Jean-Luc Monteil, la stratégie de conquête du MEDEF et l'enjeu des territoires

Cette Université d'été a, pour le président du MEDEF PACA, un goût particulier. Alors que le syndicat patronal a pris ses quartiers sur le campus HEC de Jouy-en-Josas, celui qui préside aussi depuis peu la Commission Animation du réseau Régions et Territoires dévoile le plan de conquête et comment l'organisation doit puiser l'inspiration dans ce qu'elle connaît le mieux : l'entreprise.

La Tribune - C'est la première Université de Geoffroy Roux de Bézieux en tant que président du MEDEF. On a beaucoup parlé d'un MEDEF qui doit se transformer. Qu'attendre de cette Université ?

Jean-Luc Monteil - Il faut que la campagne qui s'est tenue et qui a vu la victoire de Geoffroy Roux de Bézieux soit utile, y compris après. Concernant par exemple l'utilité du MEDEF, l'Université d'été va apporter des réponses. Nous constatons qu'il n'y a pas eu d'évolution massive et nous pensons qu'il est temps de faire évoluer le MEDEF comme nos entreprises. C'est-à-dire un syndicat patronal plus agile, tourné vers la proposition plutôt que vers le revendication, davantage représentatif de ce qu'il est. C'est pourquoi nous avons décidé d'investir 3 M€ sur la durée du mandat de Geoffroy Roux de Bézieux afin d'accueillir 50 000 nouveaux adhérents. Notre logique est simple, elle s'appuie sur le recrutement d'une force de vente, qui réunira des Ambassadeurs. Nous voulons un MEDEF plus entreprenant. Et pour être davantage dans la prospective, à l'instar de ce qui a été fait en PACA avec Nouveau Cap, un think tank va être créé afin de réfléchir sur les grands sujets de société et se positionner sur certains d'entre eux à moyen terme. Nous voulons également un MEDEF plus à l'écoute. Dorénavant il n'y aura plus de prise de position nationale sans avoir consulté nos mandataires. La totalité des adhérents pourra s'exprimer sur des sujets qui ne sont pas vus à Paris ou sur des bonnes pratiques que l'on aurait tort de ne pas partager. Nous voulons être dans l'échange.

Le Premier Ministre est présent pour ce premier jour. Quels doivent être les rapports entre le MEDEF et le gouvernement ?

Il faut que la relation soit basée sur la confiance. Nous attendons du gouvernement d'être davantage dans l'échange en amont, afin de ne pas avoir l'impression que lorsqu'on nous pose une question, la réponse a déjà été décidée. Nous sommes élus pour défendre les intérêts des entreprises. A ce titre, nous devons être à la fois un "lanceur d'alerte", prêt à mettre le holà si nous estimons qu'un projet gouvernemental risquerait de mettre en péril l'activité économique. Ce que nous avons beaucoup fait sous le quinquennat Hollande. Et, en même temps, être force de proposition auprès du gouvernement pour qu'il engage les réformes nécessaires à la bonne santé des entreprises de notre pays et préparer ensemble la France de demain.

L'Université d'été s'interroge sur le monde, la France et l'entreprise dans 20 ans. Le monde, la France, l'entreprise sont-ils trois temporalités différentes ?

Le temps économique est éminemment plus rapide que le temps politique. Nous sommes face à des rythmes qui s'accélèrent. Le monde dans 20 ans sera éloigné de ce qu'il est aujourd'hui. Notre responsabilité est d'accompagner aux nouvelles mutations. Le repli sur soi est synonyme de fragilité. Un travail est à mener auprès des TPE/PME sur les enjeux de la transformation. Il faut prendre en considération les nouvelles formes de travail et accompagner les entreprises du tissu économique traditionnel à prendre le virage numérique. Ce n'est qu'à cette condition que la France tiendra son rang dans l'économie mondiale.

L'Université évoquera plusieurs fois durant ces deux jours, la notion de territoire des métropoles. En quoi cette notion territoriale est-elle importante pour l'entreprise, pour l'entrepreneur ?

Il n'y a pas de grand pays sans un rôle défini pour chacun des territoires. On assiste actuellement à un effet de mode des métropoles qui concentrent les attentes légitimes de nos citoyens et ces attentes sont partiellement couvertes. Les métropoles doivent se développer en prenant en compte des problématiques - telles que la sécurité ou la mobilité par exemple - que l'élu ne peut résoudre. Nous prônons un équilibre de nos territoires avec un schéma d'aménagement pour la France qui permette à chacun de trouver sa place. Dans le comportement de nos salariés - et pas uniquement les générations Z ou Millenials - la qualité de vie au travail devient une clé de choix. Il faudra que l'Etat investisse sur les infrastructures. Aujourd'hui, nous sommes dans un schéma déséquilibré. Il faut absolument se réapproprier l'enjeu de l'arrière-pays et des réseaux. Sinon, à terme, l'arrière-pays sera condamné à devenir une réserve d'indien, sans activité ni service public.

Un challenge startup, instauré au sein de l'Université d'été, met en avant des startups qui utilisent l'intelligence artificielle. Est-ce une façon de dire aux entreprises "n'ayez pas peur" des technologies ou de montrer que la startup est une entreprise comme une autre ?

L'enjeu est double : récompenser les pépites de notre pays, qui feront l'économie de demain, en leur donnant de la visibilité. Et faire de la pédagogie. On pourrait nous dire que tout cela est de la cosmétique mais Geoffroy Roux de Bézieux, qui a créé l'Université du numérique au sein du MEDEF, compte s'inspirer du Forum du numérique, que nous avons créé au sein du MEDEF PACA. Il faut mettre en avant ces startups, dire aux entreprises qu'il y a des sujets auxquels elles doivent s'intéresser, que leur avenir dépend de comment elles se les approprient. Aux startups, c'est aussi une façon de dire qu'elles ont leur place dans notre organisation. Nous avons de la chance d'avoir des entrepreneurs engagés, qui portent l'économie de demain. Ils ont repéré des besoins que l'économie traditionnelle n'a pas perçu. Nous voulons un MEDEF qui promeut l'entreprise au-delà du rôle de l'entrepreneur. Nous avons vocation à promouvoir le monde du travail.

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