Le plaidoyer de Christian Estrosi pour l’industrialisation et… plus de souplesse pour les collectivités

Lors de sa Matinée économique organisée à Nice, ce 5 novembre, La Tribune a réuni différents intervenants autour de sujets comme le tourisme durable, la 5G ou le jumeau numérique. Mais il a aussi été question de plan de relance et du rôle des collectivités, lors d’un échange entre l’économiste Nicolas Bouzou et le maire de Nice, président de la Métropole Nice Côte d’Azur. Morceaux choisis.
(Crédits : Eric Gaillard)

L'industrialisation et les « externalités positives »

Impossible de ne pas parler d'industrie à Nice, dans la ville même d'un premier Magistrat qui a été ministre de l'industrie. Et qui a fait des éco-technologies le vecteur de différenciation et de développement du territoire.

« Je suis un avocat de l'industrialisation. On sait qu'un pays, pour être prospère, a besoin d'avoir de l'industrie car c'est là que se fait l'essentiel de recherche et développement, parce que c'est l'industrie le secteur le plus exportateur, parce que l'industrie génère tout un tas d'externalités positives sur d'autres secteurs, y compris sur le secteur des services. On sait bien que la plus grosse partie du secteur des services en réalité, est tirés par un secteur industriel dynamique. La France et les territoires ont un coup à jouer », estime Nicolas Bouzou. « Parce que les technologies nous aident considérablement. Dans une usine on peut mettre beaucoup de numérique, d'IA, de robots, des imprimantes 3D. En réalité, les usines qui investissent beaucoup en nouvelles technologies peuvent être aussi compétitives ou quasiment aussi compétitives que des usines de la Côte est de la Chine. Il est plus facile de faire de l'industrialisation aujourd'hui qu'il y a 20 ans et cela passe par des politiques publiques. Toutes les politiques qui soutiennent les investissements, la robotisation sont d'excellentes politiques d'industrialisation ». De quoi conforter Christian Estrosi, le maire de Ni dans le choix fait il y a dix ans de construire l'Opération d'intérêt national Eco-Vallée. « J'avais dit « le tourisme nous fragilisera ». Je voulais à ce moment-là que Nice franchisse un tournant industriel. La croissance verte, n'était pas une activité identifiée comme telle et ce n'était pas la mode. C'est dans les crises qu'il faut se dire comment on va aller plus fort qu'avant en tirant toutes les conséquences d'avant ».

Le droit à l'expérimentation

La crise sanitaire, plus encore que d'autres crises, bouleversent les modèles connus, établis, habituels. Et pour se projeter dans un monde -  d'après ou pas - mais forcément différent il faut pouvoir tenter, essayer, éprouver. C'est ce que rappelle et demande aussi Christian Estrosi.

« La planète toute entière et les pays qui au plan industriel et économique en Asie, Amérique et en Europe étaient à la pointe de la croissance mondiale vont connaitre pendant deux ans une récession incontestable. Ce sont deux ans dont il faut mettre à profit pour rebondir beaucoup plus haut, beaucoup plus loin. Les gouvernements en général, sur un modèle qu'ils pensaient plus durable qu'il ne l'était en réalité, et qui n'ont pas compris qu'il à un moment fallait changer de paradigme et que le 21eme siècle serait fait de gestion de crise en crise. Elles peuvent être économique, sociale, sanitaire mais ça ne s'arrêtera pas. Car maintenant nous sommes dans un monde multipolaire et que ça aura des répercussions. Donc il faut un modèle plus adapté. C'est pour cela que je dis au gouvernement, à celui d'aujourd'hui ou à ceux de demain, au président de la République, dans les réformes à venir, il faut laisser le droit à l'expérimentation, il faut laisser le droit à l'adaptation par rapport à des géographise, des climats différents, des évolutions climatiques différentes. Pour cela il faut une nouvelle étape de décentralisation qui fasse plus confiance au territoire et qui centralise moins les choses ».

Ne pas tarder sur le plan de relance

France Relance et ses 100 milliards d'euros, c'est bien mais n'est-ce pas un peu tôt. Car avec un deuxième confinement, la relance paraît un horizon qui s'éloigne. Pour Christian Estrosi, au contraire, il faut y aller, même en confinement.

« La santé, la gestion de la crise sanitaire c'est l'essentiel. Tant que l'on sera sur une gestion en ligne de crête, on voit bien que ce sera difficile d'avoir une vraie relance ». Et le maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur de dire sa vision, proactive. « Durcir par petites touches (le confinement NDLR) retardera la relance d'autant. Pourquoi alors que nous savons tous que novembre est le mois le plus creux de l'année, ne pas tout arrêter 3/4 semaines, tout confiner pour avoir une chance que cette relance s'opère sur la fin de l'année quand on sait que fin de l'année tout ce que les gens ont mis de côté est réinjecté de manière brutale dans l'économie et peut nous permettre d'avoir une chance de relance ;

Il ne faut pas tarder sur le plan de relance. Oui il est bon mais c'est aujourd'hui qu'il doit être mis en action y compris en confinement ».

Les collectivités, maillon essentiel

Durant la première phase de confinement et depuis le déconfinement, les collectivités locales ont montré et démonté leur capacité à soutenir les entreprises, à répondre présentes sur le volet social et être réactive aux besoins terrains. Et elles ont aussi mis la main à la poche. Ce qui amène l'économiste Nicolas Bouzou à formuler une proposition, que « les aides aux entreprises soient considérées comme des investissements pendant la crise et qu'en conséquence, les collectivités puissent s'endetter un peu ». Ce qui fait immédiatement réagir le maire de Nice. « Les règles de Bercy, c'est de considérer qu'une collectivité qui ne respecterait pas le principe de ne pas d'augmenter de plus 1,5 % ses charges de fonctionnement annuelles et de dépasser le gap de 12 ans de capacité de remboursement de sa dette doit être pénalisée. Si l'aide aux entreprises est considérée comme une part de notre budget de fonctionnement on va entrer dans ce dépassement de 1,5%. Ce que formule Nicolas Bouzou c'est ce que nous demandons avec France Urbaine au gouvernement, d'accepter de considérer ces aides soient intégrées en part d'investissement dans notre budget pour respecter les règles de Bercy ».

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Commentaire 1
à écrit le 09/11/2020 à 20:22
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Qu’a t il fait avec son ami Sarkozy pour la retenir......

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