Où en est le BTP azuréen ?

Le secteur souffle et ça fait bien longtemps que la reprise – frémissante donc fragile – était espérée comme durable. S'il n'est pas question de s'enthousiasmer plus que de raison, le BTP retrouve une sérénité depuis longtemps plus éprouvée. Ce qui n'empêche pas de rester vigilant.

2018 fait aussi bien que prévu. Ce qui fait dire au président de la Fédération BTP 06 que oui, "la conjoncture est bien orientée". La preuve par les chiffres, avec des mises en chantier de logements qui ont progressé à fin février de 35 % c'est-à-dire représentant 8 000 logements, un chiffre qui met du baume au cœur des professionnels du bâtiment puisque cela correspond au point de référence d'avant la crise. De quoi rassurer, surtout que les autorisations de chantier vont dans le même sens positif. "Cela s'explique par le maintien des avantages tels que le Pinel ou le taux à prêt zéro", analyse Philippe Gautier. Ou quand la carotte produit toujours son effet...

Mais à cela, il faut ajouter un "département dynamique, qui se bouge, où l'on retrouve des investisseurs. Les programmes qui avaient du mal à démarrer, sont désormais en bonne voie". Petite ombre au tableau - reste à savoir de quelle envergure, mais pour cela c'est encore trop tôt - l'instauration de l'IFI, l'impôt sur la fortune immobilière qui ne représente pas tout à fait le meilleur signal possible qui puisse être envoyé, et qui pourrait "ralentir un peu la construction", estime le président du BTP 06.

Côté non résidentiel, les mises en chantiers sont tout autant en forme, affichant +79,2 % de croissance sur 12 mois glissants. A modérer cependant car tout étant relatif, il ne faut pas oublier que le niveau demeure toujours bas, dans l'absolu.

En revanche, du côté de la rénovation, ça rime avec déception, "le marché demeure atone, et cela pourrait s'expliquer par un manque de solvabilité des ménages", avance Philippe Gautier.

L'emploi, c'est pas encore ça

Si la reprise est là, cela ne se manifeste pour autant pas sur l'emploi. Ce qui est à décrypter en se rappelant que les entreprises du bâtiment et des travaux publics ont tout fait pour ne pas réduire leurs effectifs, pariant souvent sur la formation, pour courber l'échine le temps de la tempête économique. Et pour prouver que ça va vraiment mieux, mieux vaut considérer l'intérim dont le  + 8 % est significatif. Mais cela ne doit pas empêcher aussi de se poser la question de "quel statut pour les salariés demain ?", pose Philippe Gautier. Une bonne question surtout quand la campagne de communication déployée au niveau national s'attache à séduire les jeunes, dont on sait que leur approche de l'entreprise souvent disruptive. Ou en tout cas, pas classique. Philippe Gautier aimerait que le signal fort vienne de la réforme sur l'apprentissage, plaidant pour un apprentissage possible dès 14 ans. "Nous souhaiterions que les apprentis soient comptabilisés dans les clauses d'insertion sociale", ajoute le président du BTP azuréen. Et on ne redira pas qu'une simplification du code du travail serait évidemment la bienvenue.

Pour rester sur l'actualité pure, le RGPD est davantage perçu comme une contrainte, le prélèvement à la source comme un bâton supplémentaire dans les roues des dirigeants et la dématérialisation des marchés publics dès le 1er octobre comme l'assurance de voir des entreprises être déstabilisées. Mieux perçue, la loi ELAN va dans le sens de la lutte contre les recours abusifs, l'une des plaies craintes par les professions du bâtiment.

Les TP et la question de la LGV

Fragile car dépendants de la commande publique, les TP sont confrontés à une reprise mesurée et sont dans l'attentisme pour 2019. Car les travaux du tramway niçois finalisés, reste à espérer souligne Pierre Mario, le président des Travaux Publics au sein de la FBTP06 "que les investissements privés prendront le relais". Surtout que la suppression de la taxe d'habitation va forcément "impacter les budgets locaux". Autant dire que dans ce contexte, la confirmation de la réalisation de la très attendue Ligne Nouvelle serait plus que la cerise sur le gâteau, ce serait le gâteau lui-même. Mais si la LN PACA a été considérée comme l'un des cinq projets prioritaires en France, reste à savoir quel scénario l'emportera. De cela dépendra le délai de réalisation de la gare multimodale à Nice Saint-Augustin et la jonction avec Sophia-Antipolis. Et donc de l'oxygène apporté à l'économie locale, tant touristique que pour la facilitation du quotidien des entreprises endogènes et celle des actifs. Il ne faudrait pas que les bons chiffres - réels -  soient l'arbre qui cache la forêt.

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