Dans le Sud, les micro-entrepreneurs, partie prenante et « confiante » de la relance

Ils sont à la tête de très petites structures, sont souvent seuls mais sont dans des activités du quotidien, celles que l’on a qualifié durant la crise d’essentielles. Secoués par la crise, ils ont aussi résisté et se déclarent certes inquiets mais aussi confiants dans la reconstruction d’une économie qui ne demande pas mieux. Une envie d’entreprendre qu’analyse Sébastien Chaze, le directeur régional de l’ADIE.
(Crédits : DR)

La micro-entreprise n'est pas différente de la TPE ou de la PME. Elle aussi s'est serré les coudes durant la période de crise qu'a engendré la pandémie, elle aussi salue les aides de l'Etat qui lui ont permis de résister et de survivre. Pourtant, selon les données publiées par l'ADIE, plus de 60% d'entre elles ont perdu plus de 50% de leur chiffre d'affaires et 77% avouent que oui, la crise a été grave, voire très grave.

Et comme les TPE/PME, c'est « l'amour de leur entreprise » qui les a fait tenir et qui leur donne envie de participer à la reprise de l'économie, explique Sébastien Chaze. « Plus les micro-entreprises ont eu accès aux aides, plus elles ont confiance en l'avenir. Des aides qui ont joué le rôle à la fois de soutien financier mais également de soutien psychologique », note le directeur régional de l'association pour le droit à l'initiative économique dans le Sud.

Pas de bon moment

La sempiternelle question que se pose tout porteur de projet n'a pas épargné les micro-entrepreneurs : est-il raisonnable, audacieux de se lancer en temps de crise ? « Le bon moment n'est jamais là », estime Sébastien Chaze. Et on sait aussi que la crise est souvent un moment opportun à saisir pour s'inscrire dans la reprise, au plus tôt. C'est même, presque, une notion stratégique. « L'envie d'entreprendre est encore plus forte, post-crise » et l'entrepreneur indépendant a fortement « envie de se réaliser ». Et puis, de façon générale, « lorsque le projet est prêt, il faut y aller », exhorte encore Sébastien Chaze. Car l'entrepreneur, par nature, « calcule tous les risques ».

En 2020, l'Adie a soutenu et accompagné la création de 971 micro-entreprises, toutes représentatives de cette part de l'économie que l'on a qualifiée d'essentielle. Preuve aussi que « le monde d'après » s'inscrit dans un monde ancré dans l'économie tout ce qu'elle a de plus réelle. Ainsi 38% des projets concrétisés le sont - sans surprise - dans les services, 28% dans le commerce - de la vente de saké au dépôt-vente -, 10% dans les transports et on note le joli 9% venu de la restauration, ce qui démontre tout de même une sacré envie et confiance dans l'après, à long terme, même si sur ce segment, ce sont les différentes formes de restauration qui ont pris forme, du food truck dont le succès ne se dément pas, à traiteur à domicile. A l'échelle de la région, ce sont les porteurs de projets originaires des Bouches-du-Rhône et du Var qui sont les plus actifs, représentant respectivement 41% et 22% des créations.

ADIE

5,5 millions investis

En prêtant 5,5 millions d'euros, l'Adie a mis ou remis un pied à l'étrier à des entrepreneurs qui ont foi dans l'avenir. 2,5 millions d'euros ont été accordés via des prêts professionnels, 1,7 millions d'euros étant fléchés vers des prêts d'honneur. « La création d'entreprise est facteur de relance », insiste encore Sébastien Chaze.

« Nous voulons porter l'entreprise avec le plus d'ancrage possible. Nous ne faisons pas tout, tous seuls non plus ». Le business modèle de l'association s'appuie en effet sur des financements publics, sur des apports privés mais aussi sur de l'auto-financement. Et sur des partenariats avec les acteurs économiques qui font le lien, tels les chambres de commerce et d'industrie ou Pôle Emploi. « Nous voulons trouver des articulations opérationnelles, le plus possible ».

Levier d'insertion

« La crise a laissé des traces. Il est important de ne pas tout débrancher d'un coup. Le risque serait de perdre ce que nous avons réussi à préserver. Nous sommes attentifs aux détails. Il faut des dispositifs qui donnent envie d'y aller ». La crise a sans doute aussi redonné davantage envie au consommateur de consommer plus local, plus artisanal et de supporter, dans tous les sens du terme, les petites entreprises. L'enjeu de l'Adie s'inscrit sans doute encore plus fortement désormais. La relance est là, se prépare et ce sont les porteurs de projets qui hésiteraient encore ou qui ne sauraient pas comment y aller, que l'association veut cibler. « Nous nous employons à aller chercher les nouveaux projets, à toucher ceux qui ont besoin de nous. Les nouveaux projets arrivent, c'est donc un renouvellement permanent ». Et les élections locales qui pointent le bout de leur nez sont aussi une occasion de sensibiliser le politique sur l'importance d'un tissu entreprenarial diversifié et d'un « travail indépendant comme levier d'insertion, comme moteur de l'activité économique locale ».

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