A quoi servent les hackathons ?

HOT, ActinSpace, Hack for Security, Hack for Women, Green Game, Smart App Contest… Depuis 2013, dans les Alpes-Maritimes comme ailleurs, les hackathons se multiplient, portés par l’émergence d’une économie de la data génératrice de solutions numériques innovantes. Au risque de lasser ?

Nom de code : HOT, pour Hackathon fOr Tourism. Organisé par la CCI Nice Côte d'Azur, en partenariat avec le Business Pôle de Sophia Antipolis et Telecom Valley, le dernier-né des hackathons azuréens, réalisé dans le cadre du projet européen RETIC, a réuni les 6 et 7 avril quelque 17 équipes pluridisciplinaires pour plancher 30h durant sur le tourisme de demain à partir de données ouvertes proposées par la Région Provence Alpes Côte d'Azur, la Métropole Nice Côte d'Azur, le Département des Alpes-Maritimes et IBM Cloud. Le succès d'un hackathon se mesurant au nombre de ses participants, en l'occurrence plus de 70 pour HOT remporté par le projet de station de montagne connectée "Snow Connect", voilà bien une preuve que l'attrait de ces concours de création d'applications numériques accélérée ne se dément pas, malgré une offre allant crescendo portée par l'émergence de l'économie de la data.

Un outil d'open innovation

Il faut dire que l'intérêt de ce processus créatif collaboratif né à la fin des années 90 aux Etats-Unis est grand, ne serait-ce que pour valoriser l'innovation tout en sortant des schémas classiques de la R&D. Ainsi le CNES (Centre National d'Etudes Spatiales) et son ActinSpace, dont la troisième édition, lancée à Cannes fin mars, se déroulera les 25 et 26 mai prochains dans 73 villes partenaires dans le monde. Plus de 2 500 étudiants, créateurs d'entreprise, chercheurs, développeurs... devraient y participer. Leur défi ? Concevoir en 24h, par équipe de 2 à 5 personnes, un projet de service ou de produit destiné à la vie de tous les jours en utilisant les technologies du spatial.

"On est là dans l'exemple type d'une organisation qui utilise le hackathon comme un outil d'open innovation pour promouvoir la valeur de sa technologie et en créer d'autres", analyse Jean-Bernard Titz, vice-président du cluster du numérique Telecom Valley, co-organisatrice d'une dizaine de hackathons sur le territoire azuréen. Et ce, avec succès puisque les lauréats régionaux du concours de 2014, Idriss Sisaïd et Enrique Garcia Bourne, alors étudiants, ont accouché après deux années de maturation de la jeune pousse cannoise O'Sol, spécialisée dans la conception de générateurs solaires ultra-mobiles et auto-déployables pour les marchés de l'humanitaire et de l'événementiel en faisant évoluer la technologie de déploiement des panneaux photovoltaïques utilisée par les satellites. Laquelle fera l'objet d'un dépôt de brevet en partenariat avec le CNES, histoire de boucler la boucle.

Tester la pertinence d'un projet

Autre entreprise née d'un tel contexte : l'azuréenne Hi From pour qui deux hackathons successifs ont été nécessaires pour faire évoluer le projet d'une e-conciergerie pour locations de vacances en une application mobile proposant aux visiteurs et croisiéristes de construire leur propre parcours touristique en fonction de leurs centres d'intérêts. "L'adhésion d'une équipe à un projet est un bon indicateur de sa pertinence. Lors du premier concours, je n'ai pas bien su fédérer et organiser l'équipe autour de mon projet d'e-conciergerie contrairement au second, au cours duquel le groupe a bien pris, ce qui a permis d'affiner l'idée et de dessiner un embryon de ce qu'est aujourd'hui MyVizito", indique sa fondatrice Evelyne Sorasio. Dont la plateforme a d'ores et déjà séduit les offices de tourisme d'Avignon, Cœur Riviera et Libourne. Et fait partie des quatre innovations lauréates de l'appel à projets NiceTramConnect qui seront expérimentées sur la ligne 1 du tramway niçois.

Evidemment, tous les hackathons ne donnent pas naissance à des entreprises, c'est même assez rare. Mais ils ont le mérite d'inoculer aux participants, pour la plupart étudiants, le virus de l'entreprenariat. "A partir du moment où on promeut l'entreprenariat, on incite à la création d'entreprise, peut-être pas à l'issue du hackathon mais plus tard, une fois l'étudiant entré dans la vie active. Dans tous les cas, le virus a été inoculé", se réjouit Jean-Bernard Titz.

Marketing territorial

Et à cela, les territoires, bien souvent partenaires quand ils n'en sont pas co-organisateurs, entendent s'y associer. "Pour les collectivités, c'est un outil de marketing territorial intéressant, une façon de valoriser leur expertise dans un domaine d'activité, de dire aux étudiants, chercheurs, porteurs de projet, que c'est ici que cela se passe". Ainsi de Cannes pour le spatial, de Nice pour la santé connectée ou encore de Sophia Antipolis pour l'intelligence artificielle. La technopole va en effet accueillir en novembre prochain le symposium international SophI.A organisé par la Communauté d'agglomération (CASA) et l'Université de la Côte d'Azur (UCA), lequel aura lui aussi son hackathon...

Car même les événements professionnels traditionnels s'y mettent, voyant là un élément d'attractivité supplémentaire susceptible d'attirer un public plus large que celui visé par la manifestation elle-même. A l'instar du TM Forum Live 2017 et son hackathon estampillé Smart City, IoT et 5G. Un exemple parmi une multitude d'autres, au point que certains s'interrogent sur l'avenir de ce qui est devenu aujourd'hui un véritable phénomène de mode... avec le risque, un jour, d'être dépassé.

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