International : ces entreprises qui recrutent malgré la pandémie

Face au covid-19, les PME du Sud, désireuses de croître à l’étranger ont dû s’adapter pour poursuivre leur développement malgré les contraintes liées au déplacement des personnes et un marché chamboulé. Une adaptation qui passe bien sûr par le digital. Un sujet au cœur des nouvelles stratégies de prospection clients et de recrutements.
(Crédits : DR)

« L'activité d'export continue ». C'est ce qu'assure Nathalie Hagege, présidente du club Apex, club régional des entreprises exportatrices, basé à Marseille. « Sur les 150 entreprises adhérentes, 15 à 20 % d'entre elles recrutent ». C'est pour les accompagner dans cette dynamique que l'association a organisé fin novembre le forum Recrut'Export. Une petite vingtaine d'entreprises y a proposé une cinquantaine d'offres dont un bon nombre concernait des fonctions cadres tels que chargé d'affaire ou responsable d'agence. Voilà qui atteste d'un certain dynamisme à l'export même si, selon Loïc Bonnardel, délégué général au sein de l'Imed - association qui promeut le Volontariat international en entreprise auprès des PME - il faut distinguer deux types d'entreprises.

« Celles qui n'étaient pas très présentes à l'étranger ont eu tendance à mettre ces projets en suspens. A l'inverse, celles qui réalisaient une bonne partie de leur chiffre d'affaire à l'export ont continué à se projeter ». Indispensable pour se maintenir à flot et pour préparer une reprise dont la date demeure un mystère.

Pour certaines sociétés, la crise a même été synonyme de nouvelles opportunités. C'est ce que constate Cédric Lodovicci, directeur commercial d'ASD Group qui accompagne les entreprises dans leur développement à l'international. « Ceux qui faisaient de la vente en ligne ont vu leur activité s'accélérer et ont parfois constitué des stocks dans d'autres pays pour diversifier les risques liés au confinement. Beaucoup de clients nous sollicitent pour faire face à cette accélération ».

Ce qui implique pour les entreprises de se réorganiser. Car même si des marchés survivent ou se créent, tout l'enjeu est de se déplacer pour prospecter et assurer le suivi des clients. « A l'Imed, ce ne sont pas les projets d'entreprises à l'export qui manquent. L'enjeu est plutôt de savoir comment on envoie les VIE sur place. Nous nous apprêtons seulement à envoyer au Kenya un jeune qui est prêt depuis quatre mois », observe Loïc Bonnardel.

Loin des yeux, près du cœur

Certaines entreprises ont donc totalement revu leur manière de prospecter, à l'image de Capsum, entreprise basée à Marseille qui fabrique des cosmétiques à façon selon une technologie d'encapsulation. « Pendant cette période, nous n'avons eu quasiment aucune visite de client en présentiel », expliquent Adrien Benoliel et Laurie Dewandel, respectivement responsable recrutement et chargée de communication. « Alors nous avons lancé une box d'inspiration. Il s'agit d'une petite capsule que l'on envoie tous les deux mois et qui présente nos produits. Nous l'accompagnons de vidéos qui permettent de compléter le discours. Ce sont ensuite les commerciaux qui prennent le relais dans le cadre d'un rendez-vous digital avec le client pour présenter les produits et récolter les impressions ». Un projet que Capsum mûrissait déjà l'an dernier mais dont la mise au point a été accélérée par le confinement.

Dans le même temps, l'entreprise installait une usine à Austin, aux États-Unis. Un projet qui a forcément connu quelques contretemps étant donnée la fermeture des frontières. « Nous devions y envoyer un collaborateur pour accompagner le transfert industriel dans l'idée de rendre l'usine autonome. Cela était prévu en mars mais a été reporté à fin avril-début mai ». L'usine a par ailleurs nécessité l'embauche d'une trentaine de salariés en 2020. Parmi ces nouveaux venus, des techniciens et quelques commerciaux qu'il n'a pas été très difficile de trouver. « Aux États-Unis, beaucoup d'entreprises ont réduit leurs équipes, ce qui fait que nous avons eu plus de candidats ».

En plus des États-Unis, Capsum souhaite renforcer sa présence dans le Nord de l'Europe et recrute pour cela un chargé d'affaires. Idéalement une personne sur place afin qu'elle soit familière des us et coutumes locaux et qu'elle puisse se déplacer dans les marchés visés malgré les fermetures de frontières.

Recruter en « visio »

Un critère auquel est également attaché ASD Group qui est à la recherche de plusieurs profils pour renforcer ses agences à l'étranger. « Nous souhaitons embaucher des personnes capables de se déplacer et de développer un réseau dans les pays visés, avec bien sûr tous les outils de communication à distance que l'on connaît ». Et pour identifier les perles rares, elle a repensé son processus de recrutement en impliquant les responsables d'agences locales. « Ceux-ci rencontrent le candidat à l'occasion d'un rendez-vous qui permet de se faire une idée générale, de savoir exemple si la personne est ponctuelle et vient à l'heure au rendez-vous ». S'ensuit un entretien en visio-conférence avec le service des ressources humaines avant un troisième filtre pour les candidats les plus convaincants.

Le recrutement à distance est également privilégié par Traxens, inventrice phocéenne du conteneur connecté.  « Nous recrutons un chargé d'assistance client qui parle anglais, français et pourquoi pas mandarin, ainsi qu'un chef de projet applicatif », explique Melka Paris, directrice des ressources humaines. Des missions qui peuvent aisément s'effectuer à distance. « On peut tout faire de cette manière. Il est possible d'envoyer les boîtiers à nos clients puis de les accompagner grâce aux outils digitaux ». L'entreprise, qui travaille avec un architecte IT basé en Australie, est coutumière de ce genre de pratiques. « Si nous ne sommes pas suffisamment flexibles, nous serons rattrapés par des concurrents qui le seront davantage ». A l'inverse, une plus grande souplesse d'organisation permet d'élargir à moindre coût son marché tout en ayant la possibilité de faire appel à des talents du monde entier sans forcément les obliger à déménager. Un cercle vertueux.

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