Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur peaufine sa stratégie de conquête permanente

« Un cap à 3 ans, une vision à 20 ans ». Plus qu'un slogan, voilà l'état d'esprit du patron de la région. Qui impulse une politique ciselée : faire simple mais surtout efficace. Question d'attractivité et de satisfaction terrain. Ou comment le Sud se projette (déjà) à long terme.
Villefranche-sur-Mer, à côté de Nice.
Villefranche-sur-Mer, à côté de Nice. (Crédits : iStock)

La méthode serait presque chirurgicale. Depuis son arrivée à la tête de la région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur (en mai 2017), Renaud Muselier (médecin dans le civil) coupe là où ça ne fonctionne pas, rationalise là où ça pourrait fonctionner mieux, encourage là où c'est embryonnaire mais prometteur... Parfois avec bonne humeur, parfois avec humeur tout court. Mais jamais sans bon sens revendiqué.

Ainsi donc, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, constituée de trois marques monde et forte d'un fabuleux potentiel, ne se repose pas sur ses lauriers. À sa droite l'Occitanie, un peu plus haut à sa gauche Auvergne-Rhône-Alpes, ont toutes deux pris du poids avec le nouveau découpage des régions. Déjà forte de six départements, celle que l'on a tendance à appeler Paca par facilité et raccourci doit donc faire avec ses atouts et même doit faire encore mieux.

Marketing territorial

L'atout numéro un, c'est l'attractivité. Et comme "PACA", « c'est moche et ça ne veut rien dire », dixit Renaud Muselier, voici la région désormais engagée dans une opération de marketing territorial qui veut amener à opérer un changement de vocabulaire. Exit Paca, vive « Ma Région Sud ». Un nouveau nom (pas officiel) mais surtout une campagne de com' d'envergure avec des vedettes du cru, du méridional Kad Merad au non moins truculent architecte Rudy Ricciotti, histoire de montrer en même temps tout le panel des filières qui s'épanouissent sous le soleil de la Provence, des Alpes et de la Côte d'Azur.

Car que l'on ne s'y trompe pas. Si Renaud Muselier en a assez de PACA, c'est justement parce qu'en anglais ou en chinois, ça ne passe pas. Et quand on se déplace à Las Vegas avec les pépites du territoire ou quand on reçoit le numéro 3 de la silice chinoise sur le port de Marseille, un nom qui représente explicitement ce qu'est la région, c'est plus porteur qu'un acronyme peu sexy. Cependant, si attirer chez soi c'est bien, faire grandir les entreprises du territoire c'est indispensable. Pensées pour permettre l'un et l'autre, les opérations d'intérêt régional (12 à l'origine, 8 désormais) ont pour vocation de structurer des filières. Comprendre : réunir autour de la table les acteurs concernés d'un même secteur puisque la réflexion en commun est encore ce que l'on a trouvé de mieux pour être visible et donc efficace sur place et depuis l'international.

Chevaux de bataille

La Méditerranée et la transition énergétique sont deux chevaux de bataille que Renaud Muselier enfourche volontiers, allant même jusqu'à créer pour l'un un événement sur mesure intitulé « Méditerranée du futur », organisé en novembre dernier dans sa première mouture, et pour l'autre une promesse qui sonne comme un slogan, « Une COP d'avance ». La Méditerranée est une vraie opportunité qui doit s'intégrer dans le développement de la région. Si les volontés sont anciennes ici et là, les résultats probants manquent encore.

Que l'on ne se méprenne pas, tout cela concourt à maintenir la région en tête des classements économiques. L'objectif de la mandature, c'est de passer de 2,3 à 5 points de croissance moyenne du PIB, de 5 à 10 % d'emplois créés par rapport à la création d'emplois total du pays. Être meilleur sur les dépôts de brevets... Le schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation, autrement appelé SRDEII, intègre l'ensemble de ces données. Mais dans sa stratégie de conquête, la Région n'oublie pas que le jeu collectif tant souhaité passe par l'entente avec les Métropoles. Sur le sujet, que ce soit avec Toulon Provence Méditerranée - née au début de l'année - ou avec Nice Côte d'Azur, que pilote Christian Estrosi, par ailleurs président délégué de la Région, tout va pour le mieux dans le meilleur de la concertation.

C'est un peu moins évident avec Aix-Marseille Provence, Renaud Muselier n'hésitant pas à qualifier d'impossible le dialogue avec le président Jean-Claude Gaudin. Le changement de présidence à la tête de la Métropole permettra sans doute de reprendre les discussions. La note AA- avec perspective attribuée par Fitch Ratings ce 12 septembre, sonne pour Renaud Muselier comme une confirmation que sa « politique régionale d'avenir » est celle qu'il faut. Toujours avec comme leitmotiv « des résultats à 3 ans pour une vision à 20 ans ». On ne lâche pas un mantra qui gagne.

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Bernard Kleynhoff : « Être le premier partenaire des entreprises »

Pour le président de la commission "Économie, industrie, innovation, nouvelles technologies et numérique" au conseil régional, il y a la stratégie et il y a les outils de la stratégie. Stratégie simple puisqu'elle s'appuie sur les directives de la loi NOTRe.

« Cela nous a permis d'établir un schéma régional de développement économique, appelé SRDEII, dont nous avons dégagé les filières d'excellence et les technologies clés du territoire. Cela s'est traduit par l'établissement de huit opérations d'intérêt régional, basées sur ces filières d'excellence et ces technologies clés, lesquelles permettent également un aménagement du territoire. »

Mais ce n'est pas tout. « Parallèlement, nous avons mis en place une palette d'outils financiers via la Fier, le fonds d'investissement pour les entreprises de la région et via Team Sud Export, le guichet unique à l'export pour lequel Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur est un laboratoire. Nous travaillons aussi avec notre agence pour l'innovation et l'internationalisation, l'Arii, nous fédérons la French Fab, nous accompagnons les French Tech. 80 % des investissements seront accordés aux entreprises dont les projets correspondent aux enjeux de notre plan climat. » C'est-à-dire à la « COP d'avance ». Un outil qui se veut différenciant. Ou comment permettre à Provence-Alpes-Côte d'Azur de défendre sa place dans le classement des régions.

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Région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur: les données clés

  • Population totale : 5 065 723 habitants
  • PIB par habitant : 30 864 euros (2015)
  • Taux de chômage : 10,4 % (4e trim. 2017)
  • Président du conseil régional: Renaud Muselier (LR)

(Source Insee)

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| Comment vos régions préparent le futur : retrouvez les autres articles de notre Dossier spécial dans La Tribune Hebdo n°261 daté du 21 septembre 2018 :

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H261, couv, La Tribune Hebdo,

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