sur les expériences et sur les ratés. Sans parler de la formation qui nous est proposée et de tous les événements qui se déroulent dans le même bâtiment ».

Intégration à l'écosystème entrepreneurial local

L'accompagnement proposé par Pepite veille à porter à la fois sur les technologies propres à chaque projet et sur l'aspect entrepreneurial. D'où la mise en place d'un double tutorat, qui sert également à ouvrir aux étudiants les portes de l'écosystème local. « C'est grâce à Pepite que j'ai pu entrer au Technopole de l'Arbois », assure ainsi la fondatrice de Clever Beauty.

Laurianne Courbet bénéficie quant à elle du réseau de sa tutrice qui travaille dans un incubateur.

Les rencontres se font également lors des cours proposés dans le cadre des formations Pepite. Des cours assurés par des professionnels.

Un réseau se construit également entre étudiants entrepreneurs. « Malgré les cours en distanciel, on parle de nos projets entre nous, on se donne des conseils. Nous avons un groupe Whatsapp où on peut partager un problème et très vite, on a bien trois personnes qui nous répondent », constate Laurianne Courbet.

Des liens qui semblent survivre à la sortie du dispositif. « Un étudiant entrepreneur qui faisait partie de la promotion qui suit la mienne est devenu investisseur dans mon entreprise », se réjouit Maëva Bentitallah.

Un accompagnement parfois décisif

Réseau, accompagnement, hébergement... autant d'ingrédients qui facilitent le développement d'entreprises pérennes. « Sans Pepite, je n'aurais peut-être pas créé Clever Beauty », pense Maëva Bentitallah.

« L'entrepreneuriat étudiant a été décisif pour moi », assure de son côté le dirigeant de l'agence Nocta. « Sans ces programmes et les personnes que j'y ai rencontrées, mon activité n'aurait pas été la même. J'étais un jeune homme timide. J'ai appris des méthodes, des outils pour gagner en aisance. J'ai appris à exister devant un public ».

Pour Mycophyto - qui s'est imposée dans le domaine des deeptech avec sa solution de bio-stimulation des sols agricoles - Pepite a enclenché une dynamique. Après avoir été lauréate du premier prix de la création d'entreprises de la fondation de l'université Côte d'Azur (porté par les services de Pepite Sud-Est), Justine Lipuma, sa fondatrice, n'a cessé d'enchaîner les distinctions et récompenses. « Dans un premier temps, j'ai obtenu 20.000 euros qui m'ont permis de sécuriser la propriété intellectuelle et de procéder aux premiers recrutements. L'année suivante, en 2019, nous avons accéléré avec le prix i-Lab ». Une mise en lumière qui lui permet de lever 1,4 million d'euros dans la foulée. « Pepite a permis de structurer le projet et de déposer un premier dossier qui a posé les bases des suivants. Cela m'a beaucoup aidé pour Ilab, d'autant qu'en étant étudiant entrepreneur, on peut déposer deux dossiers au lieu d'un ».

Des réussites qui génèrent emploi, activité et attractivité

Aujourd'hui, Mycophyto est composée d'une équipe de 10 personnes. Une nouvelle levée de fonds est prévue en fin d'année pour accélérer le développement industriel et commercial. Objectif : 7 millions d'euros qui devraient permettre de doubler l'effectif.

L'agence Nocta est quant à elle en « forte croissance chaque année ». Ses clients sont internationaux. « Nous sommes présents dans 33 pays et travaillons pour des laboratoires cosmétiques, des ONG, des centres commerciaux, des industries pharmaceutiques, des entreprises du BTP... » Mais aussi des acteurs de l'écosystème local. La société compte entre 5 et 6 salariés.

Des sources d'inspiration pour les étudiants

Au-delà de créer de l'emploi et de l'activité sur le territoire, ces entrepreneurs sont souvent désireux de s'impliquer auprès des jeunes qui empruntent à leur tour le chemin de l'entrepreneuriat étudiant.

Justine Lipuma fait partie de la Tribu de Bpifrance, une communauté autour des deeptech. Elle intervient pour aider ceux qui déposent des dossiers pour le concours i-Lab ou auprès d'incubateurs.

Tanguy Hugues est lui aussi très investi dans son écosystème. « J'occupe des fonctions dans des associations professionnelles, pour le développement du micro-crédit. Je fais de l'animation dans des ateliers de formation pour étudiants entrepreneurs ».

A leur contact, il observe une envie d'entreprendre de plus en plus présente. Parfois avec des idées reçues qu'il essaie de combattre. « Certains baignent dans le mythe de la startup nation et pensent que les idées suffiront à convaincre les investisseurs. Mais il faut des preuves de concept, des mises sur le marché ».

Du travail en somme. Ce petit truc en plus indispensable qui permet à l'accompagnement de donner naissance à des entreprises solides. Des pépites qui montreront la voie, sans pour autant masquer leurs échecs. Bien loin des mythes.

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