Focus Italie-France : 10 communi, l'opération (re) séduction de l'Italie envers la Côte d'Azur 1/3

Mis à mal par le contexte sanitaire, le tourisme italien souffre et cherche de nouveaux relais de croissance vers un marché qu'il connaît bien, le marché français. Mais pour être appétant, il faut innover, tant dans le fond que dans la forme. C'est le sens de l'initiative portée par la CCI italienne basée à Nice, qui entend connecter mieux encore ces territoires si proches, tant géographiquement, qu'économiquement.
(Crédits : DR)

Elles sont cousines, voisines, séparées par les Alpes mais avec des liens économiques historiques, forts, logiques et interactifs. Selon les données des Douanes françaises, en 2019, les échanges commerciaux entre la France et l'Italie représentaient près de 74 milliards d'euros. L'Hexagone est le deuxième client et fournisseur de la Péninsule, laquelle est le 3ème fournisseur et le 3ème client de la France.

Les rapports sont évidemment renforcés dès qu'il s'agit de territoires limitrophes. Comme cela est le cas entre la Côte d'Azur, La Ligurie et le Piémont.

Le tourisme, premier contributeur

Cette sorte de triangle est surtout un triangle d'or qui, économiquement, a une logique, des liens établis au long cours. Et en tant de crise, les problématiques des uns sont aussi les problématiques des autres. C'est notamment vrai pour ce qui concerne le tourisme. Un secteur porteur de l'économie de la Côte d'Azur, comme de la Ligurie ou du Piémont.

D'ailleurs, au global, le tourisme est même le premier contributeur aux échanges de services entre la France et l'Italie selon des données 2017 du Trésor.

La crise, sanitaire d'abord, provoquant une crise économique ensuite, joue sur la bonne santé de cette filière, primordiale d'un côté comme de l'autre des Alpes.

C'est pour encourager la reprise d'un secteur porteur d'emploi et de croissance que la chambre de commerce italienne de Nice a mis en place ce qui a d'abord pris la forme d'un projet avant de devenir un guide (papier) et une application.

Recréer le besoin

Baptisé 10 communi - 10 communes en français - il vise à mettre en avant des particularités touristiques des villes adhérentes à l'initiative. L'idée n'étant pas d'enfoncer des portes ouvertes, mais au contraire de faire connaître des lieux, curiosités, endroits... méconnus, de façon à donner ou redonner envie aux touristes de proximité de passer la frontière pour découvrir ce qu'ils ne connaissent pas encore.

Né avant le début de la crise, le projet prend forcément encore plus son sens dans cette phase de post-confinement, au moment où les fréquentations touristiques se sont affaiblies et où le manque d'une part non négligeable de touristes étrangers se fait sentir sur les business modèles.

Sujet de territoires

Bien sûr, chaque ville partie prenante du projet y va de ses arguments. Cuneo, l'une des villes les plus emblématiques du Piémont bien connue des voisins tricolores pour son marché hebdomadaire, insiste sur la refonte urbanistique et la piétonisation d'une partie du centre historique, rappelant les 40 M€ investis dans des travaux de refonte d'envergure.

A Bra, au pied des Langhe, du Roero et du Monferrato, paysages viticoles de renom, classés au patrimoine Unesco depuis 2014, on dispose aussi d'un lieu historique, baptisé Pollenzo, magnifique bâtisse acquise en au début des années 2000 par un ensemble de 300 membres, dont le fondateur de la slow food, Carlo Petrini. L'endroit possède notamment une Université des sciences gastronomiques qui prend place au milieu de l'ensemble, qui a nécessité 6 années de rénovation.

C'est toute cette richesse historique, culturelle et gastronomique que veut promouvoir 10 communi.

Mais l'enjeu ne s'arrête pas à un point sur la carte. Il est plus large et surtout, il est territorial.

"Promouvoir un territoire, c'est promouvoir une économie", insiste Patrizia Dalmasso, la présidente de la Chambre de commerce italienne à Nice. "On sait que lorsqu'il y a le tourisme, il y a l'économie. Nous devons promouvoir l'excellence de notre patrimoine".

Un territoire qui tente justement de s'adapter à la demande touristique. A Alassio, il a été décidé de déplacer le marché alors installé en périphérie, en plein centre-ville et ça, c'est pour attirer plus facilement les touristes, notamment les touristes français qui représentent, sur le million de visiteurs recensé chaque année, l'une des trois nationalités participant à faire à elles seules, la moitié de cette fréquentation. C'est dire l'importance de ne pas négliger les voisins. Qui doivent se "sentir comme à la maison", souligne Gianni Fogliato, le maire de Bra. Qui rappelle que "lorsqu'on parle de reprise, celle-ci passe par des relations étroites entre les villes et les régions". Un discours que relaye aussi Laura Gaggero, l'adjointe en charge du tourisme de la ville de Gênes. Gênes désireuse de montrer d'autres facettes de son patrimoine, notamment sportif alors que l'on voit d'elle presque exclusivement son visage industriel. "10 communi est la cerise sur le gâteau qui nous manquait pour adresser le marché français, un marché qui est primordial pour la ville". Et d'en rajouter une couche sur la nécessité stratégique d'appliquer une logique de territoire. "Nous devons développer des initiatives avec d'autres territoires", ce que fait d'ailleurs la ville portuaire avec Parme et Milan, créant ensemble une offre commune, prenant la forme d'une carte, sorte de pass de 3 jours. "Nous travaillons sur des itinéraires communs avec Turin et Alessandria", ajoute Laura Gaggero, Gênes étant par ailleurs jumelée avec Nice, la Métropole Nice Côte d'Azur, avec Marseille et la métropole Aix-Marseille Provence.

Favoriser l'export

10 communi prend donc la forme d'une application, disponible depuis le 16 juillet et d'un guide, format papier. La chambre de commerce italienne de Nice prévoit aussi une opération qui vise à promouvoir également le territoire azuréen afin de générer des flux de touristes transalpins. Une façon de renforcer les liens entre les territoires. "Il ne faut pas avoir la mémoire courte", estime Agostino Pesce, le directeur de la chambre de commerce italienne aux manettes du projet et qui accompagne les entreprises transalpines comme hexagonales, dans leurs projets export, de l'un ou l'autre côté de la frontière. Créer de la croissance, entraîner la fréquentation touristique c'est aussi nourrir les TPE PME qui y sont implantées et, avec elles, les territoires. Parfois l'Histoire fait plus que les fines stratégies imposées.

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