Tempête Alex : la réponse du monde économique

Fonds de soutien, appels aux dons de matériel, mise à disposition de compétences voire de moyens technologiques… depuis une semaine, les entreprises et les organisations professionnelles sont mobilisées pour apporter leurs aides logistiques, matérielles, opérationnelles aux sinistrés les vallées de la Roya, de la Vésubie et de la Tinée. Car le moment est à l'urgence, aussi pour les entreprises, majoritairement artisanales et agricoles.

C'est le chiffre qui résume à la fois l'ampleur et les besoins des trois Vallées touchées par la tempête Alex. 1 milliard d'euros, c'est ce qui, selon les premières estimations, est nécessaire pour reconstruire, redonner vie et activité économique à la Roya, à la Tinée et à la Vésubie.

Certes, les premières minutes et les premiers jours ont été dédiés aux besoins d'urgence immédiats et c'est d'ailleurs encore le cas.

Mais dans les constats, il y a évidemment ceux qui touchent les entreprises. Des entreprises, majoritairement TPE et PME, artisanales et agricoles.

 TPE PME artisanales

Comme dans chaque crise climatique - et les Alpes-Maritimes en ont connu déjà certaines, dont les inondations en 2015 ou encore l'an dernier - le guichet unique de la chambre de commerce et d'industrie Nice Côte d'Azur, via un numéro tout simple a été réactivé. Prioritairement pour recenser les TPE PME impactées et pour identifier au plus vite leurs besoins. Car à l'urgence immédiate, succède une urgence économique évidente. "Il s'agit d'évaluer la perte d'exploitation, le recours envisagé à l'activité partielle, le nombre d'emplois impactés et surtout d'identifier les besoins pour y répondre", détaille Jean-Pierre Savarino.

Car si l'essentiel est de permettre à tout habitant de retrouver un toit et des biens de première nécessité, très vite va aussi se poser la problématique des entreprises. Des très petites et moyennes entités, axés artisanat et agriculture, dont certaines - très peu cependant - ont perdu leur parc machine d'après les premières estimations rendues possibles.

Evidemment, le monde économique qui connaît parfaitement les aléas qui vont se poser dans cette phase d'après est d'ores et déjà mobilisé, au travers de diverses initiatives à l'instar de celle menée par le collectif initié par Benjamin Mondou, le dirigeant de Lafage Century qui réunit une vingtaine d'entrepreneurs de tous secteurs ou encore la cagnotte en ligne impulsée par Marcel Ragni, le PDG de Ragni SAS sur Leetchi.

Les institutions, telles un seul homme, ont aussi débloqués des fonds orientés soutien aux entreprises. 17 M€ de la part du Département des Alpes-Maritimes dont 2,5 M€ d'aides aux acteurs économiques. 10 M€ de la part de la Région Sud pour les communes, les exploitations et les entreprises, somme investie aux côtés de la Métropole Nice Côte d'Azur qui a demandé au gouvernement des dégrèvement de taxes et de cotisations foncières, dont la CVAE, assorti d'une possibilité d'échéanciers à mettre en place pour les entreprises touchées.

Des mesures qui soulagent que partiellement évidemment ces TPE PME. Difficile aujourd'hui de connaître précisément le nombre d'entreprises dans l'incapacité de poursuivre leur activité ni même le degré de gravité de l'impact. Parmi les 1 300 entreprises artisanales recensées dans les Vallées, 400 à 600 d'entre elles sont potentiellement concernées d'après la Chambre des métiers et de l'artisanat. "Certaines sont totalement détruites, d'autres pourront prendre leur activité plus ou moins rapidement. D'autres encore voient leur activité mise à l'arrêt par manque d'infrastructures, dont les infrastructures routières", explique le président Jean-Pierre Galvez.

Faire le lien avec les bureaux d'études

En première ligne, le monde des TP et du bâtiment est déjà à la manœuvre.

Ainsi que l'explique Laure Carladous, les entreprises liées aux collectivités par des marchés à bons de commande sont déjà sur le terrain depuis le lendemain du passage d'Alex. Mais plus largement, "la profession, SMABTP, BTP Banque, tous les organes de la profession sont prêts" à apporter leur pierre et leur expertise à l'édifice.

Après la réponse à l'urgence et cette première activation de compétences, reste à connaître les besoins véritables dans la phase de reconstruction. "Il faudra faire le diagnostic de tout ce qui peut être conservé, de l'état des voies ferrées notamment, des acheminement en réseaux", indique la présidente de la FBTP06. "Nous nous proposons de faire le lien avec les bureaux d'études, notamment lorsque arrivera la phase de reconstruction". Une phase où il faudra mener une réflexion sur l'aménagement du territoire. On sait déjà que l'Etat ne souhaite pas reconstruire à l'identique... Pour l'heure le débat n'est pas d'actualité, pas encore tout à fait, même s'il arrivera, forcément, rapidement.

Produire de la data du nouvel existant

Dans ce contexte particulier, on imagine les nouvelles technologies pouvoir jouer un rôle particulier. Cartographier le nouvel existant, apporter une approche pointue et techno là où le besoin urbanistique ou autre se fait sentir... "Pour l'heure le survol en drones n'est pas possible, les Vallées étant en Zone interdite temporaire (ZIT)" explique Jean-Baptiste Pietri, co-dirigeant de Drone06. Pourtant la technologie de la PME basée à Nice pourrait permettre de cartographier précisément ces terrains qui ne ressemblent plus à ce qui était connu. Et cela serait d'autant plus utile pour fournir des données fiables aux personnels mobilisés comme les Gendarmes, l'Armée ou la sécurité civile sur le terrain, personnels qui ne connaissent la topographie des lieux. "Nous sommes capables de fournir une carte à jour du terrain", appuie Jean-Baptiste Pietri, d'autant plus que la modélisation 3D permet d'indiquer la déclivité de telle pente ou de telle autre. Evidemment, la technologie par drone sera tout à fait adaptée à la phase d'après, celle de la reconstruction, quand il faudra inspecter les ouvrages d'art, les infrastructures endommagées et faire le point sur leur capacité à être restaurées, réparées ou pas. "Grâce aux drones équipés de caméras zoom ou de caméras thermiques, grâce aux télémètres laser aéroportés, nous pouvons être extrêmement précis", ajoute le dirigeant de l'entreprise qui s'est également équipée d'un téléphone satellitaire, qu'elle est prête à mettre à disposition selon les nécessités.

Favoriser la reprise d'activité

"La volonté est d'aller vite pour que les Vallées ne meurent pas", pointe Laure Carladous. Et pour que les entreprises des Vallées ne meurent pas davantage, il faut du matériel informatique, du matériel de bureau, des équipements, de l'outillage... Tout ce qui est utile pour reprendre un début d'activité. C'est le sens de l'appel à solidarité lancé conjointement par la CCI Nice Côte d'Azur et l'UPE06 qui espèrent dans les 15 prochains jours réunir tout ce qui est nécessaire pour permettre aux TPE PME de poursuivre leur chemin.

Côté aménagement, c'est là encore toutes les expertises présentes sur le territoire en matière de prévention et de gestion de risques, de compétences particulières qui vont être sollicitées. Une sorte d'union qui fait la force. Cette phase est majeure a plus d'un titre. La réflexion est nécessaire, le débat aura forcément lieu et il faudra aller suffisamment vite sans pour autant aller trop vite. Et c'est encore Laure Cardalous qui résume bien la problématique. "Il ne faut pas confondre urgence et précipitation".

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