Le challenge alpin du Réseau Entreprendre

Il ne s’agit pas là de compétition de ski... mais de l’exercice de haut vol auquel va devoir se livrer le réseau Alpes du Sud, dernière-née en Provence Alpes Côte d'Azur : couvrir un vaste territoire composé de deux départements aux réalités économiques bien éloignées l’une de l’autre.

L'association a été créée en octobre dernier et l'équipe, présidée par Franck Beunèche, ancien membre du réseau Entreprendre Isère, est opérationnelle depuis ce 2 janvier : le réseau Entreprendre Alpes du Sud prend donc ses quartiers depuis lors, campé à la fois sur deux départements, le Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence. C'est précisément là que réside le challenge. On pourrait même aisément mettre le mot au pluriel... En premier lieu, l'un des défis est d'être le petit nouveau alors que les acteurs locaux de l'accompagnement à la création d'entreprise sont déjà à pied d'œuvre de longue date... "Deux ans avant la création du réseau Entreprendre Alpes du Sud, il a fallu mener un travail de fond, se faire connaître du monde institutionnel, des instances patronales... et se faire accepter. Nous avons dû notamment vaincre certaines résistances, convaincre les autres acteurs de l'appui à la création d'entreprise que nous ne venions pas les concurrencer. Dans les Alpes du Sud, le vivier de porteurs de projets est moins important. Et les subventions publiques s'octroient pour certaines structures en tenant compte du volume de dossiers traités... Leur appréhension de voir leur dynamique freinée par l'arrivée d'un acteur supplémentaire était donc perceptible", analyse Franck Beunèche. Le tout était donc d'expliquer en quoi le réseau Entreprendre était complémentaire et venait combler un trou dans la raquette. Un travail d'évangélisation qui a donc permis de faire comprendre son positionnement différenciant, prêts d'honneurs plus élevés que chez ces autres acteurs, 30 000 € en moyenne, mais aussi une approche spécifique en termes d'accompagnement, sept entrepreneurs pour un lauréat pendant trois ans, ainsi qu'une cible particulière, les projets créateurs d'au moins 6 emplois minimum en trois ans.

Des attentes différentes

D'autres challenges se posent maintenant. "Le premier est géographique. La taille du territoire est importante, nous parlons de 12 000 km2 de superficie entre les deux départements. Difficile dans ces conditions de réunir des personnes, il faut les faire converger vers un intérêt commun. Nous avons choisi pour cela un siège à Sisteron, qui est central par rapport aux deux départements. Nous voulions faire passer le message que notre volonté, c'était de ne pas privilégier un territoire par rapport à l'autre. Outre cela, nous allons tourner en établissant des permanences dans les principales villes des Alpes de Haute-Provence et des Hautes-Alpes. L'idée étant de disposer de créneaux dans les maisons de l'entreprise, les CCI..."

Il faudra aussi composer avec certaines disparités en termes de réalités économiques. Car là encore, il s'agit bien de deux tissus et non d'un seul...  Du côté des Hautes-Alpes, coexistent surtout les secteurs du tourisme, du commerce, de l'hôtellerie-restauration, du soin, du BTP, auxquels il faut ajouter l'aéronautique, représentée sur le pôle de Gap-Tallard. "Dans les Alpes de Haute Provence, c'est un tissu plus diversifié, mais surtout plus important en termes de taille. C'est notamment lié à l'autoroute, qui fait venir de plus grosses entreprises sur le territoire : l'Occitane en Provence par exemple, qui tire l'activité du département, mais aussi quelques belles PME, à l'instar de la Pizza de Manosque. Ce ne sont donc pas les mêmes attentes, de la part des porteurs de projets", poursuit le président.

Des premiers lauréats pour avril

Toutefois, le réseau Entreprendre Alpes du Sud  compte des membres sur les deux territoires, des chefs d'entreprise bien au fait donc de la réalité économique de chaque département. Pour l'heure, une vingtaine a répondu à l'appel. Soit la moitié de l'objectif fixé à 45 pour fin 2018, un effectif qui constitue "le point d'équilibre du budget de fonctionnement". Ce dernier constitué majoritairement de la somme des cotisations de ses membres.

Enfin, preuve que le réseau Entreprendre Alpes du Sud a déjà su marquer ses territoires de son empreinte, il a reçu en un mois quelque 17 dossiers, provenant des deux départements.  En termes de typologie des projets, "c'est le reflet des statistiques du réseau régional : il s'agit à 80 % de créations, à 20 % de reprises. Pour ce qui est des filières, c'est diversifié et représentatif de l'activité de ces deux départements. Ce qui manque peut-être, c'est l'innovation en tant que telle, mais là encore, c'est dû à la réalité du tissu économique régional : peu de couveuses, incubateurs, accélérateurs... Mais la CCI des Hautes-Alpes a émis le vœu de la création d'un incubateur, ce dernier identifié comme un axe de développement pour le territoire. Compte tenu de l'ADN du réseau entreprendre, nous aurions une véritable expertise pour intervenir auprès de ces nouvelles entreprises..." En attendant, l'équipe alpine se concentre sur l'étude des premiers dossiers. Tout ne sera pas éligible bien sûr. "Il faut deux mois pour instruire les dossiers. Nous devrions distinguer de premiers lauréats début avril". L'objectif étant d'en compter 5 à 8 sur cette première année d'exercice.

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