Tour de table bancaire

Après la frénésie spéculative, la dictature de la profitabilité et la volatilité des actifs, retour à la prudence et à la mesure. Les banques se sont succédé la semaine dernière sur l?autel médiatique pour présenter leurs résultats. Occasion de rappeler quelques fondamentaux.

Faut-il lire l'incarnation d'une inquiétude dans la propension actuelle des banques à restaurer leurs fondamentaux en vue de préserver une valeur à la cote inestimable : la confiance de l'usager envers sa banque. La présentation annuelle des résultats - la semaine dernière se sont succédé sur l'autel médiatique la Caisse d'Epargne Provence-Alpes-Corse (CEPAC), le Crédit Mutuel Méditerranéen, la Banque Martin Maurel et le Crédit Agricole les avait précédées d'une semaine - leur offre l'opportunité de rappeler une évidence : le client est roi. Loin de la frénésie spéculative des traders, les banquiers ont continué d'accompagner pendant la crise le développement économique du territoire. Voir pour s'en convaincre la statistique qui a servi aux 28 établissements bancaires des Bouches-du-Rhône, adhérents à la Fédération bancaire française, de support de communication (c.f meridienmag.fr).

Caisse d'Epargne Provence-Alpes-Corse (CEPAC) : "La Banque. Nouvelle définition".

"Nous avons toujours été une banque de proximité et présente tant auprès des décideurs économiques régionaux que de la clientèle particulière qu'illustre bien sa nouvelle signature : "La Banque. Nouvelle définition". Nous sommes très investis dans l'économie locale et le logement social via le réseau Habitat Région, qui fédère les 15 Entreprises sociales de l'habitat et les 7 coopératives HLM, des filiales de la Caisse", explique Alain Lacroix, le président du directoire de la CEPAC.


Pour preuves, à mettre au crédit de 2010, le financement du nouvel hôpital sur le site Euroméditerranée (60M€), celui du Palais Omnisport de Marseille Grand Est (20M€), du futur stade du Vélodrome, et de l'opération Green Yellow, qui vise à couvrir les toits des supermarchés Casino du Sud-Est de centrales photovoltaïques... Sans parler de "son rôle de catalyseur pour faire en sorte que les projets voient le jour" : la CEPAC a acquis en juillet 2010 un des trois immeubles de bureaux des Quais d'Arenc.


La Caisse, qui a remisé le petit écureuil dans sa nouvelle campagne de communication, a rappelé qu'elle était la première banque de l'Arc méditerranéen (en collecte et en crédits) avec 4 millions de clients (15% de parts de marché sur le crédit immobilier ; 16% sur l'épargne, 11% sur le crédit consommation). Et pour celle qui a construit son fonds de commerce sur le livret A, on ne vient évidemment pas chez elle par hasard. Pour montrer, s'il en était encore besoin, que la Caisse met le client au cœur de toutes ses priorités, l'offre de bancarisation a été rénovée pour l'adapter à ses besoins  et ce, bien en amont de la demande de l'État (c.f rapport Pauget-Constant). Quoi qu'il en soit, si l'année fut encore difficile pour l'économie locale, la CEPAC s'en sort pour sa part avec un résultat net de 111M€ (dont 20 à 30 M€ seront distribués aux sociétaires) et des capitaux propres de l'ordre de 2 mds€.


Le Crédit Mutuel Méditerranéen : "LA banque différente"

Le discours a un air de déjà entendu. "Notre banque se distingue de la plupart des autres établissements financiers par son souci constant de soutenir, au niveau régional, les projets des acteurs de l'économie sociale et les créateurs d'entreprises", rappelle son président Pierre Filliger. Pour ce faire, la "banque locale" a renforcé le maillage de son territoire et accentué la proximité de ses relations avec les sociétaires-clients en ouvrant de nouveaux points de vente". Un mouvement qui va s'accélérer en 2011 avec plus de 10 nouvelles ouvertures en Paca et en Languedoc-Roussillon. Car il s'agit de faire de la caisse locale "le lieu central de sa valeur ajoutée grâce à une proximité forte avec ses sociétaires-clients".

Le Crédit Mutuel Méditerranéen va également bien : le résultat net a augmenté de plus de 22 % à 31,1 M€ (contre 25,5 M€ en 2009). Prompt au rétablissement, le Léviathan financier...


Banque Martin Maurel : Une conception du métier de banquier indépendant et familial

In fine, clôturant le tour de table bancaire de la semaine, le seul établissement, dont le discours ne semble pas galvaudé, demeure celui qui n'a pas changé d'un iota son modèle économique depuis sa création. Le seul dont la plaquette communication relaie depuis des années les mêmes slogans empreints de sagesse. Avec une conception du métier de banquier indépendant et familial.


"Depuis 1825, nous allions bon sens, prudence et innovation dans la gestion de nos affaires et ceux de nos clients", rappelle sans une once de lassitude Bernard Maurel pour ceux qui ne connaîtraient toujours pas l'une des dernières banques françaises encore indépendantes.
"Nous avons traversé la crise avec une vigilante sécurité. Notre gestion pourrait paraître ennuyeuse par rapport à nos homologues qui ont connu des hauts et des bas. Notre croissance est sans à coups, constante et équilibrée (ndlr : un résultat net de 17,7 M€, +1,7% ; PNB de 89,15 M€, +2,8%)", rappelle le président du Conseil de surveillance, heureux de se voir félicité par le journaliste de la Provence (sic) pour sa 32ème année consécutive de bénéfices.


"La banque a fait une très bonne année sur l'ensemble de ses métiers, précise Patrice Henri, le président du directoire : croissance des capitaux confiés par sa clientèle (de 6,4 à 7 mds€), des OPCVM de 8,2% dans un marché qui se rétracte de 3,3% et des encours de crédit de 15,5% dans un environnement de marché à +4%". Et c'est dans les résultats de la collecte des OPCVM que se distinguent les deux marques de fabrique de la banque : prudence et gestion à long terme.


"Pour la 5ème année consécutive, Martin Maurel Gestion est classée parmi les 25 meilleures sociétés de gestion à l'édition française de l'Alpha League Table 2010 de l'Edhec et de d'Europerformance. En 2010, la gestion OPCVM a reçue pour la 6ème année consécutive le trophée du Revenu français pour BMM Pierre Capitalisation et Essor Emergent (ndlr : Sicav investies dans les pays émergents) a obtenu la seconde place dans la catégorie "Actions émergentes" des grands prix de la Gestion d'actifs 2010 décernés par l'Agefi".
Les secrets ? "Nous n'empruntons pas au marché, ne prêtons pas plus que nos ressources et nos actionnaires sont familiaux", rappelle Bernard Maurel.


La banque, aux 43 000 clients (8000 PME-PMI, 2000 associations, solde en particuliers) triés sur le volet restera plus discrète sur cette sélectivité naturelle, n'aimant manifestement pas être identifiée comme telle. Pourtant, si l'on ne vient pas par hasard chez les précédentes citées, n'entre pas qui veut chez M. Maurel. Tout comme dans son salon, l'un des derniers authentiquement provençaux, qui plonge le convive dans une atmosphère très balzacienne.


Adeline Descamps

Photo : Bernard et Lucie Maurel (crédit photo BMM)


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