Cette stratégie qui incite les armateurs de croisières à passer au vert

Elle s'appelle Charte Bleue et elle est née à Marseille. MSC, Costa, Royal Carribbean et Ponant l'ont officiellement paraphée ce 17 octobre. Un engagement de la part des croisiéristes qui n'est pas pour faire joli sur le papier mais qui inclut d'opter entre autres pour une réduction de la vitesse en entrée et en sortie du port de Marseille et d'adhérer à l'électrification à quai. Du concret qui correspond à la fois un enjeu environnemental et économique. Et sur ce sujet, c'est le travail d'équipe qui a payé.
(Crédits : Camille Moirenc)

Marseille et les fumées noires ont souvent fait la Une des médias. Et l'inquiétude des riverains. Les éradiquer, rendre la croisière la plus irréprochable possible c'est aussi le cheval de bataille de Jean-François Suhas. Depuis cinq ans, le président du Club de la Croisière Marseille Provence ne quitte pas son bâton de pèlerin, ni ne lâche sa conviction : "verdir" la croisière c'est possible. A condition de volonté et de travail en commun. Parce que bien sûr, changer les habitudes, bousculer les business modèles bien rodés, c'est moins facile "en vrai" que sur le papier.

Effet d'entraînement sur l'industrie

L'arrivée au printemps dernier d'Hervé Martel, le nouveau président du directoire du Grand Port Maritime a été l'occasion de reposer les arguments et de redire encore, qu'à force de travail en commun, il était possible de faire concret.

Puis est intervenu le plan Escale Zéro Fumée initié par la Région et son président Renaud Muselier qui n'a jamais caché son intérêt pour la défense de l'environnement et le développement durable dans sa définition la plus large. Un Plan annoncé début septembre et qui mobilise 30 M€ pour aider à l'électrification à quai dans les trois ports de commerce de la région.

Le branchement à quai qui fait justement partie des quatre obligations que pose la Charte Bleue initiée du coup par le trio GPMM, Région, Club Croisières Marseille Provence, les trois autres étant de manœuvrer dès l'entrée dans la zone de régulation avec du Maritime Gas oil à 0,1 % ou au GNL, favoriser les escales de navires au GNL et maintenir une vitesse de 10 nœuds dans la zone pilotée du port.

"Ces engagements ne sont pas inscrits dans la loi. C'est toute l'industrie qui est emportée", rappelle Jean-François Suhas, soulignant le bon vouloir des armateurs. Rappelant aussi que si certains sont convaincus, d'autres y viennent parce que... c'est bien. Mais ce n'est pas neutre. Car tout cela, coûte aux armateurs, économiquement parlant.  Sauf que "face à ces obligations, nous mettons du service. L'électrification à quai c'est du service", redit le président du Club Croisière Marseille Provence. "La croisière, c'est une belle ETI, c'est un 350 M€ générés et 3 000 emplois. C'est de l'économie réelle, très forte". Qui doit être chouchoutée, parce que la croisière est une manne économique. "Je crois à la croissance de notre marché et à la décroissance de la pollution", rajoute Jean-François Suhas.

Force collective

Le rôle du port est évidemment essentiel dans la mise en place de cette stratégie "verte". "Le sujet n'est pas simple et la réponse est collective", dit Hervé Martel, le président du directoire du Pot de Marseille Fos. Qui reconnaît que "soit nous arrivons à un modèle de croissance responsable, soit on va dans le mur".

Et qui dit aussi que la croisière est une réussite. Que l'objectif était d'en faire un axe de développement pour le territoire et que le vœu a été exaucé. Mais "le port ne peut pas faire une croissance qui ne soit pas durable".

Le Blue Maritime Summit que le Club de la Croisière Marseille Provence a organisé ce 17 octobre a aussi abordé le sujet du carburant. Scrubber, GNL, hydrogène... "Nous ne sommes pas sur une solution simple mais sur une solution mixte". Rejoint par Jean-François Suhas qui rappelle que "s'il existait une solution technique, le monde entier se jetterait dessus".

Le président du directoire du GPMM mise sur les programmes de recherche qui pourraient apporter des solutions par définition on encore connues. "Viser le zéro émission sur les nouveaux navires, à terme c'est possible".

Faut-il une réglementation pour aller plus vite ? "Il faut une réglementation qui norme. Il faut fixer des plafonds d'émission. Je ne suis pas favorable à l'écologie punitive".

Et après ?

Si ces initiatives vont évidemment dans le bon sens, comment penser déjà la phase d'après ? "Il faut baisser le coût de l'électricité", affirme Hervé Martel. Et pourquoi avoir recours au solaire, produire donc l'électricité sur place et surtout imaginer une solution smartgrids. Une idée qui est aussi celle de Jean-François Suhas. Qui le redit, "je suis un éco-moderniste. Mon rôle est de faire de la pédagogie auprès du territoire. Ces initiatives prises vont vers la ville. Il me semble essentiel de parler du port comme d'un port-citoyen".

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Commentaires 3
à écrit le 19/10/2019 à 9:00
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La loi devrait contraindre a horizon ! Difficile je crois .... Secrétaire général : M. Alexis KOHLER,

à écrit le 18/10/2019 à 10:33
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"avec du Maritime Gas oil à 0,1 %" de soufre ? "Il faut baisser le coût de l'électricité" pourquoi donc ? On a l'électricité la moins chère du Monde(Europe ?) parait-il, car nucléaire. C'est cher l'électricité, pour ça qu'il faut l'économiser. Le ga...

à écrit le 18/10/2019 à 9:45
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Leur business étant d'une bêtise abyssale la seule façon de ne pas se faire anéantir c'est de réagir très rapidement et sincèrement. C'est bien vu, ils ont vraiment intérêt à ne pas faire semblant. On attend une réaction encore plus forte et rapi...

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