Défaillances d’entreprises : ce à quoi il faut s’attendre

C’est le sujet qui inquiète, à l’aube d’une reprise la plus normale possible de l’activité économique : va-t-on assister à un raz-de-marée d’entreprises qui vont défaillir, dès les aides de l’Etat retirées ? Pas nécessairement dit l’étude publiée par EY. Car la notion d’une économie qui doit résister ne va disparaître avec la fin des soutiens financiers.

Jamais, dans tout l'Hexagone, le nombre de défaillances d'entreprises n'aura été aussi bas. Historiquement bas. A la hauteur d'une pandémie tout aussi historique. Alors qu'elles sont habituellement, en moyenne, de l'ordre de 55 000 chaque année, en 2020, on ne comptabilise « que » 32.184 défaillances. Certes, c'est grâce aux PGE et autres dispositifs de chômage partiel qui ont servi de coussin d'atterrissage que tout a tenu en 2020. Mais quid de l'après ? La question taraude les chefs d'entreprises et autres acteurs économiques. Même le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF, a fait part de sa crainte d'assister à une « avalanche ».

La leçon de 2008

Alors, faut-il craindre les défaillances ? Pas forcément dit EY. Et c'est l'étude menée avec AU Group qui le dit. Et s'il ne faut pas craindre de raz-de-marée, c'est parce qu'il faut compter, notamment, sur une reprise globale de l'économie. C'est, notamment, ce qu'explique Karim Lasri, associate partner EY en charge du restructuring, pointant une reprise de la consommation de la part des ménages qui ont été particulièrement économes durant la crise et d'une façon générale sur une économie qui reprendra de plus belle, le déconfinement effectif.

Sans compter sur l'Etat qui va continuer à jouer un rôle. « L'Etat va continuer à chercher des solutions pour éviter que les défaillances ne soient trop nombreuses. Il est toujours plus difficile de reconstruire ce qui a été détruit que de maintenir ce qui existe déjà ». Un point de vue partagé par Camille de Guillebon, managing partner de la Région Sud et Monaco, qui rappelle les enseignements tirés de la crise des subprimes en 2008. « On a beaucoup dit que si Lehman Brothers avait été soutenu par le gouvernement, il n'y aurait pas eu de crise mondiale. Il coûte toujours moins cher de soutenir l'existant que de reconstruire ».

Les fonds à la manoeuvre

Et donc, si ce qui semble être devenu une leçon apprise de la crise précédente est appliqué, « oui il y aura des défaillances, mais elles ne devraient pas atteindre de niveaux historiques », ajoute Karim Lasri. Qui pointe un autre élément, celui des fonds d'investissements, qui disposent de moyens financiers qui n'ont pas forcément été dépensés durant la crise. Des fonds tout à fait capables de venir se positionner sur des entreprises fragilisées, secouées par la crise et qui ont du mal à retrouver des capacités d'investissement. Des entreprises souvent avec un profil de profitabilité valable et qui génèrent de la croissance. « Les fonds vont venir se positionner sur ces entreprises en entrant en equity », estime Karim Lasri, ajoutant qu'ils « vont jouer un rôle dans le retournement ».

Alors non, « nous n'anticipons pas un tsunami de défaillances. Ces sujets vont se traiter différemment. Ce sera du restructuring de l'equity et pas un restructuring de la dette ».

Les prêts participatifs, préparé par Bercy, représentent-ils une solution idoine ? Pas de quoi déclencher un grand engouement, dit encore Karim Lasri.

Reprise de sa propre entreprise : retour au droit commun

Si avant la crise, la chose était possible après accord du parquet, la possibilité offerte à un dirigeant de se porter candidat à la reprise de sa propre entreprise a été facilitée dans les dispositions de l'ordonnance du 20 mai 2020, où il suffisait pour cela de demander l'autorisation au président du tribunal de commerce. Or, a contrario des autres dispositions qui ont été prolongée jusqu'à décembre 2021, celle-ci particulièrement ne l'a pas été. « L'objectif de cette mesure était de dire qu'un entrepreneur n'était pas responsable de la défaillance de son entreprise. Mais la France a souhaité revenir au droit commun », note Karim Lasri. « Et avoir les mêmes garde-fous anté-Covid ». Un signe ?

Le cas par cas

Précisément, comment revenir au monde d'avant ? Comment en finir avec ce que l'on appelle les perfusions de l'Etat ? « Ce sera probablement une appréciation au cas par cas, par secteur » notent Karim Lasri et Camille de Guillebon. Sachant qu'à l'intérieur d'un même secteur, les cas des entreprises sont extrêmement variables. « Une grande partie des entreprises a remboursé son PGE », souligne aussi Camille de Guillebon. C'est donc une analyse individuelle qui devrait primer, insiste encore Karim Lasri. En fond, il y a aussi un sujet pas très économique, même s'il est lié par effet de ricochet, celui des Présidentielles qui font déjà parler... Un énorme effort devrait être fait jusqu'à cette échéance, estime Karim Lasri. Ce qui ne dilue pas d'autres sujets : celui du retour de la fréquentation touristique, des relations avec les bailleurs, de comment faire avec les nouveaux business-modèles...

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 27/05/2021 à 21:07
Signaler
Il n'y a pas que les entreprises mais aussi des générations de gamins qui auront bac+5 avec un niveau BTS/dut .

à écrit le 27/05/2021 à 17:51
Signaler
wow avant enron, ernst and young etait un cabinet respectable (' serieux et jeune', c'est la traduction) des experts comptables, des auditeurs, bon, des gens formes ca a change de generation, la!!!!! comment peut on, quand on a le nez dans les c...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.