Philippe Darmayan, l'industrie 4.0 et l'horizon 2023

Alors que la crise rebat les cartes et les acquis, que le plan de relance pousse à l'industrie moderne, propre, numérique et exportatrice, le président de l'UIMM, présent à Cagnes-sur-mer près de Nice, en profite pour exhorter les entrepreneurs à la juste prise de risque, à surtout savoir s'appuyer sur les compétences humaines et internes et à voir loin, ni trop, ni trop peu. Où comment, dans un environnement de risque, parier sur les opportunités.
(Crédits : DR)

L'industrie 4.0 est dans les discours depuis longtemps déjà. Parfois comme une incantation, parfois comme une supplication. Car le sujet divise. Tout au moins il interroge. D'un côté, ceux qui aimeraient bien mais ne savent point. De l'autre, ceux qui savent et en font un cheval de bataille. Mais ça, c'était surtout avant. La crise, et tout ce qui va avec en terme de remise en question et d'effet d'accélération, à fait de l'industrie 4.0 un sujet central de la reprise économique. La preuve, c'est même au centre du plan de relance.

Ecouter ce qu'imposent les marchés

"Dans un monde de chaos, les transformations sont nécessaires", résume presque, philosophe, Philippe Darmayan. Le président de l'UIMM est forcément un fervent défenseur de cette industrie de pointe, moderne et numérisée, propre, forte à l'export. Mais le sujet n'est pas tant dans le fond que dans la forme. Et c'est précisément ce qui vaut à Philippe Darmayan sa venue à Cagnes-sur-Mer, près de Nice ce 8 octobre au sein de l'entreprise Ragni. Car ici l'UIMM Côte d'Azur pousse depuis longtemps déjà les entrepreneurs du territoire à s'inscrire dans cette industrie de demain. Et à force de pousser, un Parcours Dirigeant 4.0, formation de 9 mois, a été mis au point. Suivie intégralement par... des femmes. Mais l'initiative à l'avantage de faire ressortir les craintes, les freins et finalement, de dresser le constat que tel Monsieur Jourdain et sa prose, certaines entreprises font de l'industrie 4.0, sans la nommer ainsi.

Les freins sont essentiellement psychologiques, basés sur des craintes, avouées ou non. "Il est question de rentabilité avérée ou pas, de remise en cause, toujours difficile à accepter, de peur de la réaction du salarié", complète Daniel Sfecci, président de l'UIMM Côte d'Azur, porte-drapeau de l'industrie 4.0 depuis longtemps. "Il faut écouter ce que nous imposent les marchés. La question à se poser est que faut-il pour que la France redevienne glorieuse sur le plan industriel ? Et nous n'avons pas attendu le plan de relance pour cela".

Le bons sens industriel

La crise - quelque soit son origine et sa forme - doit pousser l'entrepreneur "à avoir une vision du risque en ne considérant pas comme acquis ce que nous connaissons depuis toujours", dit Philippe Darmayan. Qui pousse la réflexion plus loin. "Que fait-on vraiment de la technologie 4.0 ? Quelle relation entre le chef d'entreprise et les collaborateurs pour entrer dans un monde d'agilité ?" La question se pose même au point d'envisager d'inclure ce volet social et cette orientation nouvelle dans la convention collective, actuellement en pleine réforme. "Une entreprise dans un environnement de risque ne doit pas forcément voir le danger, mais plutôt les opportunités".

La somme de 100 milliards d'euros posés dans le plan de relance, la baisse des impôts de production, évidemment tout cela va dans le bon sens industriel. Mais Philippe Darmayan exhorte surtout les entreprises à se projeter. "Imaginez-vous à l'horizon 2023. On se voit dans une société qui est allé très fort sur la neutralité carbone. On veut une France dans laquelle le mouvement des Gilets Jaunes ne se reproduit plus. On veut une France capable de produire ce dont elle a besoin. Il faut travailler sur la compétitivité des entreprises. Il faut une continuité de la baisse des impôts de production, il faut produire de l'hydrogène vert... Et se dire que tout part des compétences dont on a hérité".

Mais pour se projeter à dans 3 ans, il faut un élément indispensable à l'entrepreneur : de la clarté. Philippe Darmayan dénonce ce "maquis de guichets" qui peuvent que perdre l'entrepreneur, notamment dans le cadre de la relance. Ce qu'il faut c'est "une tonalité générale, savoir aujourd'hui, ce que sera la France de 2023".

Aux entrepreneurs, il redit avec insistance : "Travaillez sur 2023, sur ce que doit être votre marché, les changements sociétaux. Soyez une entreprise apprenante, agile, capable de fonctionner dans un univers de chaos".

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