L'économie des festivals, un enjeu grandissant

A Marseille, Marsatac a fêté sa 20ème édition. Un anniversaire peu anodin surtout si l'on considère l’impact des festivals sur l’attractivité des territoires.
(Crédits : Reuters/Morris MacMatzen)

"Il y a 30 ans, cela aurait été difficile de faire une conférence sur les retombés économiques des festivals comme celle-ci". Cette phrase de Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes de Belfort, résume parfaitement l'évolution économique des festivals. Car il y a 30 ans, le secteur de la culture et de l'économie ne se mélangeaient pas. L'économie était surtout liée aux subventions publiques pour permettre l'organisation de ces festivals. Mais aujourd'hui, le monde des festivals le confirme, le soutien des collectivités territoriales est moindre, conséquence de l'augmentation de 5% par an des charges selon le Centre national des variétés (CNV).

Il faut donc "croiser les univers" entre la culture et l'économie, pour Emmanuel Duchange, président de Marsatac. Désormais, les organisateurs font de la recherche de mécènes, de partenaires privés pour financer ces grandes fêtes.
Mais ce changement n'empêche pas les festivals de grandir en France. Selon le CNV, 1 887 festivals ont eu lieu en France en 2015 et 132 ont été créés cette année-là. En Provence Alpes Côte d'Azur, sur la totalité des concerts organisés entre 2014 et 2016, 29 % de la fréquentation correspond à des festivals. Et le CNV estime que dans la région, il y a un festival pour 25 000 à 30 000 habitants. Des chiffres qui font de la région un des leaders dans ce domaine. Ils ont donc la capacité de drainer de grandes affluences et d'avoir un réel impact sur l'économie. Pour Béatrice Desgranges, co-fondatrice de Marsatac, "au-delà de l'intérêt culturel, le festival est un acteur économique à part entière".

Le festival, marque des territoires

Un rôle qui leur permet d'avoir une influence sur l'organisation et l'attractivité des territoires. La préparation de spectacles permet alors à une commune de devenir "une ville créative " estime Laure-Agnès Caradec, présidente de l'Agence d'urbanisme de l'agglomération marseillaise (Agam). "Il faut d'abord penser aux usages avant de penser aux bâtis". C'est aussi une opportunité pour les villes d'attirer de jeunes cadres selon Jean-François Zurawik, directeur des évènements à Lyon. Des entreprises qui jouent un rôle important pour les festivals comme pour Marsatac, où 200 entreprises ont pris part à l'organisation de la fête.
Mais un festival, c'est aussi un nom que la ville ou la région doit savoir s'approprier pour en faire une référence, une identité. "Les festivals génèrent un développement économique important, les territoires doivent s'en emparer car ils génèrent une image de marque. Aujourd'hui, lorsque nous pensons à une ville, nous avons un nom d'un évènement en tête : Belfort et les Eurockéennes, La Roque et le Festival de piano..." énumère Fabrice Jullien-Fiori, président de la Commission Grands évènements de Aix-Marseille Provence.

La culture au centre des préoccupations

Toutefois, l'aspect économique des festivals est nul s'il n'est pas relié à la culture. Laure-Agnès Caradec rappelle que "ce sont l'économie, l'urbanisme et la culture qui font un ensemble". Pour Jean-Paul Roland, l'intérêt est plus culturel qu'économique : "nous sommes des acteurs culturels. Ce qui est primordial, c'est le projet artistique. Sans une ligne bien identifiée, un festival ne pourra pas avoir un réel succès. C'est cette ligne qui fait que l'expérience sera forte pour les festivaliers". Malgré tout, l'économie est bien au centre de ses préoccupations. "Nous sommes des colosses aux pieds d'argile. Un petit évènement peut nous faire disparaitre. En 2010 par exemple, nous avons reçu 6 000 personnes de moins, ce qui a failli provoquer notre disparition. Un orage et ce sont des dizaines de milliers d'euros qui s'envolent ".
Bien que les recettes d'une telle organisation soient importantes, 12,5 millions d'euros pour les Eurockéennes par exemple, "un festival doit se battre chaque année" pour survivre estime Emmanuel Duchange.

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Commentaire 1
à écrit le 20/06/2018 à 16:22
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