Marcel Ragni : "L'industrie est un moyen de sauver l'économie"

Ambassadeur French Fab pour le Sud, il est un farouche défenseur d'une industrie qui est dynamique, séduit les jeunes, s'exporte, se remet en question… Une philosophie qui résume les valeurs défendues par l'industrie du futur. Une philosophie qu'il applique pareillement au sein de Ragni, l'entreprise familiale spécialisée dans la fabrication de solutions d'éclairage public, basée à Cagnes-sur-mer.
(Crédits : DR)

Le French Fab Tour qui passera par Nice en juillet prochain avec son concert de musique et sa journée de sensibilisation des jeunes ouailles est une des preuves que l'industrie sait se mettre au goût du jour quand il s'agit de se rendre attrayante. Lancée il y a un an, la French Fab a justement pour mission de remettre l'industrie au centre de l'économie. Une industrie qui est propre, vertueuse, numérique... Une industrie du futur qui embrasse toutes les opportunités. La perception qu'en fait le citoyen n'est sans doute pas aussi fine. On le sait, la mission (pas du tout impossible ) du Coq Bleu, l'emblème cocorico, est de redorer l'image et le blason, de montrer que le secteur est porteur d'avenir et que travailler à l'usine ne doit plus être perçu comme une voie de garage mais comme une voie d'avenir.

Pivot des mentalités

Pour porter la bonne parole, il faut des ambassadeurs. Des hommes et femmes de bonne volonté pour aller porter le message urbi et orbi. Marcel Ragni est l'un de ces ambassadeurs. En Provence Alpes Côte d'Azur, ils sont sept pour "couvrir" les six départements que compte la région. Et ce n'est pas de trop.

La French Fab, qui est porté par Bpifrance, fait sentir son action sur le terrain. Présent à Marseille pour l'étape provençale du French Fab Tour, Nicolas Dufourcq reconnaissait que les mentalités, peu à peu, pivotaient vers une autre vision de l'industrie. Marcel Ragni, lui, le reconnaît aussi, la French Fab "a le vent en poupe". Surtout, la façon dont elle est pensée permet "une bonne communication qui est relayée en région par les Ambassadeurs. Il y a également une volonté de la part des politiques de reconnaître que l'industrie est un secteur important pour l'économie".

Ouvrir les yeux... et les portes des usines

Un tout qui sied bien à un secteur qui ne demande pas mieux. "On sent que ce mouvement d'industrie du futur est porteur. Que l'industrie effraie un peu moins le monde de l'éducation". Car l'industrie a besoin de compétences, nouvelles, technologiques, numériques. Pour cela il faut avant tout modifier le logiciel qui voit ce secteur être négligé dans les parcours éducatifs. "Avec une solide formation et la volonté de travailler, on peut réussir dans l'industrie. Il y existe tout le potentiel pour réussir sa vie", assure Marcel Ragni. Les questionnements des jeunes lui font tout de même mesurer à quel point il existe encore des marges de progression. "Les questions sont souvent simples. Le message à faire passer c'est de dire, si vous êtes ouverts et curieux de ce qui se passe dans l'industrie, alors vous pouvez devenir un bon responsable, un bon dirigeant, un bon patron. Il faut savoir ouvrir les yeux". Et sur le sujet de l'éducation, il le dit fermement, "les enseignants sont les premiers relais. C'est par le biais de la French Fab qu'ils doivent nous solliciter pour ouvrir les portes de nos usines".

Comment, lorsqu'on dirige une entreprise âgée de 92 ans (Ragni est née en 1927 NDLR), distille-t-on l'esprit industrie du futur ? "J'ai fait en sorte que nos salariés soient curieux. Il y a un effet transparence qui se crée quand tous les métiers - bureau d'études, production... - se mélangent. Je veux que l'entreprise brille et que les salariés brillent par leurs sourires. La bonne ambiance permet de générer du chiffre d'affaires".

Former, former, former

La formation est aussi une brique essentielle. Et Marcel Ragni de dire tout le bien qu'il pense des contrats en alternance. Des contrats souvent mal perçus car l'alternant "est peu au sein de l'entreprise et beaucoup à l'école. On peut avoir l'impression que l'on paye leurs études. Mais pourtant, souvent, on a l'opportunité d'effectuer une embauche car ce jeune est formé à nos produits, il s'est socialisé avec l'équipe", et c'est donc tout bon pour l'entreprise comme pour l'étudiant.

En interne, la formation est tout autant la solution. "Faire de la formation en interne permet d'être plus performant. La formation est primordiale. Ce n'est pas parce qu'on est à un poste défini que l'on est arrivé au bout de ce que l'on peut apprendre. En réalité, on se forme tout au long de la vie. La formation, c'est tout le temps. Mes équipes me forment régulièrement à un nouveau discours, à une nouvelle façon de parler des produits".

Faire grandir l'industrie

Comme la French Tech avant elle, la French Fab doit permettre aux acteurs de l'industrie de se connaître ou de mieux se connaître, en tout cas de créer ce fameux écosystème, ce tissu mis en réseau qui doit éviter d'aller chercher loin ce que l'on a à côté de chez soi. "Les politiques commencent à reprendre le discours de l'industriel", pointe Marcel Ragni. Les progrès à faire sont encore conséquents "si l'on considère la part du PIB représentée par l'industrie : 35 % en 2007 contre 18,5 % aujourd'hui".

Le numérique, la robotique, la cobotique ne doivent pas être des épouvantails mais au contraire des éperons pour avancer. "Les robots permettent de supprimer la pénibilité, d'être compétitifs. On peut faire de l'industrie propre, faire grandir l'industrie, sans polluer". Elle est évidemment un vecteur de croissance. "Il faut protéger l'industrie. Pas avec des barrières aux frontières, mais par la norme. L'industriel qui veut travailler en France doit répondre aux normes. Au plus nous aurons de l'industrie, au moins on aura besoin d'impôts. L'industrie est un moyen de sauver l'économie".

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Commentaire 1
à écrit le 13/06/2019 à 8:51
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CE sont les financiers, ces radins aux coffres pleins qu'il faut convaincre et pas nous, parce que des gens qui ont plein d'idées et d'énergie il y en a pléthore, par contre des financiers qui investissent plutôt que de planquer leur pognon dans les ...

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