Ambition Capital, le capital investissement et la stratégie de promotion

Elle est régionale, récente, réunit une vingtaine de fonds implantés à Nice ou Marseille. Et son sujet c’est le financement de l’innovation et de la croissance. Basée dans la Cité phocéenne, l’association se veut le porte-drapeau de ce capital investissement, bien structuré, capable de soutenir PME et ETI mais qui souffre encore parfois d’un manque de confiance et d’images d’Epinal très ancrées. Une mission vaste. Mais pas impossible.

Le financement des entreprises - startups, PME ou ETI - était déjà un sujet avant la crise. Il l'est d'autant plus dans le contexte actuel. Investir au capital de ces pépites qui ont besoin de cash pour grandir, se développer, poursuivre R&D et innover est l'une des problématiques maintes fois abordées. On sait les crispations - il manque des acteurs sur divers segments - les craintes - ouvrir son capital, est-ce bien ou mal ? - et les besoins exprimés - les fonds sont le relais qui fait du bien aux entreprises et qui rassure les autres partenaires financiers, notamment les banques.

Pas le loup de Wall Street

En Provence Alpes Côte d'Azur, les fonds d'investissement sont assez nombreux, pluriels, certains axés sur des secteurs particuliers, d'autres intervenants en co-financement. Avec finalement beaucoup de complémentarité plutôt que de réelle concurrence.

C'est bien pour jouer sur cet effet de force commune qu'Ambition Capital* s'est structurée. Créée par une vingtaine de fonds installés à Marseille, Nice ou en Corse, l'association a plusieurs objectifs, intimement liés, dont celui, premier, de mieux adresser les besoins des entreprises régionales.

C'est exactement ce que martèle l'un de ses membres fondateurs, Franck Paoli, rappelant que « nous fonctionnons tous ensemble. Nous travaillons en parfaite synergie les uns avec les autres, avec une constante de collaboration plutôt que de compétition ». Renforcer la visibilité globale est aussi l'une des raisons qui ont poussé à l'émergence de ce nouvel acteur. Et cela d'autant plus que la CEFIM, la communauté économique et financière de Marseille qui réunissait les fonds, les avocats, les experts-comptables... a cessé toute activité en 2018, après 30 ans de présence active. Créant un manque de visibilité et de concertation, qu'il fallait donc combler.

Mais le sujet principal est bien ailleurs. Dans la capacité à ces fonds de servir, ensemble, les besoins des entreprises du territoire régional. Si d'après les premiers enseignements de la crise qui secoue l'économie depuis plusieurs mois, les entreprises ayant un fond d'investissement à leur capital, ont fait preuve de meilleure résistance, restent les craintes ancrés et les images d'Epinal difficiles à effacer.

« Accueillir un fond d'investissement à son capital, ce n'est pas faire entrer le loup de Wall Street dans la bergerie », s'agace presque Franck Paoli, dénonçant sans doute le préconçu le plus répandu.

Tickets plus importants

Le propos, c'est au contraire de démontrer que la pluralité des fonds présents sert les besoins des jeunes pousses, des PME comme des ETI. « Tous les fonds présents en Provence Alpes Côte d'Azur sont des acteurs de même taille avec des capacités d'investissement pouvant aller de 2 à 5 M€ », pointe encore Franck Paoli. « En travaillent ensemble, nous pouvons structurer les levées de fonds intelligemment et efficacement, proposer des synergies qui permettent de couvrir les besoins des entreprises et de trouver, à plusieurs, des solutions réunissant plusieurs millions d'euros ». L'idée étant de fournir une réponse globale qui serve les attentes des entreprises, avec des tickets logiquement plus importants que seul, qui « correspondent aux besoins du territoire ». Sous-entendu, pas besoin d'aller chercher ailleurs monnaie sonnante et trébuchante, que ce soit à Paris, à New York ou ailleurs.

« Nous pouvons monter, ensemble, à plusieurs dizaines de millions d'euros, proposer des solutions qui vont couvrir le spectre de la PME et de l'ETI. Nous savons mobiliser les fonds mais aussi les équipes », ajoute pour sa part Alexandre Flageul, rappelant mine de rien que le capital-investissement ce ne sont pas que des euros injectés mais aussi des compétences apportées.

Si les PME et les entreprises de taille intermédiaire sont facilement adressables, les startups demeurent une cible avec des trous dans la raquette.

Manque aussi en région « un spécialiste du retournement », regrette Franck Paoli.

Se rapprocher des filières

Pour gommer les images d'Epinal, pour calmer les craintes, il faut aussi faire savoir. Rassurer, expliquer parfois auprès des chefs d'entreprises eux-mêmes. Mais aussi se faire connaître de certaines filières pourvoyeuses de croissance pour le territoire, d'autres, impactées par la crise, habituellement dynamiques, qu'il faut soutenir et qui n'ont pas le réflexe naturel de faire appel au capital-investissement. « Nous devons nous faire connaître de secteurs tels que le tourisme ou l'aéronautique », indique Alexandre Flageul, rappelant que « dans notre région, certaines filières sont plus impactées que d'autres par le contexte économique ».

Dans l'après-PGE, ce moment, craint par les dirigeants et les banques, du manque de fonds propres, le capital-investissement est-il une réponse à valoriser ? « Remplacer de la dette qui s'appelle PGE par des prêts participatifs... ça reste de la dette », note Alexandre Flageul. « La Banque de France a déjà prévenu qu'elle analysera le tout comme de la dette. Si on veut mettre de la pérennité dans le paysage économique français, il faut mettre la main à la poche. Notre métier consiste à prendre des risques ». Les données de France Invest sont d'ailleurs là pour rappeler concrètement l'apport du capital-investissement dans l'économie régionale. De l'ordre de 500 M€ en 2019, investis dans 130 entreprises. 3,6 Mds€ au total, au cours des dix dernières années.

L'enjeu de l'ancrage territorial

Mais pour aider les fonds à être les plus efficaces possible, n'y aurait-il pas deux, trois leviers à activer ?

Quid du fléchage de l'épargne des particuliers - sujet récurrent ? « C'est évident, il faut un écosystème d'investisseurs. Nous avons un marché, mais il ne faut pas l'inonder de liquidités. Au risque, sinon, de créer de la mauvaise performance », dit Alexandre Flageul. « Il n'y a pas que le fléchage de l'épargne. C'est bien de flécher, mais il faut aussi laisser la libre entreprise. Abaisser les contraintes des institutionnels afin de les laisser effectuer leur métier ». L'objectif est évidemment de faire en sorte que « les entreprises demeurent régionales. Que l'écosystème soit le plus fort possible en région. Il y a l'argent, la volonté, le professionnalisme ». Et des intérêts convergents...

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*Les fonds adhérents d'Ambition Capital sont A + Finance, BNP Développement, Bpifrance, CAAP Création, Connect Pro, Côte d'Azur Capital, Créature, Crédit Mutuel Equity, Go Capital, Ixope, Jump Venture, SC Capital Partenaires, Sofimac Innovation, Tertium, Turenne Capital, P Factory, Région Sud Investissement, SCR Provençale et Corse, Smalt Capital, Sofipaca.

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