Plan de relance, moral des patrons, PGE… ce qu’en dit Yvon Grosso, le président du Medef Sud

Alors que l’éventualité d’un nouveau confinement n’est pas de nature à rassurer – ni les chefs d’entreprise, ni les Français – le patron des patrons du Sud livre son analyse, sa vision et ses recommandations. Où il est question de garder le cap, de savoir se saisir du plan de relance et de ne pas imaginer ne pas rembourser les dettes.
(Crédits : DR)

LA TRIBUNE - La possibilité d'un troisième confinement ne s'est pas éloignée et le rythme de vaccination n'est pas ce qu'il était espéré. Dans ce contexte, quel est le moral des patrons ?

YVON GROSSO - La question qui taraude aujourd'hui les patrons c'est comment gérer le lien social, chacun avec sa façon d'être. Les Unions patronales, sur le territoire, ont notamment mis en place des dispositifs pour soutenir les chefs d'entreprise. Des chefs d'entreprise dont le moral est en dents de scie, un peu en forme de W, avec des phases de hausses et de baisses. On imaginait que le mois de septembre serait un mois de reprise économique à plein. Il n'en n'a rien été. Il convient de saluer la puissance publique qui a injecté l'argent nécessaire et évité les effets collatéraux. Je rappelle que le sujet ce n'est pas le sanitaire contre l'économie. Il faut trouver un équilibre, le bon équilibre sanitaire et continuer à faire vivre l'économie. Comme je l'ai déjà dit, je demande à ce que tous les dispositifs d'aide soient reconduits jusqu'en 2021. Nous allons devons faire, désormais avec d'autres pandémies, nous le savons. Il faut aussi revoir l'aide à la recherche publique, qui accuse -30 % de subventions publiques et qui est 2 à 3 fois moins importante qu'en Allemagne. Le chef d'entreprise ne peut pas baisser les bras, il doit avoir cette foi, cette envie d'avancer. Il est toujours bon de rappeler que sans entreprise, il n'y pas de création de richesse.

Que pensez-vous du plan de relance - notamment celui pour l'industrie ?

Le risque de ce Plan est qu'il décourage les investissements des PME. Nous sommes attentifs également à ce que tout cela se fasse dans le cadre de la RSE. Je le répète, la raison d'être du Medef c'est de « agir ensemble pour une croissance responsable ». Il faut aussi comprendre qu'il faut du temps pour transformer une chaîne de production. Il faut accorder plus de temps à la transformation des entreprises. Le plan de relance est nécessaire. Mais il faut aussi être attentif à ne pas rajouter des procédures qui pourraient ralentir les entrepreneurs. Et il faut surtout être attentif à ce que ce plan de relance soit utilisé au max.

L'un des sujets c'est le remboursement - ou pas - du PGE. Faut-il rembourser ou annuler ?

Le PGE a été un bon dispositif pour répondre immédiatement aux besoins de financement des entreprises. La plupart des PGE ont été attribués aux entreprises générant moins de 2 M€. Par ailleurs, les grosses PME et les ETI ont pris des PGE de confort. Or nous entamons une période où ces entreprises vont commencer à piocher dans leur PGE parce que justement l'activité n'a pas repris à 100 %. Et une activité qui ne reprend pas à 100 % impacte la trésorerie. Le PGE est lié à un choc exogène. Ce n'est pas de l'investissement, c'est de l'avance de trésorerie. Autre élément qu'il faut prendre en compte, c'est la cotation Banque de France. Il ne faut pas que cette cotation se dégrade. Pourquoi ne pas regrouper les dettes, y compris le PGE, en faire un package et les étaler sur 6,7 ou 8 ans, avec un taux capé, inférieur à 1%. Sinon, il est aussi possible de faire entrer un actionnaire, ce qui permet de générer un prêt participatif. C'est une dette qui peut être portée par l'Etat ou par des fonds. Mais attention, les dettes se remboursent. Il en va de notre responsabilité et de la crédibilité de la France.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.