Jean-Michel Arnaud : "Le Palais des Festivals doit être un Palais à mission"

Depuis quelques semaines, c'est lui le pilote dans l'avion SEMEC, la société d'économie mixte qui gère ce haut lieu de congrès BtoB et décor immuable du Festival du film, vrai bras armé événementiel de la ville de Cannes. Alors que l'économie se crispe, cet entrepreneur aux multiples expériences maintient le cap, prône l'agilité, l'enthousiasme (maîtrisé) aussi.
(Crédits : DR)

Son arrivée a été une surprise. Lui, dit avoir "pris le temps de réfléchir". En acceptant la présidence de la SEMEC, la société d'économie mixte pour les événements cannois, ce serial entrepreneur, tel qu'il se définit lui-même, ajoute une ligne et une expérience de plus à son CV, déjà riche d'un parcours intégrant le conseil en développement économique pour les entreprises, le marketing, mais aussi les médias - c'est lui qui lance Metro en France en 2002 avant de mener le déploiement en Europe - tantôt à la tête de sa propre société, tantôt au sein de grands groupes. Toutes ont un point commun : le challenge.

Au service de la collectivité

A Cannes, le challenge est réel. Jean-Michel Arnaud a bien sûr dit oui en parfaite connaissance de cause. Il connaît d'ailleurs bien le Premier magistrat de la ville. C'est ensemble qu'ils publient un livre, "Refaire communauté : pour en finir avec l'incivisme", en 2018. Forcément, ça crée des liens... Ou plus exactement, ça les renforce, les deux hommes se côtoyant de longue date. Jean-Michel Arnaud fait également partie des 20 personnalités choisies en 2019 pour constituer le comité Cannes on Air, dont l'objectif est de structurer la filière des industries créatives sur le sol cannois. Le rapport entre David Lisnard et Jean-Michel Arnaud est clairement un rapport de confiance.

"Je mets mon expérience au service de la collectivité", commente le nouveau président de la SEMEC, dont la feuille de route consiste à impulser la stratégie de conquête indispensable pour conserver au bras armé de la ville tout son pouvoir d'attractivité et son aura à l'international. Un challenge on vous disait. Mais pas une mission impossible.

Prendre le bon "sens"

L'arrêt de la tenue des congrès et de toute manifestation événementielle contribue évidemment à une remise en question tout autant qu'à une remise à plat des stratégies. Le numérique est par ailleurs devenu un élément central de ces stratégies, mais pour Jean-Michel Arnaud, la question, en vrai, n'est pas nouvelle. "Cela fait bien longtemps que les organisateurs de congrès se préoccupent du numérique. La crise sanitaire a servi d'accélérateur, mais on ne découvre pas le sujet". Bien au contraire, "la dimension numérique a déjà commencé à entrer dans ces rendez-vous BtoB", et de fait, "ce métier évolue". Pour autant, il ne faudrait pas croire que le tout numérique va l'emporter. "Est-ce que les formats vont évoluer ? Oui et c'est à nous de les faire évoluer", pointe Jean-Michel Arnaud, rappelant que "c'est rarement le leader de la bougie qui invente l'électricité".

La créativité, l'inventivité, l'adaptabilité sont nécessaires, essentielles même. Ce sont elles qui doivent participer à l'élaboration des stratégies de reconquête.

"Nous sommes dans une filière événementielle et nous devons proposer une offre plus contemporaine, qui permette aux participants de ces manifestations de mieux se rencontrer". Mieux étant synonyme de différent. Car, souligne Jean-Michel Arnaud, "nous sommes à l'époque du sens".

Avoir du sens, donner du sens... "Il doit y avoir un Palais à mission. C'est cela que je porte. Cannes est une ville internationale mais que doit être Cannes à l'international ?", pose celui qui s'y connaît en marketing et en déploiement à l'export, sur ce dernier point sa casquette de conseiller au commerce extérieur de la France lui conférant une certaine expertise.

"Au Palais, nous connaissons le quoi, le comment mais il faut se poser la question du pourquoi ? Ce que nous faisons c'est pour nos clients, pour la ville. Le sens, la raison d'être, c'est cela le pourquoi. C'est ce qui permet de retrouver de la valeur. Et à Cannes, nous avons tout pour cela".

Carnet de commandes rempli

La reconquête, le renforcement de l'attractivité dessinent leurs contours stratégiques en "regardant nos clients et les clients de nos clients. Nous dialoguons ensemble au quotidien, de façon permanente, car de la santé de leur activité dépend la notre. Il était nécessaire que les jauges tombent (dès le 1er septembre, les foires et salons peuvent rouvrir sans jauge limite NDLR), il faut que l'activité de transport reprenne, car nos clients ont besoin de cela. La reprise, pour certains secteurs, est encore difficile. Il est indispensable que les clients de nos clients contribuent - par leur participation financière et leur présence physique - à l'activité de congrès. Nos économies sont figées alors qu'elles sont faites pour être ouvertes. N'oublions pas que notre monde est interconnecté".

Pour l'heure, le carnet de commandes pour 2021 est rempli. Mais, fait remarquer Jean-Michel Arnaud, "il l'était aussi pour 2020". Aujourd'hui, le chiffre d'affaires de la SEMEC est amoindri de 60 %. Pour faire face, un plan d'activité partielle a été mis en place, permettant "d'envisager l'avenir avec plus de sérénité".

Le plan de relance est l'objet actuellement de toutes les discussions et de tous les brainstorming. Un plan, évidemment, "capital".

Un plan qui prend bien évidemment en compte ce que font les autres destinations, celles qui sont les concurrentes principales. "Nous regardons depuis un an", précise Jean-Michel Arnaud. Il n'y a donc pas que l'effet du virus qui aiguise l'attention de l'équipe dirigeante. "Il faut regarder le marché, nos concurrents et nous-mêmes", résume le président du Palais des Festivals et des Congrès. Ce qui signifie, "regarder où trouver de la valeur, bien connaître son entreprise, bien connaître ses équipes par rapport à un marché donné, considérer aussi les nouveaux entrants, ceux qui rendent le même service, mais autrement" détaille-t-il encore. Et de délivrer son approche, pragmatique mais positive. "Nous devons rester agiles, il faut de la remise en question. Et de l'enthousiasme, mesuré certes, mais de l'enthousiasme".

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