Ce que CM Holding prévoit pour Corse-Matin

En acquérant 35 % du capital du journal corse auprès de Bernard Tapie, le consortium que préside François Padrona veut donner une image juste et "positive" de l'île. Et son ambition c'est d'appliquer la même philosophie que celle déjà employée avec Corsica Linea, l'ex-SNCM rachetée il y a deux ans.
(Crédits : DR)

C'est la nouvelle que l'on n'avait pas forcément vu venir, à Marseille ces derniers temps, c'est plutôt du côté du journal La Marseillaise que les regards et les préoccupations se portent. En annonçant dans l'édition du JDD de ce dimanche avoir cédé 35 % du capital de Corse-Matin à CM Holding, Bernard Tapie - jusqu'alors unique actionnaire depuis que le titre lui avait été cédé en 2013 - surprend le monde des médias.

Pour autant, CM Holding n'est pas tout à fait un acteur inconnu. C'est ce consortium composé de 154 chefs d'entreprises corses qui avait déjà étonné le monde économique en remportant la mise à la barre du Tribunal de commerce de Marseille et acquis l'ex-SNCM rebaptisée Corsica Linea.

En finir avec l'effet boomerang

Après le transport maritime, voici donc CM Holding du côté de la presse. C'est Bernard Tapie qui a sollicité le groupe que préside François Padrona. La transaction d'un montant de 3,15 millions d'euros entraîne de fait une mise à plat de la stratégie. Et celle-ci est limpide dans l'esprit du président de la holding.

"Nous somme dans le même état d'esprit que celui que nous avions en rachetant la SNCM. CM Holding est un groupement de chefs d'entreprises actifs et nous sommes soucieux du développement d'outils qui sont vitaux aussi bien pour l'économie de l'île que ses habitants. C'est pour cela que nous sommes dans la prise de participation au capital de Corse-Matin", pose François Padrona.

Un quotidien qui ne joue pas tout à fait son rôle dit l'entrepreneur corse. "Corse-Matin doit être un outil d'information et de transmission de la réalité des insulaires. Ce qui nous semble avoir été oublié. On y évoque les problèmes institutionnels mais les grands acteurs de l'île ne sont pas mis en avant", déplore François Padrona qui assure qu'il n'est pas pour autant question d'intervenir dans la ligne éditoriale.

"Nous voulons faire de Corse-Matin un journal positif, qui va donner la parole a ceux qui ne la prennent pas habituellement". Et pas question forcément de tout lier à la politique et aux changements survenus dernièrement. "Nous n'aimons pas la politique, ce n'est pas notre monde. CM Holding est une démarche collective, de défense d'un territoire, avec des informations qui sont plus proches de la réalité que ce qui a été fait jusqu'à présent". Comprendre qu'il n'y a pas que les règlements de compte. Finalement Marseille et la Corse, même problème d'image, même combat. "Depuis 40 ans nous sommes dans un boomerang permanent. Certains Corses ont cultivé une image négative de l'île à des fins personnelles. Automatiquement cela a accentué la problématique de la Corse. Nous voulons lutter contre cela. On peut vendre des journaux avec d'autres informations que les meurtres. On ne dit pas qu'il ne faut pas en parler mais il y a d'autres informations positives à traiter également".

Des Corses pour la Corse

Et de faire le parallèle avec La Provence qui demeure évidemment majoritaire et qui est dirigée par "un super Marseillais, Jean-Christophe Serfati (PDG de La Provence NDLR). Qui mieux que des Corses pour parler de la Corse", interroge François Padrona. La nomination du nouveau président du conseil d'administration, venu du monde l'immobilier, Antony Perrino, a en effet été annoncée. Pourquoi lui ? Une question d'appétence pour le secteur des médias justifie le président de CM Holding. "Dans le consortium nous sommes 15 personnes à siéger au conseil d'administration. J'essaie de rapprocher les personnalités avec les responsabilités". Antony Perrino, 38 ans, aime la communication, les médias et la presse : ce sera donc lui. La stratégie, pour revenir au nerf de la guerre, doit davantage jouer la carte diversification, mêlant événementiel et offre numérique. "Quand nous avons racheté la SNCM, ce n'était pas faire la SNCM. Nous avons repeint les bateaux en rouge et fait de la publicité à la télé. Nous arrivons avec le même dynamisme".

Stop ou encore ?

A la question d'une montée plus forte au capital, François Padrona avoue que pour l'heure ce n'est pas à l'ordre du jour, même si cela a été évoqué avec Bernard Tapie. "Autant le transport maritime nous connaissions et savions quels remèdes appliquer avant même d'être aux commandes de la compagnie, autant là, nous allons d'abord nous structurer, découvrir ce secteur des médias petit à petit. Nous nous donnons le temps de comprendre. Si cela nous plaît et si ça fonctionne, peut-être pourrons-nous envisager de monter au capital". D'ici début avril, un nouveau directeur général et un nouveau directeur de la rédaction seront nommés officiellement. Du premier, on sait que c'est un "pro des médias" dit François Padrona et du second qu'il est "un journaliste insulaire disposant d'une grande expérience aussi bien dans la presse parlée qu'écrite".

Après donc le transport maritime et la presse, d'autres acquisitions sont-elles envisagées ? "Nous n'avons pas vocation à sauver toutes les entreprises en difficulté. Nous n'achèterons pas de cliniques mais si un hôpital devait être rasé, nous nous relèverions les manches. Nous investissons dans des outils qui ont vocation à être pilotés depuis la Corse par des Corses. Notre souci est de préserver des outils vitaux pour le quotidien".

CM Holding rassemble 154 actionnaires venus des secteurs des transports, de l'automobile, de la distribution, de l'hôtellerie ou de la viticulture et implantés dans les différentes régions de l'île. Un ensemble qui représente 3 000 salariés et 1,5 Mds € de chiffre d'affaires. CM Holding gère trois filiales, Corsica Linea, Linea Voyages (11 agences, 80 collaborateurs) et Méditerranéenne Consignation Manutention, société de manutention portuaire basée à Bastia qui a réalisé un chiffre d'affaires de 2,8 M€ en 2016.

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Commentaire 1
à écrit le 18/03/2018 à 23:02
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Chère Madame Laurence Bottero, Merci des informormations dont vous nous faites part, mais il y a une grosse méprise donc une importante correction à apporter.Pour avoir suivi de très près la reprise de la SNCM ... Ce ne sont pas les 154 chefs d'entr...

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