Jean-Michel Arnaud – Palais des Festivals : « La raison d’être, ce n’est pas de la com, c’est une stratégie »

Il l’avait annoncé dans les colonnes de La Tribune il y a un peu moins d’un an. Après l’étape brainstorming nécessaire, la volonté du président de la SEMEC, la société d’économie mixte qui gère la structure cannoise, d’en faire un palais à mission a dépassé l’étape de projet pour devenir une réalité. Une démarche qui fait totalement partie d’un large plan de conquête plus que de relance. Où il est question d’appuyer encore plus, et de différentes façons, sur la notion de différenciation.
(Crédits : DR)

Jean-Michel Arnaud a, ce que l'on pourrait appeler, de la suite dans les idées. Ou tout au moins, une vision. Il faut dire que le président du Palais des Festivals s'y connaît en stratégie et en conseil aux entreprises. Serial-entrepreneur - c'est lui qui le dit - ou plutôt entrepreneur multi-casquettes, il bénéficie aussi d'une expérience dans les médias - particulièrement pour Metro dont il a assuré le lancement en France et en Europe au début des années 2000 - avant de créer sa propre société.

Un président au regard acéré donc, habitué à sentir et ressentir comment tournent le vent et les tendances. Fort utile, encore plus après un temps de crise tel que le monde l'a vécu au cours des douze derniers mois.

Plus différencié après qu'avant

Fortement ébranlé par la crise sanitaire qui l'a mis à l'arrêt ou quasi durant la période de confinement, le bras armé économique de la Cité des festivals en a profité pour repenser stratégie et axes de croissance. « Nous voulions sortir de la crise de façon plus différencié », dit Jean-Michel Arnaud. « Accueil, sécurité, digital, RSE... nous voulions faire en sorte que lorsque la relance sera là, l'offre du Palais soit encore meilleure qu'avant ». Pour y travailler, un groupe, baptisé Cannes Résilience a été constitué. Les clients - Reed Midem, TWA, le Festival du Film - ont bien sûr été consulté, individuellement, afin de consolider relations, contrats et envie de développement futur. Les socio-professionnels - embarqués depuis de longues années dans les réflexions stratégiques ont également apporté leur vision et besoins « La vocation du Palais est de valoriser la destination », rappelle Jean-Michel Arnaud. Tourisme de loisirs et tourisme d'affaires ont donc été au menu. « Nous avons dessiné, affiné la notion d'accueil selon le type de tourisme, d'affaires, de loisirs... Chacun le vit souvent différemment ». Entretemps, le Palais s'est « bardé de toutes les normes » qui vont bien et qui créent de la réassurance dont l'accréditation GBAC Star Facility, obtenue en mars dernier.

« Nous nous sommes dit que pour faire revenir nos clients et les clients de nos clients, il fallait proposer une sécurité totale en termes de protocole. Nous avons acquis les normes les plus exigeantes et avons également créé un nouveau service de conciergerie médicale ».

L'hybridation, axe de croissance

Préparé donc à entrer de plain pied et pieds joints si possible dans le monde d'après crise, comment le Palais des Festivals imagine-t-il son futur proche ? Quelle « consommation » va être faite du tourisme BtoB ? Pour Jean-Michel Arnaud, il faut penser hybridation. « Il y aura toujours du présentiel, le besoin de contact, de rencontres est là. Tout ce qui a été mis en place va rester mais sans la disparition de ce qui était avant. Hybridation est clairement un levier pour accroître l'audience. Le digital doit donner encore plus envie aux touristes d'affaires de venir en présentiel. L'esprit défensif ne construit rien ». C'est ainsi qu'est né Cannes Virtual Events, une solution événementielle 3D, opérée par Laval Events, qui joue sur une « extension » virtuelle du Palais des Festivals. « Des solutions 2D vont être proposées également », précise Jean-Michel Arnaud, promettant une digitalisation plus forte encore du Palais. « Nous avons réalisé que Cannes présente beaucoup d'avantages pour sortir des jauges post-Covid », ajoute par ailleurs le président de la SEMEC. La taille du Palais, sa jauge d'accueil, située entre 10.000 à 12.000 personnes correspond bien aux desiderata des organisateurs, moins enclin au gigantisme des événements. Finalement, de ce qui était une sorte de talon d'Achille, Cannes en fait aujourd'hui une force. « Nous sommes bien positionnés pourla reprise », s'enthousiasme Jean-Michel Arnaud, heureux de proposer « une offre plus concurrentielle ».

Lire aussi 5 mnJean-Michel Arnaud : "Le Palais des Festivals doit être un Palais à mission"

La raison d'être, « pas un slogan »

Qui déroule davantage sa vison et donc sa stratégie. « Sur le quoi, nous sommes au top. Sur le comment, nos équipes sont engagées, nos process sont hyper rigoureux. Restait à approfondir le pourquoi. Pourquoi fait-on ce que l'on fait ? »

Et c'est là qu'intervient la notion de raison d'être. « Ce n'est pas de la com, c'est une stratégie. Ce n'est pas un slogan de plus », appuie Jean-Michel Arnaud. « Une bonne raison d'être c'est d'être aligné avec ce que l'on proposeNous allons réfléchir avec humilité. Le projet a été voté à l'unanimité en conseil d'administration et il est porté par le maire de Cannes ». Dans quelques semaines, les équipes entreront en phase plus opérationnelle, de réflexion donc.

Mais dans la stratégie, il y a l'attractivité, l'envie de faire venir à soi de nouveaux rendez-vous. Et le confinement a été propice à la prospection, puisque dès 2022, le Palais des Festivals accueillera un salon dédié à l'intelligence artificielle, co-organisé avec la SEMEC. Ce qui constitue une petite révolution, la société ayant, jusqu'à présent été dans le rôle d'hôte. Deux autres rendez-vous, sur la transition écologique ainsi qu'une convention sur la sécurité, ont également été gagnés.

Conquête de parts de marché


Quid, dans ce contexte de conquête assumée et forte, du projet d'extension du Palais pour 1.500 m2 supplémentaires dont une terrasse au 4èmr étage ? « L'appel d'offres est en cours depuis un an. Les jurys sont en juin. La décision sera annoncée à ce moment-là », révèle Jean-Michel Arnaud. « Une fois de plus, cela doit rendre notre offre plus compétitive ». Face, notamment, aux éternels concurrents, Barcelone, Londres, Milan ou Paris.

Les carnets de commande semblent suivre l'enthousiasme présidentiel. « 2021 concentre sur 4 mois, une activité qui, habituellement, s'étale sur 9 à 10 mois. L'agenda 2021 est quasi-plein ». Avec un Festival du Film qui déroule son tapis rouge mi-juillet avant le début de la saison de tourisme de loisirs Le Yachting Festival signera, comme chaque année, la rentrée en septembre et le MIPIM lui emboitera le pas. « L'agenda est également plein pour 2022. Tous nos clients ont renouvelé leur confiance, car nous avons su montrer notre capacité à gérer la crise. Nous avons également conquis des parts de marché ». Et Jean-Michel Arnaud de l'assurer, « la destination a pris de la valeur ». En 2019, la SEMEC affichait un chiffre d'affaires de 45,3 millions d'euros. Elle estime avoir enregistré une chute de 70 % suite à la crise.

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Commentaire 1
à écrit le 26/05/2021 à 19:26
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La stratégie existait avant et après aussi aussi , vous n’avez rien compris à la vie .

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