« Nous avons un enjeu extraordinaire avec le vaccin ». Pour Lionel Canesi, la clé de la relance économique est là, dans ce qui peut stopper ou ralentir l'épidémie, dans ce qui peut donc permettre à l'économie de retrouver activités et rythme habituels afin de produire de la croissance. « Les pays qui sortiront les premiers de la pandémie, sont les pays qui s'en sortiront le mieux économiquement », prévient le président du Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables.
Ne pas lâcher les TPE PME
Car l'Hexagone, rappelle-t-il, « n'est pas dans une économie franco-française ». Le risque est représenté par les autres pays, déjà sortis de la pandémie, comme la Chine, et qui ainsi constituent de sérieux concurrents pour les entreprises tricolores.
L'enjeu, au-delà du vaccin, va être de poursuivre le soutien accordé aux TPE PME, de ne surtout pas les lâcher maintenant qu'un début de solution se présente. Ces TPE PME viables, certes secouées par la crise, chamboulées dans leur business-modèle, mais qui étaient saines avant le début de la pandémie et autres confinements, et qui ont tout pour continuer à créer de la croissance. « Il va falloir aider les TPE PME à s'en sortir » insiste Lionel Canesi.
Lequel ne rejoint pas forcément le concert de voix alarmistes sur les moult défaillances. Rappelant que certaines entreprises s'en sortent très bien, notamment celles déjà tournées vers le numérique. Que ce qui est à craindre c'est bien l'absence de chiffres d'affaires généré pour toutes celles qui ont dû faire et font encore avec une fermeture administrative, ou comme celles, empêchées dans leur activité par l'interruption d'un pan de l'activité économique.
Visibilité = adaptabilité
« Pour certains secteurs, cela devient vraiment compliqué. C'est le cas des stations des ski, dont un grand nombre réalise son chiffre d'affaires au cours des trois mois d'hiver. Les stations ont déjà perdu les vacances de Noël, or 50% du chiffre d'affaires se réalise entre Noël et le mois de février. Les vacances de Noël représentent 17% du chiffre d'affaires global, le mois de janvier - mois où les touristes étrangers sont présents - génère 25 % et les vacances de février, 36%. La question est, comment ces stations vont-elles investir pour l'année prochaine ? »
Lionel Canesi n'oublie pas davantage l'hôtellerie-restauration, comme l'événementiel, autres secteurs mis à mal. Et de répéter donc que « nous devons ressortir de la crise avec des entreprises en vie ».
Et de souhaiter que 2021 soit l'année qui apporte davantage de visibilité. A charge pour le gouvernement de savoir ne plus faire un pas en avant, un pas en arrière en ce qui concerne les indemnités d'activité partielle par exemple. « L'absence de visibilité fait beaucoup de mal. Et la visibilité est nécessaire pour que le chef d'entreprise puisse avoir un horizon de reprise. Visibilité signifie adaptabilité et réactivité ».
Repartir à l'assaut de la croissance c'est aussi soutenir le dirigeant, pas uniquement l'entreprise. Et Lionel Canesi en remet une couche sur sa proposition de permettre à ce que le chef d'entreprise ait également le droit à une indemnité partielle. Dans la balance, pèse également le poids de ces entreprises dont le dirigeant est en âge de prendre la retraite et qui pourrait stopper son activité. Des entreprises qui en disparaissant, en n'étant pas transmises ni reprises, créeraient un trou, un manque dans l'économie française.
Dettes « Covid » mises de côté
S'il est certes difficile « de savoir comment l'activité économique va repartir » - quels secteurs, quel type de consommation - Lionel Canesi en remet aussi une couche sur un sujet qui a beaucoup fait parler de lui dès les premiers mois de la crise : le consommer français. « Consommer français, c'est sauver son emploi », appuie-t-il. Une sorte de cercle vertueux qui contribue fortement à la création de la croissance.
Reste que la question est toujours - et de plus en plus peut-être - celle des PGE. Certes, les banques ont retardé d'un an le remboursement de l'amortissement mais la problématique est bien plus large. Pour le président du Conseil supérieur de l'Ordre des experts-compatables, la réponse est dans la « mise de côté des dettes Covid. Si, sans les dettes Covid, une entreprise est viable, il faut la soutenir, l'aider », répète-t-il encore. Et là les experts-comptables voient leur rôle être prépondérant, dans cette identification des entreprises qui ne doivent pas être liquidées avec l'eau du bain de la crise. Très engagées auprès des tribunaux de commerce, les experts-comptables vont devoir être à la fois dans le repérage des entreprises à sauver et dans l'explication de pourquoi elles doivent être sauvées. « Identifions les entreprises capables de générer de la croissance et de participer à la relance. Ne nous trompons pas, le dirigeant qui peut rembourser le PGE au bout d'un an, le fera. Le chef d'entreprise n'aime pas la dette. Il faut faire confiance aux dirigeants. La clé de la reprise passe par nos TPE PME ».
Il faut aussi anticiper, souligne Lionel Canesi. « Nous savons que nous devons nous préparer à une nouvelle pandémie. Aidons les entreprises à aller sur le numérique lorsqu'elles ont du mal à l'intégrer dans leur business-modèle. Et arrêtons le flou. Le chef d'entreprise qui se demande comment faire, qui manque de visibilité ne se pose pas sur les investissements, sur la stratégie. La relance est l'enjeu de tous ».
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