La stratégie d'Emmanuel Tric pour l'Université Nice Sophia-Antipolis

Garder le cap désigné par Frédérique Vidal, affirmer l'identité d'UCA, faire de l'Idex une réelle réussite, évidemment rapprocher encore le monde académique et le monde économique et prendre vraiment le virage du numérique, ce sont les chantiers prioritaires de celui qui a succédé en juin dernier à l'actuelle ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation au poste de président de l'UNS.

La Tribune - Quelle est votre stratégie ?

Emmanuel Tric - Je reste dans la vision initiée par Frédérique Vidal, qui a beaucoup travaillé sur le sujet. Il reste maintenant à la mettre en marche. Nous savons où nous voulons aller, il reste à imaginer le chemin à prendre. Pour moi, l'Université à 5 grandes missions : la recherche - et en cela l'Idex nous aide beaucoup -, la formation, l'internationalisation, la valorisation et le transfert qui doivent accompagner le territoire et son développement et qui doivent s'inscrire dans la vision internationale, et la vie universitaire. Ce dernier axe n'a pas été souvent évoqué. Frédérique Vidal l'avait imaginé mais je veux l'impulser. La vie universitaire c'est la vie sur le campus, faire en sorte que l'étudiant ne soit pas un acteur passif. C'est aussi un travail à mener avec les associations étudiantes tout comme avec les associations extérieures pour qu'il y ait une dynamique. Nous voulons être moteur de cette dynamique. C'est l'un de nos objectifs forts.

Qu'en est-il de l'Université Côte d'Azur ?

L'objectif du ministère est de créer de grands établissements à vision internationale et c'est comme cela qu'est né la Comue Université Côte d'Azur. Demain, il faudra que l'on parle d'UCA. C'est une transformation de l'Université Nice Sophia-Antipolis qui doit se fondre dans l'Université Côte d'Azur. Le degré de transformation est pour l'heure en discussion. Néanmoins, la méthode doit encore être définie. L'Université Côte d'Azur ne vit que parce qu'elle porte l'Idex (remporté en janvier 2016 avec un capital de placement de 580 M€ NDLR). Une stratégie de recherche avec une démarche internationale se met en place. Dans trois ans, l'Idex doit être validé définitivement. Nous devons montrer au jury que l'argent mis à disposition a été correctement alloué. Que l'Université Sophia-Antipolis disparaisse, c'est une piste. Mais l'UNS pourrait aussi continuer à exister avec certaines prérogatives.

L'Université Côte d'Azur c'est aussi d'autres écoles comme Skema Business School...

Oui UCA regroupe plusieurs membres comme le CNRS, le CHU de Nice, l'INRIA, la Villa Arson... Il y a aussi des écoles comme Skema, qui est une entité privée, qui va peut-être mettre en lien ses formations avec UCA mais qui va conserver des prérogatives qu'elle pilotera, elle, au sein de l'Université Côte d'Azur. L'Observatoire de la Côte d'Azur fait aussi partie de la Comue et pourra s'affirmer dans l'observation des risques naturels et des grands espaces spaciaux. Nous devons imaginer le fonctionnement d'UCA dans deux, trois ans.

Où en est l'Idex ? Frédérique Vidal avait sollicité les entreprises pour que leurs projets s'inscrivent dans la stratégie de l'Idex.

Nous mettons en place avec de nombreuses entreprises des actions de formation continue. Nous avons signé cet été une convention de partenariat avec Amadeus pour des projets portant sur l'intelligence artificielle appliquée au e-travel. Cela met parfois du temps car il faut parler le même langage mais cela a permis de mettre en place des chaires sur le big data, l'informatique ou le risque naturel, ce qui renforce noter visibilité.

Les liens entre le monde économique et le monde académique se resserrent. Comment encourager ce rapprochement ?

Cela se fait à travers l'Idex. Nous avons trois centres de références, l'Institut Méditerranéen du Risque, de l'Environnement et du Développement Durable (IMREDD), qui est centre de référence pour l'Idex. Deux autres sont en cours de montage, l'un autour du numérique et de la simulation de processus, l'autre autour de la santé, du vieillissement et du bien-être. Ces deux derniers doivent entrer dans le mode opérationnel.

Les classements internationaux sont de plus en plus scrutés. Figurer en bonne place, c'est important ?

Il faut y être sensible mais ne pas s'obnubiler. Certaines sections sont visibles, d'autres le sont moins. Il faut s'améliorer, cela passe par la démarche qualité, tant en rechercher qu'en formation. C'est créer un réseau efficace. C'est aussi prioriser des relations avec certaines universités, comme avec celle de Laval au Canada avec qui nous avons lancé début 2017 une chaire franco-québecoise de leadership en enseignement des sciences de la santé par simulation médicale. Un réseau efficace génère un effet attraction.

Quels sont les liens avec le cluster dédié à l'e-éducation, EducAzur ?

Les étudiants sont allés chercher ces nouveaux outils. Mais il y a un besoin de repenser complétement notre manière d'enseigner. Cela exige un travail qui va prendre un certain temps. Les cours en amphi, cela n'a plus de sens. Autant amener nos étudiants à travailler sur des MOOC puis à échanger avec leurs professeurs pour affiner le sujet. Le numérique, c'est aussi le chantier de la dématérialisation, qui a été mis en place par Frédérique Vidal. Nous l'avons généralisé. 85 % des étudiants se sont inscrits ainsi cette année. Cela concerne aussi la facturation. Ce qui signifie que les facultés doivent mutualiser leurs services.

Qu'aimeriez-vous que l'on dise de l'Université dans 5 ans ?

J'aimerais que les étudiants aient plaisir à venir à l'Université, en utilisant les outils de nos jours, des espaces de co-working, des plages horaires des bibliothèques étendues. Que veut l'étudiant aujourd'hui ? Pas une chaise et un bureau, mais une prise électrique pour brancher son ordinateur. Il faut aussi des liens plus forts avec les lycées, pas uniquement des journées portes ouvertes, mais créer de vraies rencontres avec les enseignants-chercheurs, ces derniers ayant la possibilité d'expliquer ce que sont leurs métiers. Je voudrais que l'étudiant choisisse l'Université pour ce qu'elle est.

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Commentaire 1
à écrit le 22/09/2017 à 15:09
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Cinq grandes missions et oubli de l'insertion professionnelle des étudiants sur le marché du travail.

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