Covid Résistance, INCA et l'indispensable accompagnement du dirigeant

Déployé pour aider les entreprises et les associations de moins de 20 salariés, doté de 20 M€ pour l'ensemble de Provence Alpes Côte d'Azur, c'est le réseau Initiative qui dans le Sud, en a le pilotage opérationnel. Où il n'est pas question que de financement mais aussi beaucoup d'aide en matière stratégique, voire psychologique, comme l'expliquent Initiative Nice Côte d'Azur et sa présidente, Valérie Ammirati.
(Crédits : DR)

Depuis la mi-avril, c'est ce fonds qui est la soupape financière pour les entreprises et associations de moins de 20 salariés. Voulu par la Région Sud, accompagnée par la Banque des Territoires, Covid Résistance est surtout aux mains opérationnelles du réseau Initiative, présent sur le territoire via 19 implantations, en proximité, ce qui est évidemment la plus-value du réseau.

Sur le territoire de la Métropole niçoise et Pays de Paillon, c'est Initiative Nice Côte d'Azur qui est à la manœuvre. Un exercice que la plateforme azuréenne connaît bien puisque le financement des entreprises, c'est bien son quotidien et son savoir-faire. Sauf que, comme le souligne sa présidente, Valérie Ammirati, il s'agit habituellement de création ou de reprise d'entreprises. Or aujourd'hui ce sont des entreprises en souffrance, en difficulté, qui sollicitent une aide sonnante et trébuchante. Et les critères de sélection sont drastiques. Une obligation pour atteindre un objectif clair : aider le maximum de structures et faire en sorte que celles déstabilisées par la crise économique survivent.

Couvrir les besoins

"Les critères sont stricts", dit Valérie Ammirati, mais c'est pour la bonne cause. Et le critère numéro 1, c'est l'origine des difficultés rencontrées par l'entreprise, à savoir les conséquences du Covid-19. Ce qui de fait, élimine celles qui viendraient chercher un financement pour passer un cap difficile mais qui n'aurait pas de lien avec les conséquences provoquées par le coronavirus. Sur ce point d'ailleurs, Valérie Ammirati est ferme. "Avec ce premier critère, je crois que nous devons être des ayatollah".

Ce qui ne veut pas dire qu'il est facile de dire non à un entrepreneur. Lequel, parfois, peut avoir déjà bénéficié d'une aide financière venue d'un autre fonds spécifique Covid-19. Il n'est alors pas logique, pour la présidente d'Initiative Nice Côte d'Azur, qu'il y ait accumulation. Car encore une fois, le but est avant tout de servir le maximum d'entreprises et les fonds étant limités, il serait malvenu qu'une entreprise ne puisse avoir accès à un financement quand une autre en aurait bénéficié de plusieurs.

A ceux auxquels une réponse négative est faite, "nous leur expliquons aussi que ce n'est pas un manque de confiance en leur capacité à réussir à surmonter leur difficulté qui nous pousse à leur dire non, mais que nous considérons au contraire que, parce que par exemple, leur secteur va vite repartir, ils sont la chance de ne pas avoir besoin d'un financement d'urgence".

Une philosophie qui est de toute façon celle de la plateforme : "nous ne voulons pas être des béni-oui-oui, nous voulons servir les besoins".

Soutien business, pas que financier

Si, bien sûr, Covid-Résitance a vocation à apporter l'aide financière qui doit permettre de traverser la tempête économique le mieux possible, force est de constater que le chef d'entreprise qui effectue la démarche a aussi parfois besoin d'une autre aide, davantage centrée business modèle, développement, voire psychologique. C'est notamment pour permettre un échange entre dirigeants, encore plus esseulés par la crise, que des ateliers appelés Booster sont organisés avant chaque comité. Une façon pour chacun "de débriefer sur leurs difficultés, de partager les bonnes pratiques avec d'autres chefs d'entreprises", note pour sa part Marc Chacktoura, le directeur d'INCA. "C'est une sorte de réunion technique qui les sort de leur solitude. Parfois, l'entrepreneur se demande pourquoi il doit aller chercher de l'argent. Derrière la démarche financière, il faut un vrai plan d'action". Un constat qui a poussé le réseau Initiative à se rapprocher de EMCC France (European Mentoring and Coaching Council, Conseil Européen du Coaching, du Mentorat et de la Supervision) afin de doter les entrepreneurs qui en ont besoin, de séances de coaching - jusqu'à 3 heures - et ce pour les accompagner au mieux au rebond. D'autres partenariats avec d'autres structures d'accompagnement sont envisagées, notamment parce que parfois, c'est aussi d'une aide psychologique dont le dirigeant a besoin. "Certains entrepreneurs doivent faire le deuil de leur entreprise, soit dans la forme qu'elle avait avant, soit totalement", révèle Valérie Ammirati qui en tant qu'expert-comptable au quotidien est également confrontée à ces situations très délicates. "La pression est réellement lourde".

Faculté d'adaptation

Autre outil qui a déjà fait ses preuves, le parrainage, est également activé. Là encore parce que l'aide, les conseils d'un autre entrepreneur peuvent permettre à ceux dont le business modèle de leur entreprise est fragile, de mieux anticiper l'après et de repartir sur des bases saines, avec un modèle économique plus rentable. "C'est pour cela que chaque comité, qui est constitué de bénévoles aux compétences aguerries, comprend deux chefs d'entreprises au lieu de un seul habituellement", explique Valérie Ammirati. "Notre question principale est "ont-ils la capacité à rebondir ?" La faculté d'adaptation est un critère essentiel, il n'y a pas que le critère financier". Pour rappel, Initiative Nice Côte d'Azur octroie par an 250 prêts. Depuis l'activation de Covid-Résistance, 900 demandes ont été enregistrées. Une mise en perspective qui en dit beaucoup sur l'économie régionale...

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