Une Fabrique de l'artisanat, pour quoi faire ?

Pour aider les porteurs de projets à construire des entreprises solides, la Chambre de métiers et de l'artisanat Provence Alpes Côte d'Azur a mis en place un parcours d'accompagnement axé sur les spécifiques métiers. Ou il est question de pérennité à améliorer.
(Crédits : DR)

En matière d'accompagnement à la création d'entreprise, les structures ne manquent pas. Mais encadrer les porteurs de projets sur le sujet précis de l'artisanat demandait de pousser un peu plus l'existant. Si elle aidait déjà les projets à naître - 20 000 chaque année - la Chambre de Métiers et de l'artisanat régionale a estimé qu'il fallait aller plus loin, être au plus proche des problématiques rencontrées par les jeunes créateurs. De plus, l'artisanat étant multiforme - on décompte 510 activités différentes - il semblait logique de s'appuyer sur "l'expertise que nous possédons sur les problématiques et spécificités des différents métiers. Pour aider une entreprise artisanale correctement, il faut parler le langage artisanal. Et le meilleur échelon c'est la proximité", explique Jean-Pierre Galvez, le président régional désireux "d'appuyer sur l'accélérateur en terme d'accompagnement".

3 ans minimum

Car la Fabrique de l'artisanat - qui fait penser dans sa sémantique à la fabrique de l'industrie - a surtout comme velléités de permettre aux personnes éloignées de l'emploi d'accéder à l'entreprenariat et d'augmenter le taux de pérennité. Dans les faits, l'initiative a été lancée il y un an et est déjà active dans quatre départements dont les Alpes-Maritimes, le Var et le Vaucluse. Une centaine de porteurs de projet bénéficie donc d'un programme qui se décline par un diagnostic en ligne qui permet de jauger de la maturité entreprenariale du créateur ou du repreneur potentiel. S'ensuit ensuite un accompagnement qui jauge du degré de maturité du projet et de sa faisabilité financière. Mais l'originalité et sans doute la force de cette Fabrique spéciale est de ne pas lâcher l'entrepreneur dans la nature au bout des douze premiers mois d'exercice mais de l'encadrer 3 années durant.

Enjeux économiques mais pas que...

C'est que l'artisanat - qui représente en Provence Alpes Côte d'Azur 141 300 entreprises - fait face à des enjeux. Celui d'abord d'une augmentation de la naissance d'entreprises nouvelles, de l'ordre de +4,3 % entre 2016 et 2017 et d'un doublement des immatriculations en dix ans ce qui fait de la région Sud la deuxième région la plus dynamique en matière de création. Des entités dont il convient d'assurer la longévité, la pérennité à 3 ans atteignant actuellement un taux de 80 %, taux qui pourrait être encore meilleur. C'est ce que dit clairement Jean-Pierre Galvez. "Le taux d'entreprenariat est très bon mais le taux de pérennité est à améliorer".

L'autre enjeu est à la fois social et économique. En voulant inciter les personnes éloignées de l'emploi - inactifs, demandeurs d'emploi, bénéficiaires de minima sociaux - à entreprendre, la CMA régionale espère activer un levier sur l'emploi. Et en faisant de la Fabrique un dispositif gratuit - financé par l'Europe sur 3 ans à hauteur de 1,05 M€ - et accessible faire disparaître les craintes de tous ceux qui n'osent pas franchir le pas de la création ou de la reprise. Car si on évoque souvent la création ex-nihilo, la reprise est un vrai sujet - d'inquiétude aussi. Des départs à la retraite à anticiper, des expertises, des compétences dont il faut par exemple éviter la disparition et favoriser la transmission.

Bienvenue au Club

Et parce que le chef d'entreprise a toujours besoin de se confier à ses pairs, voire de partager ses problématiques et parce que jusqu'ici l'exercice était surtout réservé aux grosses PME ou aux grands groupes, le Club de la Fabrique, lancé ce mois de novembre dans les Alpes-Maritimes, va rassembler désormais les porteurs de projets devenus entrepreneurs. Une réunion qui n'empêche pas les échanges BtoB, au contraire. "On dit souvent qu'une entreprise est une entreprise, c'est vrai, le but est de générer du chiffre d'affaires et de l'emploi, mais la petite entreprise grandit grâce à tout un écosystème, la petite entreprise est fragile, il faut l'aider à croître", ajoute Jean-Pierre Galvez. Qui, s'il veut accélérer sur l'accompagnement, n'entend pas jouer sur la quantité à outrance mais sur la qualité des profils qui l'intègrent. Une Fabrique à taille humaine donc.

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