On le sait peu, mais le granulat, qui participe aux matériaux utiles pour la construction d'à peu près tous les équipements de la vie quotidienne - de la route aux hôpitaux - est la seconde ressource la plus consommée après... l'eau.
Une donnée qui à elle seule suffit à comprendre que la question de la transition écologique n'est pas secondaire. A la fois parce qu'il faut porter attention à la matière première, la matière minérale, et puis parce que construire durablement est un enjeu transversal dans l'acte de bâtir.
Marquer l'inflexion
Un enjeu qu'Eurovia prend en compte depuis longtemps, revendique Christophe Jozon, le directeur matériaux France du groupe, rappelant que depuis 30 ans, le sujet est adressé et que la naissance de Granulat+ n'est pas un effet opportuniste. « Nous avons une histoire ancienne avec le recyclage donc nous nous sentons légitimes pour accélérer fort et la création de Granulat+ marque cette inflexion ».
Créer une marque c'est bien mais comment surtout apporter des réponses concrètes ? « La problématique c'est d'aller chercher de l'innovation, de s'intéresser à la matière minérale secondaire... », explique Christophe Jozon,
Réparties en France, les 130 plateformes estampillées Granulat+ recyclent notamment les déchets des travaux publics issus de la déconstruction routière ou des tranchées, les déchets d'enrobés, les mâchefers - « nous nous y intéressons depuis longtemps » -, les sédiments de dragage - sachant que d'ici 2025 l'interdiction de clapage en mer incite à des expérimentations. L'industrie, celle qui a des déchets de sucrerie, des sables de fondue, des co-produits..., « nous sommes capables de les transformer pour en faire des granulats », indique également Christophe Jozon.
Participer à la reconstruction de la ville sur la ville
Les sites Granulat+ sont de deux natures différents. Soit une carrière, transformée alors en centre d'économie circulaire - « on trie, on recycle, ce qui ne l'est pas, est valorisé » - soit une plateforme périurbaine, « qui participe à la reconstruction de la ville sur la ville ».
Et la reconstruction de la ville sur la ville est l'un des enjeux de la ville que l'on appelle de demain. Être capable d'apporter au plus proche, le matériau nécessaire fait partie des enjeux de la ville durable.
Les carrières, quant à elles, pourraient se trouver confrontées à un sujet de modèle économique. L'instauration d'un REP, responsabilité élargie du producteur, pourrait induire une gratuité du dépôt des déchets du bâtiment. Or, pour l'heure, l'entreprise qui dépose ses déchets paye pour cela. La remise en question du modèle existant inquiète Christophe Jozon et l'ensemble de la filière qui estiment que la gratuité du dépôt n'incite pas - contrairement à ce que l'on pourrait penser - « au tri et à la valorisation ».
Inclure la question de la logistique
Ce que pointe aussi Christophe Jozon, c'est que vouloir être un acteur de l'économie circulaire comprend certes un côté « technique », mais qu'il ne faut pas en oublier le côté pratique, c'est-à-dire la question de la proximité et de la logistique.
« On ne conçoit pas notre processus sans compétence logistique. Nous travaillons avec des camions et des contenants adaptés. Un camion ne doit jamais circuler à vide ».
De la même manière, parler d'innovation signifie regarder ce qu'il se passe du côté des startups. C'est notamment le rôle de Leonard, la plate-forme d'innovation et de prospective de Vinci. « L'économie circulaire, la digitalisation, le tagage des déchets sont des sujets qui nous intéressent », confirme Christophe Jozon.
Un directeur matériaux France qui insiste pour dire que « Granulat+ doit créer un effet d'entraînement, c'est un catalyseur », et qui rappelle les objectifs, dont celui de multiplier par deux les 8 millions de tonnes de granulats recyclés produits chaque année, à horizon 2030.
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