Pourquoi l’Adie veut démocratiser le microcrédit

Il met le pied à l’étrier du public le plus éloigné de l’emploi en lui permettant de créer son activité. L’association, fêtant cette année ses trente ans, entend capitaliser sur ce dispositif en se fixant à horizon 2020 des objectifs ambitieux.

30 ans que l'Adie en fait la démonstration chaque jour : quelle que soit sa situation sociale, professionnelle ou géographique, il est possible de créer son activité pour peu que l'on soit accompagné et que l'on ait accès à un financement. Au sein de l'association, ce dernier passe par le microcrédit, prêt se prévalant d'un taux d'intérêt de 7,3 %. "Pour un prêt moyen de 4 000 €, cela représente des échéances mensuelles de 140 €, le coût du crédit représentant une vingtaine d'euros", avance en exemple Sébastien Chaze, directeur régional PACA.

2017 a été particulièrement prolifique en PACA avec "une croissance d'activité de 11 % et le cap symbolique des 1 000 projets financés atteint (dont 300 à Marseille NDLR)". L'Adie se fixe toutefois l'objectif de 1 500 projets financés en région à l'horizon 2020... Cela passe par une démocratisation accrue de l'accès à ce dispositif, puisqu'il n'est pas encore suffisamment connu du grand public. La mise en place des "Rendez-vous de l'Adie", en PACA et partout dans l'Hexagone, participe de cette dynamique. De quoi vulgariser le microcrédit auprès de ceux qui ont peut-être une envie d'entrepreneuriat, mais pas forcément les moyens de passer du rêve à la réalité... tout au moins au sens où l'entend le monde bancaire traditionnel. Car le microcrédit constitue une alternative en termes de financement quand toutes les autres portes se ferment. Un couperet qui tombe souvent pour les mêmes raisons : "le candidat au financement n'a ni apport ni garantie, des revenus personnels plutôt modestes. Par ailleurs, il a besoin d'un montant qui, commercialement, n'est pas rentable pour les banques", énumère Sébastien Chaze. Dans le détail, parmi les entrepreneurs ayant tapé à la porte de l'association, 45 % vivent sous le seuil de pauvreté, 41 % perçoivent des minima sociaux, 27 % encore sont sans diplôme.

76 % d'entreprises pérennes sous deux ans

Le microcrédit doublé d'accompagnement offre ainsi de réelles perspectives à un public par essence éloigné de l'emploi. "La typologie des entreprises créées, c'est pour un tiers des commerces, un deuxième tiers des services, aux particuliers et aux entreprises et un dernier tiers de l'artisanat. Des entreprises qui, pour 76 % d'entre elles, sont pérennes après deux ans d'activité". Elles réalisent 31 900 € de chiffre d'affaires annuel moyen et emploient, pour 10 % d'entre elles, au moins un salarié.

 L'Adie s'acquitte donc de sa mission, elle n'est toutefois pas la seule à officier dans le monde de l'appui à la création d'entreprise. BGE, Réseau initiative, Réseau entreprendre... qui fait quoi ? "Il y a une véritable complémentarité entre tous ces acteurs : la BGE agit en tant que prescripteur, elle accompagne et facilité l'accès au microcrédit. De notre côté, nous empruntons aux banques (principalement le Crédit Mutuel et la Banque Populaire, NDLR), afin de pouvoir prêter à notre tour, jusqu'à un montant maximum de 10 000 euros. Au-delà de cette somme, c'est le Réseau initiative qui constitue l'interlocuteur privilégié du candidat au prêt". Réseau qui, lui, se positionne sur le prêt d'honneur, lequel peut générer un effet levier significatif : pour un euro de prêt, les banques accordent en moyenne 7,3 euros de prêts supplémentaires. "Enfin, passés les 90 000 euros, c'est le Réseau Entreprendre qui devient l'interlocuteur privilégié", poursuit Sébastien Chaze. Bref, l'Adie s'intègre totalement dans le paysage de l'appui à la création d'entreprise. Sa vocation sociale ne lui confère pas moins une dimension d'ordre économique...  Son action s'inscrit donc dans la durée. "Nous ne sommes pas dans l'assistanat, nous nous situons sur le registre de l'insertion et de fait, nous sommes reconnus comme d'utilité publique... Nous ne donnons pas des poissons, nous apprenons à pêcher à ceux que l'on accompagne", conclut le directeur régional.

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