« Cette année blanche est une année noire ». C'est ainsi que Renaud Muselier répète à l'envi - par cette phrase courte mais explicite - que la montagne n'a pas du tout la gagne. Mais alors pas du tout. Lassée d'attendre une ouverture qui n'est jamais venue, suspendue aux annonces du gouvernement, la montagne, dans sa grande diversité, telle un seul homme souffre, s'inquiète, espère, perd espoir.
Une situation qui a poussé Renaud Muselier a organisé ses Assises de la montagne. Pas pour parler de haut débit, de smart montain ou de tout autre sujet synonyme d'une activité porteuse, mais pour donner des orientations en matière de soutien financier et de communication.
Les Alpes contribuent évidemment à l'attractivité touristique du Sud. En 2016, elles ont bénéficié par exemple de Contrats, appelés de stations de demain qui ont permis de moderniser les infrastructures et d'améliorer les réseaux de neige de culture. Soit 50 millions d'euros mobilisés sur 4 ans avec à la fin 2020, 182 projets réalisés. La force de ces contrats : avoir mis tous les acteurs concernés autour de la table. En parallèle, 50 autres millions d'euros étaient dévolus au développement économique et touristique.
8 millions d'euros en soutien d'urgence
Tout allait donc pour le mieux dans les Alpes. Mais c'était avant la crise. Depuis, rien ne va plus. Depuis le 15 mars 2020, la montagne est plongée dans une situation complexe, hyper attractive durant la saison estivale mais pas au point de rattraper le retard déjà accumulé. Et encore moins de nature à compenser le manque à gagner à venir. Mais ça, impossible alors de le savoir.
Lasse d'attendre la montagne a donc besoin d'oxygène pour respirer jusqu'à ce que les touristes puissent de nouveau y grimper. C'est à cela que servent les 8 millions d'euros débloqués d'urgence par la Région, pour notamment permettre à des projets dans les tuyaux de voir le jour, pour soutenir les trésoreries exsangues.
A cela s'ajoute la possibilité d'aller solliciter les différents fonds mis en place pour colmater les dégâts de la crise.
Mais injecter monnaie sonnante et trébuchante n'est totalement efficace que si en parallèle le volet purement touristique n'est pas non plus accompagné. Ainsi une série de dispositifs dont un « chèque réouverture », aide à l'investissement permettra aux commerces, hôtels, gîtes d'engager des travaux de rénovation et de mise en état. La campagne « On a tous besoin du Sud » et un budget spécifique Alpes seront déclenchés prochainement, charge au Comité régional du tourisme d'aller solliciter les marchés français et européens.
Investissement pour préparer l'après
Au-delà de la réponse immédiate, existe le volet investissement à moyen-long terme. C'est à cela que répond par exemple l'augmentation de 20% du nombre de places dans les différents cursus de formation. Parce que lorsque la reprise sera là et bien là, la montagne aura besoin de compétences et d'expertises. Le risque actuellement est bien cette perte de compétences, or elles sont le nerf de la guerre et participent à l'attractivité du territoire. L'investissement dans certaines infrastructures participent de la même attractivité et sur ce point 10 millions d'euros seront injectés avec l'Etat. Et puis la Région a décidé de doubler le montant dédié à son plan montagne, soit désormais 200 millions d'euros, répartis à 50% dans le développement économique et à 50% dans les stations. Enfin, il sera extrêmement intéressant de décrypter les résultats de l'étude prospective menée par les cabinets G2A et Lystea qui devrait faire émerger des pistes de diversification au « tout ski ». Une consultation va également être lancée dans les prochains jours via la plateforme Sudopolis autour de l'avenir de la montagne. Un travail collectif et plus grand public qui ne sera pas moins inintéressant...
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