L'IFC, le modèle qui consolide Kedge BS en Chine

En inaugurant ce 4 décembre le futur Institut franco-chinois en management des arts et du design à Shanghai et en renouvelant pour cinq ans les accords bilatéraux relatifs à celui dédié à la finance, à l’économie et à la gestion implanté sur Suzhou, l'école de management basée à Bordeaux et Marseille se conforte incontestablement en Asie.

S'il y a un tournant dans la politique chinoise relative à l'enseignement supérieur, c'est bien celui de 2001, gravant dans le marbre l'adhésion de l'ex empire du milieu à l'OMC. Devant satisfaire à une condition, libéraliser l'enseignement supérieur, le ministre chinois a dès lors ouvert la porte aux acteurs internationaux en la matière. Un beau boulevard qu'ont emprunté nombre d'écoles de commerce, Kedge Business School y compris. Une présence en Asie qui prendra notamment la forme de la création pour cette dernière, voilà 7 ans, d'un premier Institut Franco-Chinois. Sis à Suzhou et dédié à l'enseignement de la finance, de l'économie et de la gestion, il sera, comme le veulent les impératifs en termes de gouvernance, le fruit d'un partenariat entre une université chinoise, en l'occurrence Renmin, et un consortium côté français, liant ici Kedge Business School, Paris Sorbonne et l'université de Montpellier Paul Valéry. Accueillant près de 1 200 étudiants, le cursus dispensé en 5 ans a su attirer le chaland. Il faut dire qu'il a de quoi être attractif : intégrer la prestigieuse Renmin, bénéficier d'un enseignement imprégné de cette double culture et le tout pour des frais de scolarité bien inférieurs à ceux des grandes écoles américaines, semblent être des atouts pour nombre d'étudiants asiatiques. Et le niveau suit, avance Jean-François Vergnaud, directeur français de l'IFC. "Suzhou accueille près de 80 000 étudiants sur son sol. Avec nos 1 200 inscrits, nous ne pesons pas beaucoup en termes d'effectif. Mais en qualité, nous sommes loin devant". Preuve de son savoir-faire, l'école réitère aujourd'hui le pari en fondant, aux côtés de la non moins renommée Cafa, de Paris Sorbonne et de l'Ecole nationale supérieur des arts décoratifs, un deuxième IFC portant celui-ci sur le management des arts créatifs et du design à Shanghai. Inauguré ce 4 décembre, il ouvrira ses portes à la rentrée 2017.

Logiques de territoire

Et il y a cohérence à une implantation sur ces deux territoires. Suzhou l'industrieuse a délaissé peu à peu les activités d'assemblage pour se diriger vers le high tech. "Elle se réoriente de la sorte avec des gros groupes installés sur son sol, à l'instar de Samsung. Il y a ce désir de ne plus rester l'usine du monde", analyse Jean-François Vergnaud. Bref, un nouvel écosystème davantage tourné vers la nouvelle économie, la R&D, appelant de fait les synergies entre les mondes de l'entreprise, de l'enseignement supérieur et de la recherche afin de monter en puissance. Kedge d'ailleurs ne s'y trompe pas : "nous avons signé un partenariat avec Eolane, une société angevine, afin de créer un incubateur dans le domaine de l'objet connecté", illustre le DG Thomas Froehlicher. Même logique à Shanghai, avec le dernier né des IFC qui sera implanté "au coeur d'un pôle dédié aux industries créatives. On y trouverait une dizaine de start-up s'illustrant dans ce domaine, notamment dans l'imagerie et la vidéo", avance à son tour Guy Marcillat, vice-président développement international et stratégie. Une initiative qui fait écho de façon plus générale à la volonté du gouvernement chinois de tourner le dos là encore au modèle du XXème siècle pour laisser s'épanouir celui du digital, notamment dans le domaine des industries créatives. Ayant amorcé "nombre de programmes allant en ce sens, elle est forcément preneuse des talents qui vont lui permettre d'accompagner, voire d'accélérer cette mutation", observe Javier Jimeno, président CCI France en Chine.

Un modèle basé sur l'autofinancement

Vraisemblablement, la création des IFC répondra en partie à ces enjeux en formant les cadres de demain. Ils seront 80 à intégrer en septembre prochain le nouvel IFC de Shanghai la première année, 160 la deuxième. "C'est ce qu'il faut pour atteindre le seuil de rentabilité. Nous visons l'équilibre dès la troisième année d'exercice", appuie Guy Marcillat. Pour ce qui concerne l'Institut de Suzhou, qui réalise une partie importante des 5 M€ totalisés en Chine, il est tout juste atteint, sachant que Kedge "réinjecte une grande partie des fonds dans le nouveau projet avec Cafa", poursuit-il. L'école de commerce n'a nul besoin toutefois d'investir dans les murs : ce sont les autorités locales qui financent les bâtiments, que les partenaires français occupent sans contrepartie. Autre facilité accordée par la province aux écoles, la possibilité de déplafonner les frais de scolarité et de fixer des montants qui lui garantissent l'atteinte de l'équilibre. Ce à défaut de leur accorder des dotations. "Cette capacité d'autofinancement est la condition première à un développement viable", analyse Alain-James Palisse, responsable administratif et des affaires scolaires et étudiantes de l'IFC Renmin. C'est ainsi que Kedge a pu fixer les frais de scolarité de ses étudiants à 8 000 euros par an à Suzhou, et à 10 000 euros par an à Shanghai. Le partage desdits frais entre les partenaires se faisant à 51 % pour la Chine et à 49 % pour la France. "Et ces 49 % se répartissent au prorata du nombre d'étudiants de chacun des trois établissements. Nous percevons les 2/3 de ces sommes", conclut Thomas Froehlicher.

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