Philippe Renaudi, le Medef, les territoires et pourquoi il faut sauver les CCI

Le patron des patrons azuréens n'a jamais fait dans la langue de bois. Et alors que l'Université d'été du MEDEF poursuit sa seconde journée, le président de l'UPE06 réaffirme la nécessité d'une organisation patronale force de propositions et capable de s'engager aussi sur un sujet brûlant à plus d'un titre : quid des chambres de commerce et d'industrie.
(Crédits : DR)

Evidemment, dire que Philippe Renaudi est "ravi" de la nouvelle stratégie du MEDEF est un euphémisme tant le patron des patrons azuréens plaide depuis son arrivée à la présidence de l'UPE06 pour un syndicat patronal qui soit dans la proposition et la concertation bien plus que dans l'opposition de principe. C'est d'ailleurs exactement ce qu'il pratique dans son département, les Alpes-Maritimes, favorisant le dialogue avec les autorités et élus plutôt que l'affrontement dogmatique.

Le territoire, le territoire, le territoire

Et alors que l'on évoque une réforme nécessaire du MEDEF, le discours inaugural de Geoffroy Roux de Bézieux, hier, mais bien plus encore les échanges menés avec Patrick Martin, le président délégué, sur la nouvelle mouture du syndicat vont pour Philippe Renaudi, dans le bon sens.

Notamment parce que les territoires font partie intégrante de la réforme du MEDEF. Et c'est presque logique somme toute. Geoffroy Roux de Bézieux était considéré comme le candidat des territoires. Et sa garde rapprochée est constituée de présidents issus des territoires : Patrick Martin est le président du MEDEF Auvergne-Rhône Alpes, Pierre Brajeux (lui aussi, un temps candidat) est le patron de ceux des Hauts de Seine quant à Jean-Luc Monteil, il préside le MEDEF PACA. Et cette impulsion qui vient de la base, du terrain est l'un des piliers de la réforme du syndicat, décidé à davantage consulter ses adhérents. D'ailleurs les commissions de travail sont revues et affinées pour devenir plus pertinentes, des groupes de travail sur ce nouveau mode d'organisation vont être organisés entre septembre et décembre et un comité de pilotage verra le jour au printemps 2019 sur les nouvelles lignes de conduites. "Il est essentiel de répondre aux nouvelles attentes du territoire et de prendre en compte ce qu'il s'y passe".

Preuves d'amour

L'acte volontaire de s'affranchir des taxes versées par l'Etat au MEDEF (et qui représentent 40 % de ses ressources) est même un signe fort selon Philippe Renaudi. "Qui est capable de balayer ainsi devant sa porte ?"

Surtout que la deuxième phase de la réforme du syndicat a pour objectif de créer un MEDEF de réflexion. Où revient la question des relations avec le gouvernement. Une relation qui s'est dessinée en filigrane lors des discours prononcés successivement par Geoffroy Roux de Bézieux et Edouard Philippe. Chacun est resté sur sa ligne, aux traditionnels déclarations d'amour Edouard Philippe a préféré redire que le dialogue était de mise. Notamment sur l'un des sujets primordiaux, celui de l'assurance-chômage. Comme l'a souligné Geoffroy Roux de Bézieux, "nous préférons les preuves d'amour aux déclarations d'amour". Ça tombe bien.

Lutte (pas) finale

Sa déclaration d'amour, c'est aux CCI que Philippe Renaudi l'adresse. Car quitte à évoquer les territoires, impossible de ne pas considérer cet "acteur primordial de l'économie avec un grand A". Un acteur qui est dans la tourmente, qui voit ses ressources amputées et qui pourtant contribue à l'animation économique du territoire. Ce sujet des chambres consulaires malmenées (car il est tout autant question de tourment pour les chambres des métiers et de l'artisanat) l'Université d'été s'en est emparée via une réunion entre présidents des MEDEF territoriaux et présidents de Chambres de commerce et d'industrie. "Si nous perdons les CCI, c'est la catastrophe", avance Philippe Renaudi qui a su créer un lien fort avec Jean-Pierre Savarino, le président de la CCI Nice Côte d'Azur, ce qui n'est pas sans se ressentir sur le terrain. Et qui estime qu'il est naturel que le MEDEF "se mobilise sur le sujet" et qu'un "plan de bataille pour sauver les CCI" soit décidé. Si le rapport Attali relatif aux réseaux consulaires préconisait - il y a dix ans - la fusion des CMA et des CCI (avec comme contributeur un certain... Emmanuel Macron), l'hypothèse n'est pas rejetée, "nous sommes ouverts à toutes les discussions", affirme Philippe Renaudi. "Nous avons des idées, des arguments, des préconisations chiffrées. A-t-on pensé qu'il fallait remplacer les 5 000 chefs d'entreprises bénévoles par des personnes qu'il faudra rémunérer ? Aujourd'hui ce sujet n'est pas anodin. C'est mon cheval de bataille".

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