Face aux défis sociaux et environnementaux, le LICA mêle collaboration humaine et nouvelles technologies

A Marseille, le Laboratoire d’intelligence collective et artificielle est une Scop qui met à disposition des collectivités et des entreprises une expertise et des outils permettant de mieux collaborer, tout en s’appuyant sur les nouvelles technologies. Face à la demande et à l’obtention de plusieurs appels à projets, elle a accru ses effectifs et souhaite acheter un terrain de 6.000 m² pour y installer « Le 15 », un « tiers-lab des transitions ».
(Crédits : DR)

Prenez quelques spécialistes de l'IA et de la blockchain, des chercheurs, un startuper ; ajoutez-y des expertes de la coordination et de la médiation, que cela concerne des projets environnementaux ou culturels, et vous obtenez le Laboratoire d'intelligence collective et artificielle.

Construit il y a quatre ans par six personnes aux profils aussi divers que complémentaires, le LICA s'interroge sur la manière d'impliquer les citoyens dans les évolutions numériques en les questionnant. Il se penche aussi sur les projets à impact positif que le numérique peut permettre.

Des sujets abordés à l'occasion de rencontres pouvant regrouper jusqu'à une centaine de personnes. « On a par exemple travaillé avec l'Afpa sur le travail de demain », se rappelle Cécile Monière, facilitatrice et pilote de projets au sein de la structure.

Rapidement, la jeune équipe s'aperçoit que les formats proposés plaisent. Mieux, certains sont prêts à payer pour ces interventions. Pour plusieurs raisons.

Coopération, développement de projets, numérique

Si de nombreux bureaux d'études se créent, peu maîtrisent à la fois la facilitation, le numérique et la stratégie de développement de projets. Le LICA combine toutes ces compétences à la fois.

Qui plus est, selon Cécile Monière, beaucoup d'acteurs manquent d'outils pratiques pour permettre la collaboration entre les personnes ou entre différentes organisations. « A l'école, à l'université, on n'est pas du tout formé à ça. On ne sait pas coopérer. On est davantage dans une logique de compétition ».

Or, avoir les meilleurs ingrédients ne suffit pas toujours face aux défis sociaux et environnementaux qui imposent un travail interdisciplinaire, porté par des acteurs d'univers différents. Le LICA permet l'émulsion. Celle qui fait que la mayonnaise prenne. Sa recette repose sur plusieurs techniques parmi lesquelles de la méthodologie, du pilotage dynamique, de la gouvernance partagée, beaucoup d'ingénierie pédagogique, de la gamification, sans oublier une bonne dose de créativité.

Une flopée de projets

C'est ainsi que quelques collectifs d'entreprises -surtout issues de l'Économie sociale et solidaire- ainsi que des collectivités locales font appel au LICA qui finit par se muer en Scop. « Au début, on était financé en grande partie par les ministères. Et petit à petit, on a signé de plus en plus de contrats. C'est important pour nous de combiner fonds publics et fonds privés ». Les fonds publics représentent aujourd'hui 60 % des revenus. « L'idée est d'arriver à équilibrer cela. Les fonds publics nous permettent de toucher les personnes vulnérables, de faire de l'innovation sociale, mais pas de faire vivre une entreprise de façon durable »

En quatre ans d'existence, le LICA a déjà accumulé un certain nombre de projets. Parmi eux, Echos.life, une application qui fait appel à la blockchain pour valoriser les compétences de personnes éloignées de l'emploi, activer des trajectoires de vie nouvelles et cartographier les compétences sur un territoire.

Ou encore le projet Réalise tes rêves qui vise à accompagner 1.500 personnes éloignées de l'emploi (à Lille, Paris et Marseille) pour les aider à réaliser leurs rêves en révélant leurs talents. Il est porté par un consortium de cinq acteurs nationaux et locaux parmi lesquels Synergie Family. « On est un peu la Maïzena du projet », compare Cécile Monière pour illustrer le rôle fédérateur du LICA.

Plus récemment, la Scop a remporté deux appels à projet, à Laval et Lons-le-Saunier, dans le cadre de l'action Cœur de ville qui a vocation à dynamiser les villes moyennes. « A Laval, il s'agira d'une acculturation à la gouvernance partagée pour la mise en place d'une cuisine collaborative. A Lons-le-Saunier, il faudra identifier les besoins de mobilité, de trame verte, pour enclencher une stratégie territoriale qui facilite la transition environnementale ». Une action de diagnostic qui pourra peut-être donner lieu à un suivi sur la durée ensuite.

Car l'idée n'est pas de rester centré sur Marseille. Le LICA se montre ouvert à l'ensemble du territoire français, mais aussi à l'Europe et à la Méditerranée.

Lire aussi : Synergie Family : ambitions sociales, méthode startup

Au delà des divers projets dans lesquels il est impliqué - ceux cités jusqu'alors ne sont pas les seuls -, le LICA propose également de la formation et poursuit des travaux de recherche et développement. « On s'interroge sur la manière de développer des outils numérique de coopération grâce à l'intelligence artificielle». Parmi les pistes d'étude : un outil qui permettrait de mesurer le temps de parole de chaque intervenant pour mieux l'équilibrer. Cela pourrait par exemple objectiver la sensation que les femmes ont moins de temps de parole que les hommes, pour potentiellement opérer un travail de rééquilibrage.

Un tiers-lab des transitions pour fédérer

Porté par la dynamique des projets et la demande auquel il fait face, le LICA a augmenté ses effectifs ces dernières années et compte aujourd'hui 13 salariés ainsi qu'un stagiaire. Des effectifs appelés à rester stables. « Travailler en équipe restreinte renforce les liens. Maintenant, l'idée est de s'appuyer sur les forces du territoire ».

Des forces qu'elle aimerait fédérer au travers d'un projet de « tiers-lab des transitions » baptisé « le 15 ». « Il y a dans le quartier des Chutes-Lavie, à Marseille, un espace de 6000 m² de verdure que l'on aimerait acheter. On en ferait un lieu d'expérimentation où les collectivités et les entreprises pourraient s'imaginer les nouvelles façons de faire, de coopérer... » On y trouverait pele-mêle un bar-restaurant solaire, des espaces de permaculture, un démonstrateur IA et blockchain, un laboratoire dédié à la coopération et au numérique, des résidences, ainsi qu'une série d'événements.

Soutenu par la Caisse des dépôts et la Caisse d'Epargne CEPAC, le LICA espère obtenir un compromis de vente d'ici fin juin. Restera à obtenir les autorisations préalables à la réalisation des travaux qui permettront de redonner un coup de neuf à la bâtisse du 18ème siècle et aux deux habitations qui occupent pour l'heure le terrain. S'ensuivra le recrutement d'une équipe censée faire vivre ce lieu voulu comme une « oasis », une parenthèse paisible pour inventer en toute tranquillité - et en coopération - le monde de demain.

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