Jean-Luc Monteil : "Il faut repenser de manière globale comment apporter de la valeur"

La transition numérique c'est nécessaire, ça demande des investissements mais ça peut rapporter gros. En organisant un Forum du Numérique, le MEDEF PACA veut démystifier le sujet et faire hyper-pragmatique, explique son président.

Pourquoi organiser un Forum du numérique ?

Organiser un tel évènement était pour nous une évidence. La transition numérique dans laquelle le monde est engagé depuis plusieurs décennies - et qui ne cesse de s'accélérer - constitue sans nul doute une véritable révolution. Révolution dans notre manière de produire, de consommer, de travailler, d'interagir avec autrui. Révolution même dans notre façon d'appréhender la démocratie et la citoyenneté, de gouverner et de produire des idées. Cette révolution planétaire, porteuse de transformations profondes, n'a ni visage ni frontières, redessine nos comportements humains et irrigue l'ensemble des pans de notre société. Or, à mesure que cette révolution s'amplifie, la fracture numérique s'est accélérée ; entre particuliers mais aussi au sein du tissu économique. S'il est simple pour les grands groupes ou les ETI de réussir leur transformation digitale, c'est parfois beaucoup plus compliqué pour les TPE/PME, les artisans, les professions libérales...

Dire aux entreprises qu'elles doivent s'emparer de la transition numérique c'est bien, mais ne faut-il pas leur dire plutôt comment faire ?

C'est exactement l'objectif de cette journée ! En parallèle des plénières et des tables-rondes où participeront notamment Mounir Mahjoubi, Renaud Muselier, Jacques-Henri Eyraud ou Bernard Spitz, nous aurons 21 ateliers entièrement dédiés aux TPE/PME animés par des professionnels du Syntec Numérique, du MEDEF, de la Fédération française de l'assurance, de l'ANSSI, de l'APEC... et ce sur des thématiques extrêmement concrètes avec en ligne de mire un seul objectif : réussir sa transformation digitale.

Le tissu entrepreneurial est majoritairement composé de TPE/PME : aller vers le numérique n'est-il pas aussi une question de coûts ?

Je pense qu'il faut voir les choses à l'envers : ne pas aller vers le numérique est dangereux économiquement pour les entreprises. Ne pas prendre ce virage technologique peut les mettre en péril ; les exemples sont déjà légion. Certes, la transition digitale est un investissement, mais il est nécessaire aujourd'hui et encore plus demain ! Les TPE/PME, poumon de notre économie, ne doivent pas manquer ce défi numérique, sous peine de passer à côté des formidables potentialités de développement qu'il représente.

On dit souvent que le numérique bouleverse les modèles des entreprises, mais quels sont les enjeux vis-à-vis des salariés ?

Comme le dit souvent Christian Nibourel, président d'Accenture France et membre du conseil exécutif du MEDEF, nous sommes à un carrefour de notre histoire économique et nous inventons actuellement "l'entreprise du futur".

 Au-delà des immenses défis technologiques qui bouleversent les modèles économiques, les entreprises doivent relever des challenges humains, environnementaux et assurer leurs responsabilités sociétale et sociale. Or, la révolution numérique dans laquelle nous sommes engagés oblige les acteurs économiques à repenser l'organisation de leurs modus operandi et vivendi, à anticiper les nouveaux métiers et surtout à permettre le développement de compétences qui leur permettront de franchir cette phase de profondes mutations. Avec le digital, il ne s'agit plus d'automatiser des modèles existants ou encore d'équiper les salariés de dispositifs numériques, mais de repenser de manière globale la façon d'apporter de la valeur au client et de donner une nouvelle place aux différentes parties prenantes et donc tout particulièrement à l'ensemble de nos collaborateurs. Cette révolution, qui va au-delà des seules innovations technologiques, est déjà en marche. Un récent sondage réalisé par ViaVoice l'a démontré avec acuité : 78 % des entrepreneurs déclarant se soucier au quotidien de leur impact sociétal, social et ou environnemental et 33 % affirmant même avoir inscrit dans leurs statuts la volonté d'agir au service d'une mission sociétale contribuant au bien commun et à l'intérêt général. L'entreprise est en pleine mutation et les salariés en sont les acteurs principaux, c'est certain ! Derrière eux, les consommateurs - par leurs nouveaux comportements - imposent également avec le numérique une refonte complète de nos pratiques managériales et commerciales.

N'y a-t-il pas plus largement une culture de l'innovation à diffuser ?

Bien entendu ! Nous avons basculé aujourd'hui dans l'économie de la connaissance et l'innovation constitue la mère des batailles. La France dispose en la matière de nombreux atouts : un vivier d'ingénieurs et de chercheurs extrêmement compétents, une école de mathématique parmi les plus talentueuses au monde, pléthore de centres R&D... Si l'on peut légitimement s'en enorgueillir, il ne faut pas nous reposer sur nos lauriers. Les big data, blockchain ainsi que l'intelligence artificielle sont des défis majeurs que la France mais aussi l'Europe doivent relever ! Les États-Unis, la Chine ou la Russie l'ont déjà compris. À nous d'innover pour réussir.

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