Le miel, une filière très organisée dans le Sud

DECRYPTAGE - Episode 1 - Le syndicat des miels de Provence et des Alpes du Sud réunit apiculteurs, grossistes et conditionneurs du nectar issu des plantes de la région. Une organisation qui lui permet, malgré sa relative petite production à l'échelle nationale, de mieux défendre ses intérêts face à la concurrence internationale.
(Crédits : Apiculteurs en Provence)

Les champs de lavande font le bonheur des touristes et des producteurs d'huiles essentielles, mais pas seulement. Pour les apiculteurs aussi c'est aussi une source précieuse où envoyer leurs abeilles butiner afin de produire du miel. "C'est la plante qui fabrique le miel, l'abeille ne fait que terminer le travail", sourit Jean-Louis Lautard, apiculteur des Alpes-Maritimes et président du syndicat des miels de Provence et des Alpes du Sud (SYMPAS). Si le miel de lavande est reconnu pour sa qualité, cela ne suffit pas à faire de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur les champs élyséens du nectar jaune. "Le climat est dur et contrasté avec du mistral et des périodes de sécheresse", explique Jean-Louis Lautard.

La région est ainsi la 5e productrice de miel en France avec un peu plus de 2.000 tonnes selon l'établissement national des produits de l'agriculture et de la mer, France AgriMer. Ce qui ne l'empêche pas de disposer d'un label d'indication géographique protégé (IGP), chose rare en France, pour le miel Provence. L'une des missions du sympas est d'assurer sa défense, notamment contre les utilisations abusives. "Il peut y avoir plusieurs fraudes, soit sur l'authenticité du process de production soit sur l'origine botanique. Il faut mieux structurer les analyses qui aujourd'hui nous coûtent très chères", défend Jean-Louis Lautard.

production miel en france Agrimer

L'importance de la transhumance

L'organisation regroupe 250 adhérents issus de toutes les étapes de la filière miel. On y trouve ainsi des producteurs, des conditionneurs et des grossistes. Un apiculteur peut soit mettre en pot sa production et la vendre directement, soit passer par un intermédiaire pour l'une ou les deux étapes. "Il existe tous les cas de figure dans la région, il n'y a pas de profil qui se dégage vraiment même si beaucoup mettent en pot eux-mêmes car la proximité de grandes villes permet de vendre plus simplement", avance Jean-Louis Lautard. Selon le Sympas, 60% des ventes se réalisent en direct.

Pour maintenir une activité toute l'année, les apiculteurs n'hésitent pas à butiner dans les régions voisine. "Cela nous permet de produire du miel différent, grâce aux acacias par exemple, et cela contribue à répartir le risque", détaille Jean-Louis Lautard. Selon les chiffres de France AgriMer, cette transhumance se réalise par 35,6% des producteurs mais elle représente les trois-quarts du miel produit ce qui en fait largement le record de France.

"Tous les professionnels le font, ce sont eux qui représentent la majorité de la production mais ils sont peu nombreux par rapport à tous les apiculteurs. A cela s'ajoute l'effet lavande qui est une plante très saisonnière", avance comme explication Tristan Favre, président de la coopérative Provence Miel. Une analyse qui se traduit dans les chiffres.

Sur les 3.600 apiculteurs recensés dans la région Sud par le Sympas, pour 163.000 ruches, 43% ont entre 200 et 500 ruches. Or, c'est dans cette fourchette, qui correspond au standard des professionnels, là que la transhumance est la plus pratiquée chez les apiculteurs. Toujours selon le syndicat, 8% des professionnels possèdent 61% des ruches.

Frelon asiatique et concurrence internationale

Si la Provence n'est pas une grande terre de miel, Jean-Louis Lautard l'assure : "Nous avons une filière locale dynamique et structurée". Un atout majeur alors que le secteur fait face à de nombreux dangers. A commencer par le frelon asiatique, qui empêche les abeilles de butiner correctement. "Nous sommes aussi dépendants de la coupe plus rapide des champs de lavande qui nous laisse moins de temps pour venir avec nos ruches, c'est une évolution sur laquelle nous n'avons pas la main", expose l'apiculteur.

L'une des urgences du moment se joue bien loin des champs. La Chine demande la mise en place d'une norme ISO sur le miel, une démarche déjà effectuée pour la gelée royale, et qui fait craindre une normalisation à deux niveaux. "Ils pourront vendre leur miel, qui n'a rien à voir avec celui que nous produisons, en disant qu'elle respecte une norme", s'inquiète Jean-Louis Lautard. Le sujet n'inquiète pas que les professionnels en Provence mais bien partout dans le monde.

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Commentaires 3
à écrit le 23/05/2021 à 8:48
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A voir sur youtube : Les petits secrets du miel industriel.Edifiant

à écrit le 22/05/2021 à 19:03
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Le miel vendu dans les grandes surfaces est très souvent marqué "provenance UE ou non UE", c'est à dire de n'importe ou , fait par n'importe qui, et avec des conditions d'hygiène et de garantie sur la qualité du produit a peu près nul. Si vous ne ...

à écrit le 22/05/2021 à 15:03
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Le Miel français devient inabordable. Trop chère. Les consommateurs se tournent vers le miel provenant de l'étranger. En cherchant bien, on en trouve du très bon, et bien moins chère.

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