Crise, couvre-feu : ce que veulent les acteurs économiques du Sud

Chambres consulaires et représentants des entreprises de Provence-Alpes-Côte d'Azur se sont réunis à l'initiative de la Région Sud pour aborder leurs craintes et attentes en 2021. De façon globale, tous souhaitent que les dispositifs de soutien créés durant la crise continuent pour encore un an et qu'ils puissent à tous les types de société.
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"On n'a pas l'habitude de se faire remercier", dit dans un sourire Renaud Muselier. Le président de la Région Sud s'adresse ainsi aux acteurs économiques du territoire, des chambres consulaires aux organisations patronales en passant par des représentants des fédérations de secteurs. Tous sont réunis pour une table ronde, initiée précisément par le conseil régional. Le sujet central, évidemment, la crise, le couvre-feu et le manque de visibilité.

Une crise qui n'est pas encore terminée. Renaud Muselier a ainsi pu détailler les dispositifs qui sont mis en place pour soutenir les chefs d'entreprises. Aux représentant de ces derniers ensuite d'exprimer les doutes et leurs attentes pour les prochains mois. "L'échange d'aujourd'hui c'est pour savoir comment vous avez encaissé ça et comment nous nous organisons pour anticiper ce que nous ne souhaitons en aucun cas : un reconfinement", explique le président de la collectivité.

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Etaler les remboursements

Le mot est lâché. "Le reconfinement, ça nous tétanise", reconnaît Alain Gargani, président de la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises des Bouches-du-Rhône (CPME 13). "Aujourd'hui, les procédures au tribunal de commerce sont peu nombreuses, mais si nous ne faisons rien il y aura des successions de faillites", prévient-il. Les différentes aides ont jusqu'à présent permis aux entrepreneurs de tenir, mais il faudra bien payer.

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"D'abord, il faut être sûr que le remboursement du PGE soit reporté. Nous demandons qu'il soit quasi transformé en propre, voire annulé, car nous ne savons pas quand nous pourrons le payer", plaide Alain Gargani. Il avance notamment l'idée d'un "prêt consolidation qui serait amortissable sur dix ans par exemple" afin de couvrir toutes les charges qui s'accumulent malgré le ralentissement ou l'arrêt de l'activité. Comme beaucoup, le président de la CPME Sud demande de "la visibilité".

Prolonger les aides

Yvon Grosso, président du Medef Sud, va plus loin. En plus de maintenir les aides, il souhaite que cela se fasse sur toute l'année : "Il faut oser enjamber 2021 plutôt que de reporter les décisions tous les quinze jours, nous serons beaucoup plus sereins. Les entreprises arrêteraient d'en bénéficier dès que cela irait mieux, le but n'est pas de les mettre sous perfusion ou étatisation".

Sur le principe de prolonger la durée des aides, la Région se dit favorable. Renaud Muselier exprime sa volonté de "ne plus régir en urgence, en mars nous avons mis le paquet en nous disant que ça passerait. Là nous allons essayer d'avoir une lisibilité par rapport aux budgets que nous avons, nous maintenons nos aides et nous les poussons sur le fil de l'année". Mais l'argent ne pousse pas sur les arbres, si l'Etat abonde généreusement pour l'instant "le gouvernement aura ses limites", prévient Renaud Muselier. Raison pour laquelle Christian Estrosi, président de la Métropole Nice Cote d'Azur, veut que "l'Europe fasse pour les collectivités ce qu'elle a fait pour l'Etat. Nous ne sommes pas un puit sans fond et nous sommes un part de l'Etat".

ETI et TPE aussi dans le besoin

Surtout qu'en plus de maintenir les aides financières, Yvon Grosso appelle à les étendre notamment sur les ETI. "Ces entreprises ont maintenu l'activité sans avoir recours aux aides comme le PGE, mais leur trésorerie commence à s'essouffler. Il faut être attentif à leurs demandes, cela concerne l'international et d'autres phénomènes de compétitivité qui s'imposent à elles", souligne le président du Medef Sud.

Loin des très grandes entreprises, les petites structures s'inquiètent de passer entre les mailles des dispositifs de soutien. "Les TPE n'ont pas non plus les moyens ou la capacité de profiter des appels d'offres surdimensionnés pour elles", indique André Bendano, président de l'Union des entreprises de proximité (U2P) Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pour lui, il n'est pas acceptable que le salut de ces petites sociétés passe par les aides pour les plus grosses. "La politique du ruissellement est imparfaite", note-t-il.

Le rôle de la commande publique

Chaque secteur a ses propres caractéristiques. Dernière victime en date, le ski où la fermeture des remontées mécaniques jusqu'en février pénalise fortement les Hautes-Alpes qui dépend énormément de cette activité. "C'est un drame", s'alarme Eric Gorde, président de la CCI départementale. "Nous n'avons pas de plan B et le plan montagne n'est pas encore validé par l'Europe. L'impact va être colossal, les investissements ne pourront pas être réalisés donc en plus d'une mauvaise saison d'hiver, cela sera aussi le cas en été. Nous serons très proches de la casse", insiste-t-il.

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Dans le BTP la situation est moins critique. "Nous avons la chance de pouvoir travailler", explique Pierre Mario, vice-président de la fédération du BTP dans les Alpes-Maritimes et président des Travaux Publics. S'il dit "ne pas demander d'aides", il souhaite toutefois que la commande publique joue son rôle. En plus de la crise sanitaire, le secteur est également touché par les élections municipales qui entraînent une diminution des permis de construire.

Prévenir la crise sociale

Philippe Renaudi, président de l'Union pour les entreprises des Alpes-Maritimes, en appelle également à la commande publique. Il souhaite qu'elle favorise les TPE et PME locales. "Notre département est particulièrement touché, nous avons eu un attentat, une tempête et la Covid. Nous attendons les sauterelles et les grenouilles", lâche-t-il. Pour ce qui est de la commande publique, Renaud Muselier rappelle que la Région mobilise chaque année 400 millions d'euros d'achat "dont 70% pour notre PME et TPE régionales".

Dernière ces difficultés d'entreprises, les répercutions touchent les hommes et les femmes. Jean-Pierre Galvez, président de la chambre des métiers et de l'artisanat Paca, explique que "trente personnes ont été formées pour apporter une aide psychologique par téléphone". Eric Gorde renchérit : "l'impact social va être énorme". Une préoccupation qui semble avoir été entendue. "Il faut réussir à gérer tout cela, car même si nous maintenons une entreprise à flot, nous ne réglons pas le problème humain", prévient Christian Estrosi. Renaud Muselier assure que des réunions thématiques de travail auront lieu "pour voir ce qu'il faut apporter comme soutien humain". La crise est loin d'être terminée.

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Commentaires 5
à écrit le 22/01/2021 à 11:44
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Amusant cette photo du trio politique de la région PACA. Tout d’abord cette région est connue du monde entier sous différents noms la Côte d’Azur, la Provence, les Alpes et que notre jupitérien marseillais ainsi que son compère niçois ou le terne tou...

à écrit le 22/01/2021 à 10:19
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Erratum: Biarritz n'est pas plus au sud que Toulon, Foix oui par contre, bref on descend plus au sud que le Sud... ^^

à écrit le 22/01/2021 à 9:33
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Et nous autres du Sud Ouest, sachant déjà que Biarritz est plus au sud que Toulon, hein les mythos (ça vous colle vraiment à la peau ^^) qu'il y ai beaucoup moins de racisme dans vos régions qui en sont infestés alors qu'abritant en même temps de nom...

le 24/01/2021 à 12:23
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Et j'avais même pas fais attention à la photo en faisant ce commentaire... -_-

à écrit le 22/01/2021 à 9:27
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maintenant que le variant anglais est multiplié par 3 DANS LE VAR ! que de discours de bonimenteurs au niveau de l état

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