Il se dit « fils de Nice » et n'imaginez même pas le contredire. Jean-Baptiste Pietri est « 100% niçois », même si nom est, comme il le dit en plaisantant, « bien originaire de l'île d'en face ». Comprendre la Corse.

Niçois et donc très fier de l'être Jean-Baptiste Pietri revendique aussi avoir fait le « vrai choix de rester » à Nice. Ses premiers pas d'étudiant s'orientent vers l'industrie du luxe et de la publicité. Des premiers pas professionnels l'emmènent d'abord du côté de l'hôtellerie. Puis c'est l'univers de la communication, à Monaco, au sein d'une agence reconnue où il devient directeur de clientèle. L'aventure dure presque trois ans. C'est la rencontre avec Sabri Ben Hassen qui est celle qui va tout faire basculer. Ce passionné d'aéromodélisme est le premier à percevoir le potentiel du drone, un nouveau « joujou » émergeant alors à peine - nous sommes au début des années 2008 - mais dont les multiples capacités sont déjà palpables. « J'ai accepté de l'aider six mois, et si ça ne fonctionnait pas, nous repartions chacun de notre côté ».

Patience et longueur de temps...

Mais ça fonctionne et Drone06 naît de ce duo très complémentaire. Un premier appel d'offre, conséquent et sur le long terme, leur permet « de se projeter et d'investir ». Les projets vont s'enchaîner assez vite, dans divers secteurs, du tourisme au cinéma en passant par l'événementiel et la télévision : Club Med, Des racines et des ailes, Top Gear, le Carnaval de Nice, des séries, des films, des épreuves sportives comme l'Ironman... Mais aussi, beaucoup de cartographie, d'inspection  thermographique et de modélisation d'ouvrages d'art, de chantiers...

« Nous avons développé nos activités et notre sérieux fait que nous sommes toujours là. Nous avons absorbé pas mal de moments délicats, de crises », dit Jean-Baptiste Pietri comme lorsqu'après l'attentat de juillet 2016, les productions étrangères ne souhaitent plus venir tourner en France. Parce que le drone, justement, s'est beaucoup démocratisé, Drone06 a aussi créé un pôle formation de télépilotes et réalise 20 sessions chaque année.

Car oui, le drone s'est démocratisé. « Nous avons été pionnier sur ce secteur et nous avons vu le marché évoluer. Nous pensions à un phénomène de mode, au contraire, ça s'est pérennisé. Tant que le drone était quelque chose de nouveau, de mal construit, cela éloignait les curieux », raconte Jean-Baptiste Pietri. Et les effets pervers. C'est le cadre légal introduit en 2012 qui est la date charnière qui a posé les conditions d'une réglementation. « Jusqu'en 2015, il fallait concevoir soi-même un drone, choisir le châssis, une nacelle, des ailes... Les évolutions technologiques ont donné naissance à des plateformes prêtes à voler, à des appareils capables de remplir tout type de mission ».

Pas l'eldorado

« Le drone, ce n'est pas l'eldorado », pointe d'ailleurs Jean-Baptiste Pietri. Alors que 8 000 opérateurs sont déclarés à la DGAC, seule une dizaine de sociétés en vit pleinement en France. « Il y a eu une automutilation du marché : beaucoup se sont positionnés sans être professionnels. Avec comme effet une augmentation de la demande puis une saturation de celle-ci. Et lorsqu'il n'existe plus de parts de marché à acquérir, la tentation est d'influer sur le prix pour aller chercher de nouvelles parts de ce marché. C'est un peu le phénomène qu'a connu la téléphonie mobile ».

Expérience et antériorité

Forcément, « avoir été positionné tôt sur le marché est une garantie. Notre socle c'est l'expérience et l'antériorité », souligne celui est entré fièrement cette année dans le classement Choiseul de la région Sud. « Nous sommes une équipe, nous sommes reconnus en tant que professionnels. Nous ne sommes pas une simple société niçoise, nous sommes une structure pionnière du drone en France, entourée de profils spécialisés ». Qui dit drone dit expertises multiples et « plusieurs métiers à la fois ». Drone06 c'est deux têtes pensantes, trois pôles - Image, technique, formation - dix compétences et un demi-million d'euros de chiffre d'affaires. Et plein d'idées pour continuer à garder la tête dans les nuages et les pieds ancrés dans le sol... niçois, si possible.