Jusqu'au début de l'épidémie, Didier Raoult vivait "tranquillement" sa vie de directeur de l'IHU Infection Méditerranée. Quelques mois auparavant, pourtant, il avait déjà goûté aux effets de la notoriété grâce à la découverte de la cause de la mort de Le Caravage - en l'occurrence un staphylocoque doré - venant ainsi résoudre 400 ans de mystère. Une première mise en lumière bientôt suivie d'une autre. Car la montée en puissance de l'épidémie de Covid-19 et les vidéos postées sur le site internet de l'IHU, indiquant que le traitement administré pour combattre cette nouvelle forme de Coronavirus fonctionnait, ont à nouveau dirigé les regards et les projecteurs vers l'Institut Infection Méditerranée.
Droit au but
Didier Raoult et les maladies infectieuses, c'est une passion. Créé en 2011, l'IHU bénéficie d'une aura internationale qui existait déjà bien avant la crise sanitaire. Celle-ci a juste révélé l'homme de médecine et son style, restés jusque là connus du monde scientifique mais pas du grand public. Un Didier Raoult qui s'exprime beaucoup via des vidéos enregistrées par ses équipes. Qui parle alors peu à la presse. Ce qui contribue à alimenter la légende d'un gourou original.
Pourtant, certains de ceux qui l'on côtoyé à Marseille affirment que ce moment de reconnaissance grand public, Didier Raoult l'attendait depuis longtemps. On imagine déjà l'homme écarter l'idée d'un revers de la main, considérer que ce sont "des foutaises". Peut-être que oui, peut-être que non. Mais en parlant vrai, sans s'encombrer de considérations du qu'en-dira-t-on, en pointant haut et fort les liens d'intérêt avec les laboratoires pharmaceutiques, en étant précis dans le vocabulaire employé et les mots choisis, Didier Raoult a imposé cette confiance que le sondage Ifop révèle.
Mais l'IHU n'en n'ai pas à son premier coup d'éclat. Par exemple, on se précipite du monde entier pour se faire soigner ici de la fièvre Q Whipped, une zoonose méconnue que l'IHU parvient désormais à guérir. C'est aussi et surtout la collection de microbes identifiés - 40 % des 2 700 connues chez l'homme - qui constitue la fierté de Didier Raoult et de ses équipes.
"Ici, nous sommes un hôpital de recherche", affirmait Didier Raoult à La Tribune en octobre 2018. "La moitié de nos patients sont inclus dans une forme de recherche". Ce qui donne nourrit une base de données, conséquente, et donne lieu à de nombreux articles, "75 % de ce que publie l'Institut Pasteur".
L'autre pendant, moins connu de l'IHU concerne l'incubation de startups, une dizaine, dont les prometteuses Pocramée, Biosqual ou Medihandtrace.
Confiance à Paris et dans le Sud
Avec 42 % de personnes interrogées lui accordant leur confiance pour réinventer la France, Didier Raoult semble avoir marqué les esprits durablement. Les données montrent aussi que les 18-24 ans comme les 65 ans et plus sont les plus enthousiastes, respectivement à 44 % et 56 %. Que les dirigeants d'entreprises sont plus convaincus - 39 % - que les salariés ou les sans emplois et que c'est en région parisienne - 43 % - mais sans surprise dans le Sud-est, à 53 % - que sont installés ses supporters. A Marseille Didier Raoult est peut-être diversement apprécié mais il a su montrer et démontrer que tout ne se passe pas à Paris et que dans les territoires aussi, on disrupte, on recherche, on fait avancer la médecine. Le conseil d'administration de l'IHU est composé de personnalités qualifiées, dont un certain Philippe Douste-Blazy ou Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique. L'IHU Infection Méditerranée qui avec le concours de la Région Sud organise une cellule pluridisciplinaire de suivi des patients testés positifs à la Covid-19 et traités au sein de l'Institut. Une façon, dans le temps plus long, de faire la preuve de concept ?
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