Marseille-Fos : Stéphane Salvetat et les transitaires veulent ouvrir le port sur le monde

A la tête d'une société commissionnaire de transport installée à Fos, le natif de la cité phocéenne s'appuie sur un parcours tourné vers l'étranger pour développer le trafic de marchandises sur le territoire. Il a notamment œuvré au renouveau de la chambre de commerce franco-truque. Une vision internationale qu'il impulse aujourd'hui à travers le syndicat des transitaires et l'union maritime et fluviale de Marseille-Fos.
(Crédits : Olivier Emran)

Le refrain est connu, Marseille est la porte du Sud ouverte sur l'Afrique. Un couplet chanté en cœur, mais dans lequel une voix apporte une petite modification. "Il existe aussi l'Est et l'Ouest, nous il faut s'ouvrir vers le monde entier", souligne Stéphane Salvetat. Le directeur général du groupe franco-truc de transit LAM France et président du syndicat des Transitaires de Marseille-Fos s'amuse presque de sa position. "C'est un peu mon combat", reconnaît-il. Natif de la cité phocéenne, Stéphane Salvetat a toujours été attiré par l'étranger. "Dans ma famille beaucoup de personne avaient l'habitude de voyager y compris grâce à leur métier", raconte-t-il.

Assez logiquement, il débute à Aix-en-Provence des études de commerce international qui se terminent à Rotterdam avant de réaliser son service militaire à Berlin en 1994. "La France était en crise, pour trouver un emploi j'ai décidé de partir", explique-t-il. Alors qu'il est sur le point de rejoindre le Liban, c'est finalement en Turquie qu'il pose ses valises pour travailler à l'implantation de sociétés. Le pays ne lui est pas totalement inconnu. "Mon histoire familiale y très liée et j'avais commencé à étudier la langue", note-t-il.

Au cours de son parcours professionnel turc, il commence à travailler dans le fret. Un secteur qu'il n'avait jusqu'à présent approché que lors d'un stage. L'expérience tombe bien car elle lui permet de retourner à Marseille. "J'ai pu revenir en 98, et travailler dans l'international signifie forcément le transport", avance Stéphane Salvetat. Un retour qui ne signifie pas la fin de l'histoire avec la Turquie.

Acteur des échanges France-Turquie

Les liens avec ce pays restent en effet fort. Via la Chambre de commerce franco-turc (CCFT) notamment, un organisme dont il contribue au renouveau au début des années 2000. "Elle a été créée en 1973 avec l'aide de la chambre de commerce de Marseille, mais quand nous sommes arrivés il n'y avait plus de membre et plus d'argent", explique Stéphane Salvetat. A l'époque, les relations politiques avec la France sont tumultueuses. Mais c'est aussi le moment où la Turquie connaît un important développement économique.

"Nous avions trop peu d'échanges avec la Turquie et trop peu de leurs sociétés implantées ici, nous nous sommes attelés à faire du concret en nous focalisant sur deux dossiers pratiques : les bateaux roro et les lignes aériennes", détaille-t-il. La CCFT compte aujourd'hui également une antenne à Paris.

"Au-delà des investissements, les échanges avec la Turquie sont aujourd'hui très élevés, c'est autant qu'avec le Japon", se réjouit Stéphane Salvetat. En revanche, le poids de Marseille dans ces échanges "n'est pas satisfaisant car l'offre ne répond pas au cahier des charges sur les services, les chauffeurs et le coût de revient" juge-t-il. Aujourd'hui, c'est le port de Sète qui draine le plus d'activité.

Une entreprise en pleine diversification

"Pour un transitaire, c'est très difficile de travailler en France car il y a des lignes de partout, il faudrait avoir cinq bureaux", regrette-t-il. Une contrainte à laquelle Stéphane Salvetat se confronte directement. Après deux décennies à travailler en lien avec l'Est de la Méditerranée, il décide de lancer sa propre entreprise. Depuis 2012, il est à la tête de LAM France, une société commissionnaire de transport filiale du groupe turc Lyonel Antoine Makzume qui détient 65% du capital. "Les dirigeants de LAM m'ont toujours dit que le jour où je voudrais monter mon entreprise ils seraient là", raconte Stéphane Salvetat qui détient 35% de la boîte.

La société va lancer cette année un département aérien. Cela viendra compléter son offre de groupage, renforcée avec la plateforme logistique lancée sur la ZI des Agnelles à Fos-sur-Mer, et de shipping avec son agence maritime MLH Shipping France. "Nous sommes sur trois métiers, on verra ce que donne la logistique", se satisfait Stéphane Salvetat.

La logistique, c'est justement un sujet essentiel pour les acteurs du transport de marchandises et du port. Pour développer l'activité, l'accès vers l'hinterland doit être le plus rapide et étendu possible. Stéphane Salvetat est l'un des acteurs des évolutions sur ce secteur puisqu'il occupe depuis 2016 la présidence du syndicat des Transitaires de Marseille-Fos. Un mandat d'un an à chaque fois renouvelé.

Une arrivée "un peu par hasard", assure-t-il. "Je pense que c'était par rapport à mon expérience internationale que le syndicat est venu me voir, cela tombe bien puisque j'ai demandé d'avoir une politique tournée vers l'étranger", enchaîne-t-il. On le trouve aussi dans l'organigramme de l'UMF comme vice-président. "Le STM défend la marchandise, avec l'UMF nous travaillons pour le port", résume-t-il. Un port à ouvrir, encore plus, vers le monde.

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