Claude Giafferri : "La révolution industrielle a généré davantage de transformations que ce que nous vivons aujourd'hui"

Partenaire des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence qui se déroulent du 6 au 8 juillet prochain, La Tribune publie chaque semaine un entretien avec un acteur économique originaire de Provence Alpes Côte d'Azur. Ou il est question des "Métamorphoses du monde", thème de l'édition 2018. Entretien avec le président d'Amadeus Nice, basé à Sophia-Antipolis.
(Crédits : DR)

La Tribune - On évoque souvent le terme de disruption. Les Rencontres économiques d'Aix-en-Provence parlent plutôt de "Métamorphoses". N'est-ce pas en effet ce que le monde économique est en train de vivre ?

Claude Giafferri - L'époque de la révolution industrielle a vu l'apparition de progrès techniques fondamentaux comme le chemin de fer, le transport aérien, l'électricité, le téléphone... Depuis les années 70 nous vivons l'amélioration de tout ce qui a émergé au siècle précédent. Un siècle qui a apporté beaucoup plus de transformations que ce que nous vivons aujourd'hui. Depuis quelques années c'est l'émergence d'internet et de la digitalisation qui bouleverse les modèles. N'est-ce pas juste une amélioration de la productivité ? Car cela ne change pas le fond de ce que nous faisons. L'évolution technologique nous surprend car elle nous permet d'effectuer des choses inimaginables il y a encore dix ans. Les évolutions qui se sont déroulées à l'époque de la révolution industrielle ont pris plus de temps pour émerger, c'était moins brutal. Les évolutions technologiques aujourd'hui ont surtout un impact sur l'évolution du modèle. Le mot "mondialisation" - qui par ailleurs n'a pas son équivalent en anglais - a fait son apparition. La question que l'on peut se poser c'est d'où viennent ces métamorphoses ?  Est-ce la société, les poids lourds de l'industrie, les institutions qui les génèrent ? Il ne faut pas mésestimer le rôle des institutions, qui se mettent souvent à l'écoute des consommateurs. L'Union européenne qui s'appuie sur une idéologie libérale génère ainsi la libéralisation. La régulation n'est pas toujours une contrainte. Et puis, les métamorphoses peuvent aussi venir de l'évolution naturelle des sociétés.

L'autre question que l'on peut se poser c'est comment peut-on s'adapter à ces évolutions ? C'est en définissant la stratégie. La stratégie est un ensemble de choses qui dit ce qu'il faut faire en acceptant l'incertain et que cela peut être aussi le bon sens. Mieux vaut des projets que des plans, même si le plan sert à affiner des hypothèses. Il faut avoir la capacité à accepter des modèles qui nous perturbent. Celles qui font les métamorphoses sont les entreprises qui savent que l'avenir est incertain.

Robot, intelligence artificielle... sont souvent l'objet de sujets polémiques. Faut-il en avoir peur ?

Je ne sais pas. Je ne crois pas. L'intelligence artificielle commence avec la masse de données. Chez Amadeus nous essayons d'anticiper les comportements. Mais il y a toujours eu des nécessaires adaptations des métiers. Lorsque l'on prend le métro, on a oublié qu'avant existaient les poinçonneurs. C'est un exemple parmi d'autres.

Dans ce contexte, quel est le rôle de la R&D ?

La partie traditionnelle de la R&D ne bouge pas. Mais la R&D peut aussi permettre d'aller vers la capacité à délivrer une information non plus de masse et généraliste, mais pertinente selon le profil de chacun. Cela peut prendre la forme d'une identification plus pointue du comportement. Cela peut servir un autre segment, pour le moment pas très bien adressé, le door to door. Faire voyager un passager d'un point A à un point B on sait faire. Mais comment il se déplace jusqu'à l'aéroport, quelle file de taxis il doit prendre en arrivant à destination... Ça, on ne sait pas encore bien faire.

L'une des sessions des Rencontres pose la question de l'éthique comme frein économique. Appliqué à la collecte et l'utilisation des données, l'éthique est-elle un garde-fou indispensable ?

Oui bien sûr, l'éthique est indispensable. Mais là encore, tout dépend de la définition qu'on lui donne. A quel moment l'éthique sert-elle l'individu ? A quelle moment est-elle intrusive ?

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Commentaire 1
à écrit le 18/06/2018 à 11:48
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L'argent public ne peut pas tout, à la fois engraisser les actionnaires milliardaire set servir de dynamisme économie, on ne pourra pas tout le temsp se passer de l'argent des évadés fiscaux milliardaires. Que les politiciens arrêtent de se compo...

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