Corinne Innesti – CPME13 : « La crise a montré que ce sont les TPE PME qui créent de la croissance »

Présidente de la CPME 13, cet expert-comptable dans le civil, milite pour un entreprenariat qui soit capable de rebondir, malgré les crises et les difficultés. Un défi dans le contexte actuel mais pas pour autant impossible. Faire basculer la dette du dirigeant à la personne morale est une suggestion qu’elle défend. Et rappelle aussi la valeur de l’accompagnement, gage de pérennité.
(Crédits : DR)

Les temps changent et les façons d'être aux côtés des entrepreneurs aussi. Les entrepreneurs eux-mêmes sont exhortés à faire preuve d'agilité. Une agilité dont on estime souvent qu'elle est l'apanage des startups ; elle l'est pourtant autant des TPE PME. Dire qu'elles ont dû s'adapter est un doux euphémisme quand on sait que ce sont elles qui constituent la très large majorité du tissu économique local et que certains des divers secteurs qu'elles recouvrent comme l'hôtellerie ou la restauration ont souffert, souffrent et risquent de souffrir encore.

Dans les temps de crise, le rôle de ceux qui accompagnent est indispensable. Parce qu'ils aident à décrypter, à garder un cap. A ne pas perdre la boussole. C'est exactement le rôle que la CPME doit jouer, estime Corinne Innesti. A 61 ans, cette expert-comptable a pris la présidence de l'organisation patronale des Bouches-du-Rhône il y a bientôt un an. Une arrivée à la tête de la confédération des petites et moyennes entreprises au début de la tempête provoquée par la Covid-19. Une prise de responsabilité qui ne lui fait pas peur. D'abord elle connaît bien le syndicat patronal pour s'y être investie très tôt. Et puis l'engagement associatif ça la connaît aussi, « depuis le lycée » précise-t-elle.

Expert-comptable en entreprise, elle s'est lancée à son propre compte en 2013. Deux phases dans une même vie professionnelle qui permet justement d'appréhender le conseil dans toute sa diversité. « Lorsque l'on est en entreprise, on a une vue générale de l'ensemble de celle-ci, on en comprend mieux les problèmes qu'elle rencontre, comment son activité se réalise », précise Corinne Innesti. « Aujourd'hui cela me permet de mieux appréhender les différents dispositifs d'aide ». Mais Corinne Innesti répète aussi que « la crise a montré que les TPE PME existent et que ce sont elles qui créent de la croissance ». Et que lorsqu'elle « mettent la clé sous la porte, c'est un lien social qui disparaît ».

Rester positif

Quid, dans le contexte actuel, de l'avenir de ces petites et moyennes entreprises qui vont se trouver confrontées au remboursement des PGE ? « Notre revendication est que les dettes du chef d'entreprise deviennent les dettes de la personne morale », appuie Corinne Innesti qui reprend aussi l'argument du président du Conseil Supérieur de l'Ordre des experts-comptables, Lionel Canesi, qui souhaite une indemnité partielle pour les dirigeants.

Mais crise ou pas, la CPME 13 a poursuivi en 2020 son initiative de remarquer les « Entrepreneurs positifs ». « C'est une marque que nous avons créé il y a 5 ans. Une façon de mettre en avant « ce qui fait l'ADN du chef d'entreprise : battant coûte que coûte, solidaire, soucieux de trouver une solution pour ses salariés ».

Autre sujet qui concerne les TPE PME, le digital. « Nous savons que pour certaines TPE PME c'est un défi, un challenge. Mais la plupart ont compris que le digital est un moyen pour elles de gagner en visibilité ».

La collaboration avec les grands groupes est aussi une thématique qui a longtemps opposé les petites aux grandes. « Nous travaillons mieux ensemble », tient cependant à souligne Corinne Innesti. Le travail à distance, la crise et ce qu'elle a exigé ont aussi sans doute resserré les liens et facilité la collaboration.

Reste la question de la commande publique et ce Metropolitan Business Act qui doit mieux intégrer les TPE PME et aller au-delà des vœux pieux.

Un hackathon pour pousser à entreprendre

Ce qu'elle conseille aux entreprises, la CPME 13 tente de se l'appliquer. Et de revoir son fonctionnement. « Nous voulons encore davantage mettre en place le service auprès de nos adhérents pour qu'ils puissent travailler ensemble, chaque fois que chacun en a l'occasion. Nous voulons sortir le chef d'entreprise de son isolement ». D'ailleurs la plateforme Allo CPME va se transformer et devenir une cellule d'accompagnement le plus pointu possible. Et puis il y a cette idée de hackathon, qui doit, trois jours durant, permettre aux porteurs de projet de s'exprimer, de brainstormer, d'échanger, notamment avec les citoyens. Une nouvelle façon d'encourager l'entreprenariat qui, une fois encore, n'est pas l'apanage des jeunes pousses. Startups, TPE-PME : (presque) même combat.

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