Quelle coopération entre le Grand Port maritime de Marseille et Tanger Med ?

Deux ports stratégiques, la Méditerranée pour point commun et des envies de développement qui pourraient aller de concert… Entre le premier port de France et le premier port de conteneurs du Maroc les coopérations pourraient prendre de l'ampleur, notamment sur le report modal. Une union maritime qui vise à conforter une compétitivité face aux ports du nord de l'Europe.
(Crédits : DR)

Entre le Grand Port Maritime de Marseille et Tanger Med, c'est une nouvelle page qui s'écrit. C'est en tout cas la volonté affichée par les deux parties qui ne tarissent pas d'éloges sur les capacités de coopération susceptibles de positionner l'un et l'autre comme un port innovant.

Se rapprocher de Tanger, de manière globale, c'est l'un des objectifs de Martine Vassal, présente au Maroc avec une délégation d'acteurs économiques pour justement mieux connaître le territoire marocain situé à seulement 14 petits kilomètres de l'Europe. La présidente d'Aix-Marseille Provence a d'ailleurs multiplié les rencontres économiques et diplomatiques dans ce sens. GPMM/Tanger Med plus proches, ce serait bien pour quoi ?

Ne pas comparer

Clairement, les enjeux se situent à la fois sur la problématique écologique et sur la problématique économique.

Tanger Med est une base logistique, vrai point névralgique du Détroit de Gibraltar, entre l'Europe et l'Afrique. Avec sa plateforme portuaire de 1 000 hectares et sa plateforme industrielle de 5 000 hectares, il a su attirer 900 entreprises, principalement des filières de l'automobile, du textile et de l'aéronautique dont Renault (qui y a installé sa plus grande plateforme d'Afrique NDLR), CMA CGM, Décathlon, Adidas, Huawei ou Bosch. Revendiquant une connexion à 186 ports et 77 pays, Tanger Med a connu en 2018 un trafic de 3,4 millions de conteneurs, de 326 773 camions et de 2,8 millions de passagers.

De son côté, le Grand Port maritime de Marseille, premier port de France et 6ème port européen, dessert 400 ports et a enregistré 7 500 escales en 2018. 1,4 million d'EVP ont transité par lui ainsi que 203 000 remorques.

Entre les deux infrastructures, pas de point de comparaisons assure par exemple Philippe Guillaumet, responsable des projets européens et internationaux au port de Marseille Fos. Là où Marseille est un port de dernière étape, Tanger Med dédie 90 % de son activité au transbordement.

Solutions logistiques... et écologiques

Pour autant cette apparente complémentarité pourrait bien être renforcée par des objectifs communs. Martine Vassal l'assure, la "potentialité est énorme".

Hassan Abkari, le directeur général adjoint de l'autorité portuaire de Tanger Med ne dit pas autre chose et ouvre même la porte à de nouvelles perspectives, se disant prêt à revoir les accords entre les deux ports. "Nous sommes prêts à reprendre des discussions afin d'identifier les modèles économiques qui pourraient rendre cette coopération indépendante des opérateurs privés qui privilégient la rentabilité immédiate plutôt que le long terme". Martine Vassal appuie : "des expérimentations ont été faites mais elles n'ont pas donné suite".

Hassan Abkari envisage par exemple de regarder ce qui peut être fait du côté des corridors et des options logistiques.

Tout cela réjouit forcément du côté du port de Marseille Fos. "Il faut intensifier les relations existantes et proposer de nouvelles solutions logistiques bas carbone, des solutions intermodales", dit Philippe Guillaumet, solutions qui utilisent la mer certes mais surtout le fer au départ de Marseille. Le tout étant d'éviter que les bateaux tracent jusqu'aux ports du Nord de l'Europe pour ensuite voir la marchandise redescendre vers le Sud par la route. "Cela signifie que les navires restent en Méditerranée". A noter que l'association MedPorts, qui rassemble une vingtaine d'autorités portuaires de la Méditerranée et promeut la concentration des échanges, est évidemment très favorable à l'idée. "Marseille est un centre pour l'Asie, l'Europe et l'Afrique", poursuit Philippe Guillaumet.

Alignement

Autre idée qui aurait tout son sens, celle d'une ligne RoPax qui permettrait de transporter, sur un même bateau, remorques et passagers, lesquelles remorques, arrivées à Marseille, emprunteraient le fer. "Il faut inciter le report modal" poursuit le responsable des projets européens et internationaux au port de Marseille Fos.

Reste cependant, à convaincre un armateur d'emboîter le pas à l'enthousiasme marseillo-marocain. L'absence d'armateur marocain complique peut-être un peu la chose. "Tout est aligné" insiste cependant Philippe Guillaumet. Disons que la volonté politique est sans doute le nécessaire éperon qui peut faire prendre de la vitesse à une coopération que l'on sent désirée des deux côtés mais qui demande à véritablement passer à une phase de concrétisation ferme.

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