Sûreté nucléaire : 50 inspections réalisées en 2010 sur les installations régionales

L?Autorité de sûreté nucléaire estime que le niveau de sécurité a progressé en 2010 en région et annonce des inspections complémentaires en 2011 pour tirer les conséquences de Fukushima.

Nucléaire, rien à signaler. S'il ne fallait retenir que quelques éléments de la présentation faite par le gendarme en matière de sûreté et sécurité nucléaires quant à son bilan d'inspection de 2010, l'on aurait tendance à conclure rapidement en empruntant le titre d'un documentaire passé inaperçu au moment de sa diffusion mais auquel les événements de Fukushima ont donné une tonalité particulière.


Si la région est particulièrement concernée par le nucléaire de proximité (c'est-à-dire tout le champ médical : radiothérapie, médecine nucléaire, radiologie médicale et dentaire...) en raison d'une densité de professionnels supérieure à la moyenne nationale, elle l'est moins en termes d'installations nucléaires de base, ne comptant pas de centrale de production. Tricastin, pourtant proche, relève du contrôle de la division lyonnaise. L'essentiel de l'activité nucléaire régionale se concentre donc autour de la recherche avec principalement le site de Cadarache (Bouches-du-Rhône), qui comprend 20 installations, exploitées par le CEA, à l'exception de l'ATPu et LPC, qui ont pour opérateur industriel Areva.

La division de Marseille planche par ailleurs sur l'instruction de la demande d'autorisation relative à l'installation du super réacteur ITER, dont la mise en service est prévue en 2020. À cet égard, l'enquête publique va démarrer le 15 juin pour se conclure le 20 juillet. "Sur les 49 inspections que nous avons menées sur Cadarache en 2010, explique Pierre Perdiguier, chef de la division de Marseille, nous constatons que le niveau de sûreté a globalement progressé. En revanche, nous renforçons la vigilance sur les prestataires, y compris Areva NC.


En matière de gestion des déchets notamment, certaines procédures réalisées par des sous-traitants ne sont pas conformes". Quant à l'incident (classé niveau 2 sur l'échelle internationale de gravité des événements nucléaires, graduée jusqu'à 7) survenu sur l'ATPu en octobre 2009 (sous-estimation de la quantité de plutonium présente sur l'installation) qui avait conduit à suspendre les opérations, "des autorisations partielles de reprise ont été délivrées. Fin mai 2011, 151 équipements avaient été démantelés et 174 doivent encore l'être. 3,4 kg de matière fissile ont été récupérés depuis la reprise progressive des opérations".


Pour ce qui est du 2ème incident - fûts de plutonium (destinés à être évacués vers des centres de traitement de déchets) dépassant les limites autorisées - "un procès verbal a été dressé et une enquête pénale diligentée. Nous attendons du CEA un retour d'expérience globale pour éviter que cela ne se reproduise", explique le chef de la division. Parallèlement, un collectif d'associations anti-nucléaire (le Collectif Anti-nucléaire 13, les Amis de la Terre France, et plusieurs particuliers riverains du centre CEA de Cadarache) a entamé une action auprès du Conseil d'État pour demander l'annulation et la suspension du décret ayant autorisé le démantèlement de l'ATPu. Un recours rejeté par le Juge des référés le 18 mars dernier.

La principale information tient surtout dans la procédure dépêchée pour "tirer les leçons de l'accident (niveau 7) sur la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi au Japon, comme cela a été le cas après les accidents de Three Mile Island (1979) et Tchernobyl (1986)", rappelle le chef de division. Pour résumer, il s'agira de revoir toutes les études de danger pour prendre en compte le cumul de phénomènes naturels extrêmes et les scénarii les plus improbables : inondation, séisme, perte des alimentations électriques et de perte du refroidissement...

"La démarche sera ordonnée en trois niveaux de priorités. Pour les établissements classés en priorité 1 (centrales EDF + 15 installations hors centrales), les résultats de ces évaluations seront donnés dès 2011, pour ceux en priorité 2, en 2012, et pour les autres, le prochain réexamen de sûreté décennal prévu pourrait être éventuellement anticipé".


Dans la région, trois installations nucléaires de base du centre CEA de Cadarache (l'installation Masurca, l'atelier en démantèlement ATPu et le réacteur en construction Rjr) seront concernées par des évaluations prioritaires.

En matière de nucléaire de proximité, celle que l'on oublie souvent, l'ASN, qui a effectué 76 inspections dont plus de 40 dans le domaine médical, met en garde contre l'augmentation des doses moyennes délivrées dans le domaine de l'imagerie médicale. "Elles ont augmenté de 50% entre 2002 et 2007. Nous avons interpellé les autorités sanitaires à ce sujet et demandé à ce que l'on favorise des méthodes de substitution. Il faut savoir que le scanner d'un corps équivaut à l'exposition en une seule fois de ce qu'un travailleur dans le nucléaire subit en un année".

Adeline Descamps

Photo : Pierre Perdiguier, chef de la division de Marseille

Repères

Le champ du contrôle en régions Paca et Corse :
- 20 installations nucléaires civiles du centre CEA Cadarache - Projet ITER - 1 ionisateur industriel
- 14 services de radiothérapie
- 17 services de médecine nucléaire
- 96 services de radiologie interventionnelle
- 69 services de scanographie
- 624 équipements industriels et de recherche
- 4861 appareils de radiodiagnostic médical ou dentaire
- 2 ionisateurs de produits sanguins

Bilan 2010 :
- 49 inspections au CEA de Cadarache
- 1 sur l'ionisateur industriel
- 76 inspections dans le nucléaire de proximité dont plus de 40 dans le domaine médical.


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